Real Madrid – FC Barcelone : défaite révélatrice ou simple faux pas ?

par | 16/01/2023 - 14:01 | 0 commentaires

Le Real Madrid a perdu 3-1 en finale de Supercoupe d’Espagne dans un Clásico face au FC Barcelone. Dominés de la tête et des épaules par les Barcelonais, les Madridistes ont montré leur pire visage en ayant été surmenés par le rival catalan pendant 90 minutes.

« Ce n’est que la Supercoupe« , c’est ce que doivent se dire certains fans au lendemain de cette défaite aux allures de correction infligée par le Barça. Relativiser cette contre-performance sans Alaba ni Tchouaméni en plein mois de janvier est possible, mais la vérité du terrain laisse des motifs d’inquiétude qu’on remarque depuis le début de saison au Real Madrid.

Un milieu de terrain aux abois

Nous avons rarement vu Kroos et Modrić délivrer ensemble une telle contre-performance dans le même match. C’est au milieu de terrain que le résultat de la partie s’est décidé tant l’écart de performance entre celui du Real (Kroos, Modrić, Camavinga puis Valverde) et celui du Barça (Pedri, Busquets, De Jong et Gavi) était visible. Xavi a réussi un coup de maître en annihilant les bénéfices du positionnement de Kroos en 6 en assignant à Pedri un marquage individuel de tous les instants sur l’Allemand.

Dès lors, des difficultés pour ressortir le ballon se sont systématiquement faites sentir côté Real malgré une bonne entame de Camavinga sur ce point, qui a permis d’accorder un sursis de 30 minutes aux Madridistas avant l’ouverture du score.

L’absence de Tchouaméni s’est fait sentir par le manque de cohérence dans le placement défensif du Real Madrid et par l’absence d’impact donné par le milieu dans les duels. Tchouaméni est un profil unique au sein de cet effectif, et n’étant pas suppléé, son absence est douloureuse pour le collectif face à un adversaire protagoniste et joueur. Le Barça a remporté son Clásico au milieu de terrain, comme lors du 0-4 l’an passé, dans un secteur de jeu où le Real avait pourtant brillé lors de la victoire en octobre.

Ancelotti : manque d’idées ou manque de solutions ?

On le sait, le tacticien italien est plus à même d’influer sur la saison entière plutôt qu’un match donné par sa manière de manager. Bien que le football appartient aux joueurs, comme il aime le répéter, Ancelotti a perdu son duel tactique face à Xavi hier. Des limites dans son système sont apparues en pleine face des spectateurs quand on voit Kroos muselé, Vini esseulé ou Rüdiger perdu.

Après une première mi-temps insipide, son choix fort a été de sortir Camavinga, toutefois loin d’être le pire sur la pelouse, pour replacer Valverde au milieu et installer Rodrygo à droite. Le replacement de Valverde n’a pas apporté l’impact escompté et Rodrygo a touché que peu de ballons à droite. Le Real a donc continué à délivrer la même performance de bas étage tandis que le Barça déroulait en face.

Il y a tout de même d’autres fautifs qui n’étaient pas sur la pelouse ce soir, ceux qui ont refusé de recruter pour la rotation au dernier mercato. Les options sont très minces dès lors que quelques blessures pointent le bout de leur nez et la profondeur d’effectif est la faiblesse de ce Real Madrid. Il n’y a qu’une solution offensive viable sur le banc, deux viables au milieu et aucune sur les postes de latéraux (sans parler des titulaires qui ne sont plus au niveau depuis des mois).

Au complet, l’équipe peut compter sur les entrées tranchantes de Camavinga et Rodrygo pour apporter un second souffle, mais en cas d’absence à ces postes-là, Ancelotti n’a plus que des joueurs médiocres comme Hazard, Ascension, Ceballos ou Nacho à faire rentrer, des joueurs qui ne peuvent pas ou plus changer le cours d’un match.

Début de crise ou accident de parcours ?

Il faut relativiser le contexte du match. Le Real a pour habitude de lever le pied en janvier avant de se battre pour les échéances européennes ensuite. La Supercoupe reste un trophée mineur que le Real Madrid peut laisser glisser, bien que dans ce cas, cela offre un premier trophée à Xavi et à une partie de son jeune groupe, ce qui peut galvaniser le rival. Perdre un Clásico n’est jamais bon, mais il vaut mieux perdre le moins important de la saison.

Ceci étant dit, on peut tout de même s’alerter sur certains points révélés dans cette finale. Carvajal a délivré une performance cataclysmique et n’est plus au niveau depuis plusieurs mois de compétition désormais. Il n’a même plus de doublure suite à l’absence de moyenne durée de Vázquez, mais le Real Madrid ne semble pas inquiet puisque les rumeurs indiquent que le club ne va pas recruter à ce poste avant 2024.

Un autre point chaud, c’est le poste de numéro 6 en l’absence de Tchouaméni, ce qui était déjà un sujet de discussion en cas d’absence de Casemiro auparavant. La solution Kroos en sentinelle n’est pas viable dans les grands matchs et met en difficulté l’un des éléments clé de l’équipe à cause du manque de profondeur. Vini peut aussi être mentionné, car sa récente méforme est inquiétante, le jeune Brésilien joue à contre-temps et n’arrive pas à trouver Benzema, pourtant meilleur qu’en début de saison, pour combiner. Enfin, la charnière Alaba-Militão est indéboulonnable et en cas d’absence d’Alaba, le Real perd cette certitude.

Le Real Madrid ne doit pas tirer sur la sonnette d’alarme après cette défaite, mais peut s’inquiéter de voir des problèmes récurrents être exposés au grand jour de la sorte. Le calendrier difficile en Liga et Coupe du Roi qui attend les Merengues va servir de révélateur avant la première grande échéance à Liverpool dans un mois.

 

Guillaume Pomade

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