« Trop peu de prises de risques avec ballon », « nonchalance défensive », « fébrile sous pression ». Là sont les quelques critiques qui fusent à l’égard d’Aurélien Tchouaméni depuis que ce dernier a rejoint le Real Madrid. Le Français a posé ses bagages à la Casa Blanca il y a maintenant deux saisons, et il est vrai que malgré un statut de titulaire en tant que protecteur de la défense, Tchouaméni est loin de faire l’unanimité au sein de la communauté madridista.
Certains le veulent sur le banc, voire dans les projets de ventes du club pour les plus sévères. D’autres, au contraire, le défendent en louant l’équilibre et le travail ombragé qu’il apporte à l’équipe. À peine deux rencontres pour le champion d’Europe lors de cette saison 2024-25, que les critiques pleuvent déjà sur le milieu défensif pour son manque de sang-froid et sa technique défaillante face au pressing.
Mais alors ses détracteurs ont-ils raison de manquer de confiance en lui ? Doit-on se contenter des qualités actuelles d’Aurélien Tchouaméni ou peut-on encore espérer une marge de progression ?
Une évolution indispensable de son rôle au sein du collectif
Il est vrai qu’avec des chefs d’orchestre tels que Modrić et Kroos devant soi, les quelques lacunes techniques et la fébrilité sous pression n’impactent que très peu la machine collective. Cependant, maintenant que l’équipe a fait le deuil de ce duo iconique, notamment avec le départ de l’Allemand, il est désormais temps que Tchouaméni prenne davantage ses responsabilités avec ballon. Mais en est-il capable ?
Même si cela peut paraître déjà loin, l’épopée monégasque de Tchouaméni (2020-2022) avait mis en avant un pied droit capable d’une grande précision, un atout qu’il n’a manifestement pas perdu, comme en témoignent ses longs ballons distillés à l’Euro 2024 ou encore les quelques buts madrilènes provenant de sa qualité de passe. (Cf, son ouverture transversale qui amène le but d’Arda Güler à Anoeta le 26 avril dernier).
Maintenant que le Real Madrid ne dispose plus d’un distributeur de génie comme l’était Toni Kroos, que Jude Bellingham oscille entre attaque et milieu de terrain durant les rencontres et que Fede Valverde remplit son rôle de harceleur infatigable, il est temps que Tchouaméni se mette en avant avec davantage de risques pris dans ses transmissions.
Si le désormais numéro 14 du Real Madrid ne peut plus se permettre un jeu aussi conformiste, c’est aussi car derrière, la concurrence pousse. Eduardo Camavinga a progressé à vue d’œil la saison dernière, au point d’avoir pleinement donné satisfaction après sa performance en finale de Ligue des champions.
Si Camavinga est peut-être moins rigoureux sans ballon que son compatriote, son grain de folie et ses prises de risques constantes en font un candidat plus que crédible pour une place de titulaire au milieu de terrain cette saison. En attendant qu’il se remette de sa blessure au genou, Tchouaméni aura l’occasion de hausser son niveau de jeu et montrer plus de personnalité pour prouver à son coach qu’il a eu raison de maintenir sa confiance en lui en tant qu’élément clé du XI.
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Un numéro 6 plus régulateur que harceleur
Aurélien Tchouaméni s’est souvent vu dire de lui que son style de jeu était trop passif par rapport à ce que demande son poste. Des reproches d’autant plus accentués lorsqu’on sait que son prédécesseur au Real Madrid fut l’un des milieux récupérateurs les plus prolifiques de son temps. À défaut d’une activité débordante, et d’une agressivité dans tous les duels, Tchouaméni possède un profil davantage régulateur et anticipateur qu’agressif et robuste.
C’est la raison pour laquelle il faut moins le voir comme le successeur strict en tout point de Casemiro, que comme potentiellement la première rampe de lancement d’une équipe bien plus verticale que d’antan. Avec à ses côtés deux autres milieux au profil box to box et toujours prêts à couvrir les zones vulnérables, Tchouaméni doit profiter de son bon pied droit pour se permettre un jeu moins latéral et surtout moins en retrait.
Lorsqu’il est à 100 %, son sens de l’anticipation et sa justesse défensive font pour l’instant de lui un élément irremplaçable du XI. madrilène, d’autant plus qu’il est le seul à pouvoir se muer en troisième défenseur central lorsque l’équipe décide de faire le dos rond face aux attaques tranchantes des Bayern Münich, Manchester City et autres cadors européens. Il faut également noter les services qu’il a su rendre lors de plusieurs rencontres à un poste qui n’est pas le sien.
Grâce à son adaptation express comme défenseur central de secours la saison dernière, Carlo Ancelotti sait qu’il peut également compter sur lui pour boucher les trous en cas de besoin cette saison, en attendant le plein retour de David Alaba. Sa capacité à gérer la profondeur est un atout supplémentaire indéniable pour ce couteau suisse toujours prompt à aider les siens.
Dans l’entrejeu, toutefois, si le Real Madrid n’a pas de successeur attitré pour suppléer Kroos, Aurélien Tchouaméni va certainement devoir forcer sa nature pour faire oublier l’ombre pesante de la légende allemande. À l’aube de sa troisième saison en blanc, Tchouaméni doit sortir des performances empruntes de davantage de personnalité pour faire mentir les critiques et définitivement s’imposer comme un taulier.
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