Eduardo Camavinga : remplaçant brillant, titulaire sous-performant

Le jeune milieu de terrain français Eduardo Camavinga entame sa seconde saison au Real Madrid. Sur la lignée de ses prestations l'an passé, le Français brille lors de ses entrées en jeu, mais est en difficulté lorsqu'il démarre les rencontres.

Camavinga

Il y a un Camavinga titulaire et un Camavinga remplaçant. Les deux entités semblent presque être deux joueurs différents tant certains écarts de performances sont visibles entre les matchs débutés et les entrées en jeu du Français. Plusieurs facteurs expliquent ces écarts de niveau que Camavinga va vouloir gommer au plus vite.

Domine dans le chaos

Le week-end dernier face au Séville FC, Camavinga nous a encore rappelé sa maturité technique et sa capacité à dominer un milieu de terrain lors de ses entrées en jeu. Le Français semble voler au-dessus du football déstructuré souvent proposé en fin de match à cause des changements opérés et de la fatigue des titulaires. Dans ces conditions, on voit un joueur brillant qui exploite sa vision à la passe, sa qualité technique supérieure et son physique solide pour donner un second souffle au milieu madridista. Ses entrées en jeu ont généralement été décisives, notamment en Ligue des champions l’an passé où il amenait un grain de folie qui a aidé à faire basculer des rencontres. Il sait montrer toute l’étendue de son talent lors de ces bouts de matchs, mais n’a toujours pas réussi 90 minutes de référence sous le maillot merengue.

Sans idées face à un bloc structuré

Lorsqu’il débute la rencontre, Camavinga est un joueur moins tranchant et moins efficace. On le voit titulaire relativement fréquemment depuis son arrivée à Madrid (26 titularisations) mais il peine à convaincre dans ce contexte. Lorsqu’il est aligné aux côtés de Toni Kroos, Camavinga a tendance à venir marcher sur les plates-bandes de l’Allemand et les deux joueurs se retrouvent à proposer la même partition. Toni Kroos l’a compris et il est obligé, en partie, de travestir son jeu pour permettre à Camavinga d’être dans de meilleures conditions pour performer. C’est ce qu’il s’est passé mercredi à Leipzig. Lorsqu’il est aligné sans l’Allemand, Camavinga est plus à l’aise en possession, mais manque toujours de rigueur tactique. Il connaît son football, mais ne trouve pas les bonnes zones ou les bons intervalles pour le développer et il est ciblé par l’adversaire, qui le sait friable tactiquement.

Comment mieux faire ?

Le potentiel de Camavinga est visible et il est tel que ce joueur ne peut pas être qu’un simple super sub. On l’a par exemple vu l’an passé dans son match face à la Real Sociedad au Bernabéu, où il est en difficulté dans le jeu avant de marquer un beau but. Ensuite, c’est un joueur très confiant et virevoltant qui a poursuivi la rencontre, pour aboutir à sa meilleure prestation en tant que titulaire sous ce maillot. Pour parvenir à progresser, le Français peut s’appuyer sur ce que Carlo Ancelotti a à lui transmettre pour améliorer son positionnement quand l’équipe a le ballon et à la perte de celui-ci.

Ancelotti a saisi l’ampleur du talent de Camavinga et essaie de lui accorder une certaine liberté dès le coup d’envoi. Mais Camavinga a du mal à jongler entre profiter de cette liberté et faire le geste simple et juste qui soulage l’équipe. L’impact et l’engagement physique proposés par Camavinga dans les rencontres qu’il débute sont parfois mal dosés, comme à Séville l’an passé où il manque presque d’être exclu. L’ancien Rennais est face à un curseur qu’il va devoir réussir à placer pour parvenir à tout mettre bout à bout lorsqu’il est aligné au coup d’envoi. Il peut s’appuyer sur ses bonnes entrées en jeu et son match correct face à Leipzig pour engranger de la confiance et préparer sa prochaine échéance en tant que titulaire.

 

Guillaume Pomade