Quinze Ligues des Champions, un stade aussi mythique que moderne, une institution sans pareille… Lorsque la question du plus grand club de football émerge au sein des conversations, les Merengues apparaissent comme une évidence. Cependant, nul n’est parfait et la Casa Blanca ne déroge pas à la règle.
Dans le charivari du Santiago Bernabéu, un groupe de supporters néofascistes, étiquetés d’extrême droite, chantait bien plus que de simples louanges à l’égard du club. Retour sur l’histoire des «Ultras Sur», une parenthèse de quarante années au cœur d’une sombre lutte d’influence au sein de la Maison Blanche.
Permissivité des clubs et indolence de l’État
L’année 1975, synonyme de mort du général Franco, représente un point de bascule dans la vie des Espagnols, concluant définitivement un chapitre marqué par la guerre civile suivie du régime franquiste. Sous cette apparence de jours meilleurs, comme toute transition démocratique, les débuts se révèlent rudes, favorisant la perpétuation d’idéologies extrémistes chez une partie de la population. Au sein de la capitale madrilène, le football, véritable catalyseur de passion, en subit les conséquences.
A la suite de débordements des hooligans de West Ham au cours d’un match les opposant au Castilla en 1980, les Madridistas découvrent une nouvelle façon de soutenir une équipe. Deux ans plus tard, jour de finale de la Copa del Rey, certains membres de la Banderas s’inspirent du passé en agressant à leur tour des supporters gijonais. Excluent de la peñas, ces derniers se regroupent alors dès la saison suivante sous un nouveau nom : les Ultras Sur.
Composé au début des années 1990 de membres d’origines ainsi que de pensées diverses, le virage Sur pullule rapidement de sympathisants d’extrême droite tendance skinhead. «La permissivité des clubs et l’indolence de l’État» permet alors le développement de ce groupe de « supporters », selon les dires d’Esteban Ibarra, défenseur espagnol des droits humains.
Pas de sanctions malgré de multiples dérapages des Ultras Sur
L’histoire des Ultras Sur est ponctuée de débordements. En 1998, les cages de gardien du Santiago Bernabéu s’effondrent lors d’un match opposant le Real Madrid à Dortmund après qu’une centaine d’ultras a escaladé la clôture métallique située à l’extrémité du stade.
En 2003, les ultras poussent des cris de singe adressés au Marseillais Didier Drogba. Malgré ces épisodes, les membres du groupe ne se voient pas réellement sanctionnés par le club. La raison ? Le président de la Casa Blanca est élu par le peuple, à savoir les socios. Se mettre à dos les Ultras Sur revient à perdre les élections, à l’instar d’Alfonso Ussia.
Hormis quelques joueurs tels que Samuel Eto’o, un certain nombre de footballeurs madrilènes manifestent alors publiquement leur soutien envers ce groupe, ces derniers souhaitant entre autres conserver l’ambiance du virage sud. Cependant, les premiers tumultes interviennent aux prémices du nouveau millénaire avec la publication de « Diario de un Skin » (Journal d’un Skin).
Malgré les difficultés d’accès à ce groupe, un journaliste connu sous le pseudonyme d’Antonio Salas parvient à s’infiltrer, dévoilant ainsi les relations entre les Ultras Sur et les mouvements néonazis espagnols, à l’image des «Hammerskins». Preuves à l’appui, l’auteur décrit les tribunes comme un moyen pour ces adhérents de répandre une idéologie, au mieux d’extrême droite, au pire raciste.
Le « plan Pérez »
Diriger les Ultras Sur, c’est bénéficier d’une activité très lucrative grâce à la vente des produits dérivés du groupe, additionné aux revenus des places qui leur sont octroyées. Mais le feu couve. A la fin des années 2010, les tensions entre la nouvelle génération, souhaitant une politisation accrue de la tribune, et l’ancienne, atteignent un paroxysme.
Antonio Menéndez, dit El Niño, alors représentant de cette nouvelle vague, allume la brèche le 9 novembre 2013. Il s’autoproclame leader du groupe au milieu des membres réunis à l’occasion du match opposant Madrid à la Sociedad. Des insultes accompagnées de coups, le tout parsemé de sang… La scène tourne au désastre. C’est la goutte de trop pour la direction, qui décide de taper du point sur la table.
Le «Plan Leproux» devient alors le «Plan Pérez» : les abonnements des Ultra Sur sont annulés, la Grada Joven est installée au sein de la tribune sud et certains anciens membres autorisés à assister aux matchs sont désormais répartis aléatoirement dans le stade. Toutefois, les pouvoirs publics déconseillent au club de dissoudre le groupe, au risque que des membres deviennent incontrôlables. Mais l’épine dorsale est fendue.
Aujourd’hui, les Ultras Sur existent toujours, se faisant remarquer épisodiquement lors d’opérations coup de poing. Ils n’ont toutefois plus le même pouvoir de nuisance, signe que le « plan Pérez » a fonctionné. Et que la sévérité n’a pas transformé les tribunes en pugilat.
Merci pour cet article d’utilité public
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