Sur le papier, le Real Madrid n’a pas à rougir de son entrejeu. Aurélien Tchouaméni, Eduardo Camavinga, Federico Valverde, Jude Bellingham, Arda Güler, Dani Ceballos et la pépite argentine Franco Mastantuono forment un réservoir de qualité, jeune, dynamique, capable de couvrir tous les profils ou presque. Le club dispose d’un équilibre entre volume de course (Tchouaméni, Valverde, Camavinga), projection offensive (Bellingham), et créativité technique (Güler, Ceballos, Mastantuono). Pourtant, une ombre persiste : celle de Toni Kroos.
Le départ à la retraite de l’Allemand l’an dernier a laissé un vide encore béant. Aucun joueur de l’effectif n’offre actuellement sa capacité à dicter le tempo, à organiser les sorties de balle sous pression, ni à influer sur le cours d’un match par la seule justesse de ses transmissions. Luka Modric, qui incarnait une autre forme de créativité, a, lui aussi, quitté un rôle central dans la rotation. Ce double départ pose donc une question simple : le Real Madrid peut-il prétendre dominer l’Europe sans un milieu véritablement organisateur ?
Rodri, un rêve à contre-courant pour le Real Madrid ?
Le nom de Rodri a circulé ces dernières semaines dans les bureaux de Valdebebas. L’international espagnol, pilier de Manchester City, coche toutes les cases : volume, intelligence tactique, sérénité sous pression et leadership. Sur le terrain, il incarne une forme de continuité avec Kroos, dans un registre plus physique et plus défensif. Mais les obstacles sont multiples.
D’abord, City ne compte pas s’en séparer. Le joueur est sous contrat jusqu’en 2027, et son départ ne semble ni envisagé par le club ni réclamé par l’intéressé. Ensuite, son prix estimé à plus de 100 millions d’euros interroge. À 29 ans, et revenant d’une grave blessure au genou, Rodri représente un investissement risqué, aussi performant soit-il. Dans une logique sportive comme économique, le Real Madrid a rarement investi de telles sommes pour des trentenaires. Encore moins dans un contexte où le chantier prioritaire demeure la charnière centrale.
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Faut-il miser sur l’évolution interne ?
Face à ces incertitudes, une autre voie se dessine : faire confiance à la progression interne. Bellingham pourrait redescendre d’un cran dans certains matchs, comme cela a été expérimenté. Camavinga ? Plus à l’aise en relayeur qu’en sentinelle. Et Arda Güler, bien qu’encore jeune, dispose d’un vrai potentiel créatif, à condition de le responsabiliser davantage.
De plus, Ceballos, malgré des performances en dents de scie, apporte un certain liant technique et pourrait gagner en constance avec du temps de jeu. Enfin, Mastantuono représente l’avenir. Mais son intégration prendra du temps.
Recruter un milieu de terrain est-il nécessaire ? Oui, si l’objectif est de combler exactement le vide laissé par Kroos. Non, si l’on considère la profondeur actuelle de l’effectif et la stratégie à long terme du club. La piste Rodri, aussi séduisante soit-elle, semble trop complexe, voire illogique dans la politique de recrutement madrilène.