Avec le règlement à l’appui, on va essayer d’expliquer les décisions arbitrales survenues hier en défaveur du Real Madrid. Le but de cet article n’est pas de s’insurger face à l’arbitre de ce match, Mario Melero Lopez, mais de mieux comprendre ses choix et voir s’ils sont justifiés ou non.
La main d’Asensio
« Ils ont inventé un pénalty« , tels sont les mots de Carlo Ancelotti après le coup de sifflet final. Habituellement silencieux quant à l’arbitrage, le technicien italien s’est lâché sur cette action survenue autour de la 80e minute. Sur un corner, le ballon atterrit sur la poitrine d’un Marco Asensio masqué puis rebondi sur son avant-bras. L’arbitre laisse jouer, mais deux minutes plus tard, la VAR l’appelle pour aller regarder les images et il décide de siffler pénalty.
Dans cette action, différents facteurs sont à prendre en compte : la position naturelle ou non du bras, l’intentionnalité de la main, le fait que le ballon rebondisse sur le joueur et le rôle de la VAR. Voici les termes utilisés dans le règlement : « Il y a main lorsqu’il y a contact délibéré entre le ballon et la main ou le bras. L’arbitre doit prendre en considération les critères suivants : le mouvement de la main en direction du ballon (et non du ballon en direction de la main), la distance entre l’adversaire et le ballon (ballon inattendu) et la position de la main, qui ne vaut pas nécessairement infraction. »
Dans le cas d’Asensio, son bras ne va pas vers le ballon, le ballon vient de tomber sur sa poitrine et le bras est dans une position relativement naturelle. Donc déjà à vitesse réelle, il est difficile de siffler pénalty sauf si l’arbitre considère que la main est intentionnelle. Mais là où la situation devient ridicule, c’est avec l’entrée en jeu de la VAR. Le rôle de la VAR est d’indiquer une erreur manifeste à l’arbitre de champ. Or, vu que le pénalty est loin d’être une évidence, on ne peut pas remettre en question le choix de l’arbitre de champ. Pourtant, c’est ce que la VAR fait, et comme presque chaque fois depuis l’instauration de la vidéo, l’arbitre principal accorde le pénalty après visionnage des ralentis.
Le but refusé de Rodrygo
Le second sujet sensible, c’est le but de Rodrygo refusé pour faute sur le gardien de Girona Paulo Gazzaniga. Le portier de Girona arrête une frappe de Rodrygo puis cherche à ramasser le ballon. Dans le même temps, le Brésilien réussit à pousser le ballon au fond des filets sans toucher le gardien au moment où ce dernier a la main sur le ballon et utilise le sol pour le ramener à lui. D’un point de vue réglementaire, l’arbitre a pris la bonne décision s’il considère Gazzaniga comme en contrôle total du ballon à cet instant. Voici ce qu’en dit le règlement : « Le gardien de but est considéré comme en possession du ballon lorsqu’il tient le ballon entre ses mains ou entre sa main et une surface (le sol, son corps, etc.). Si un gardien de but tient le ballon dans ses mains, l’adversaire ne peut pas le lui contester. »
D’après le règlement, l’arbitre a le droit de considérer Gazzaniga comme en possession du ballon même si ce dernier utilise le sol. Par contre, là où l’interprétation intervient, c’est sur l’intervention de Rodrygo. Le règlement dit qu’un joueur ne peut pas jouer le ballon lorsqu’il est dans les deux mains du gardien. Mais la notion de « en possession du ballon » n’est pas précisée et créée donc un flou. Un flou dans lequel l’arbitre a tranché en faveur du gardien, bien que l’attaquant ne le touche pas. Cette règle existe pour protéger les gardiens, souvent au sol, d’attaquants qui deviendraient plus agressifs s’ils savent qu’ils peuvent jouer ces ballons. Mais dans ce cas précis, il n’y a aucun excès d’agressivité et le gardien est encore en train de ramener le ballon à lui. Cette décision est bien plus débattable que l’aberration de siffler pénalty sur Asensio, mais il était également possible d’accorder ce but.
Pour adresser le dernier fait de match marquant, le rouge de Kroos, les deux jaunes qu’il a reçus sont logiques et son expulsion ne fait d’ailleurs pas débat dans les réactions d’après-match.