Luka Jović, portrait d’un revanchard

Le 1er juillet dernier, Luka Jović est revenu au Real Madrid, après une période de six mois à l'Eintracht Francfort en Allemagne, sous forme de prêt. Le Serbe semble prêt à s'imposer avec l'arrivée de Carlo Ancelotti. Une seconde chance pour lui, une occasion de prouver qu'il a sa place au Real Madrid. Portrait d'un joueur talentueux et déterminé.

par | 12/08/2021 | 0 commentaires

Arrivé le 12 juin 2019 au Real Madrid pour 60 millions d’euros, Luka Jović est recruté pour être le futur numéro 9 des Madridista, le successeur de Karim Benzema. L’été 2019 coïncide également avec le premier mercato du second mandat de Zinédine Zidane. En effet, ce dernier est revenu au Real Madrid quelques mois plus tôt, en mars, et Jović est donc le premier d’une belle liste d’arrivants : Ferland Mendy, Rodrygo, Eden Hazard et Éder Militão.

L’ambition est maximale et une nouvelle ère s’ouvre au Real Madrid. Luka Jović est donc là pour jouer et Zidane va l’utiliser à bon escient. Malheureusement, le Serbe n’est pas à la hauteur et il ne parvient pas à se montrer décisif de façon régulière. Pourtant, son entraîneur croit en lui, toute la saison. À l’issue de la saison 2019-2020, le numéro 18 madridiste comptabilise seulement 2 buts et 2 passes décisives en 27 matchs toutes compétitions confondues. Il n’est alors quasiment plus appelé en sélection. Malgré cette déception, son club maintient sa confiance et démarre la saison suivante avec lui.

Au bout de six mois, Luka Jović n’a pas fait mieux et l’inévitable se produit : il doit aller jouer ailleurs pour revenir plus fort. Il est alors prêté à l’Eintracht Francfort, en Bundesliga, le club qui l’a fait connaître en Europe. Mais avant de savoir ce qu’il a accompli ces derniers mois, revenons sur l’ensemble de sa carrière.

Professionnel à 16 ans

Luka Jović naît à Bijeljina, en Bosnie-Herzégovine, le 23 décembre 1997. Ses parents sont Serbes et Bosniaques et vivent au sud de Belgrade, la capitale serbe. Luka débute le football à l’age de cinq ans dans le club de sa ville, et très vite, les deux principaux clubs du pays s’intéressent à lui. Le Partizan Belgrade souhaite le signer, mais c’est son rival qui y parvient en 2005. Jović a alors huit ans et intègre le centre de formation de l’Etoile rouge de Belgrade.

Neuf ans plus tard, nous sommes le 28 mai 2014, Luka a 16 ans et son entraîneur de l’époque, Slavisa Stojanovic, décide de le faire entrer à la 73e minute du dernier match de championnat. L’Etoile rouge perd 3-2 sur la pelouse du Vojvodina, mais surtout, perd actuellement le championnat alors qu’elle était leader, car le rival, le Partizan, vient d’ouvrir le score. Le club de Luka Jović doit impérativement égaliser pour finir premier. Trois minutes plus tard, la pépite du centre de formation belgradois égalise inscrivant donc son premier but chez les professionnels ! Une entrée fracassante dans le monde des grands pour celui qui suscitait beaucoup d’espoirs dans son pays natal. L’Etoile rouge est sacrée championne et Luka Jović est assuré d’intégrer l’équipe première pour la saison suivante, à 16 ans et 9 mois.

La saison 2014-2015 se passe bien pour lui, il dispute 24 rencontres toutes compétitions confondues pour 6 buts. Des statistiques honorables pour un jeune attaquant de 17 ans. Malheureusement pour lui, son palmarès ne s’agrandit pas, car son équipe échoue à la deuxième place derrière le Partizan. Six mois plus tard, après une bonne première partie de saison 2015-2016, Luka Jović est recruté par un club chypriote pour la somme de 2 millions d’euros. L’Etoile rouge de Belgrade remporte le championnat à l’issue de la saison, mais Luka est déjà parti. Il faut tout de même savoir que lui aussi est champion puisqu’il a fait partie de l’équipe durant les premiers mois.

Un transfert fantôme et une période benfiquiste délicate

Le 25 janvier 2016, l’Apollon Limassol sort le chéquier pour s’offrir Luka Jović. Sauf qu’à ce moment-là, le Serbe attire les convoitises et six jours plus tard, le Benfica Lisbonne propose 6,6 millions d’euros pour le recruter. Le club chypriote accepte et Jović n’aura disputé aucune minute sous les couleurs de Limassol. Un transfert surprenant, tant ce genre de cas est rare. On pense notamment à Florian Thauvin il y a quelques années en France.

Ses six premiers mois au Portugal sont compliqués. Il joue un match de championnat et un match de coupe d’Europe. La concurrence est rude et cela ne s’améliore pas la saison suivante. Luka dispute deux matchs, un en championnat et un en coupe nationale. Il doit s’en aller et son point de chute s’avéra payant : l’Eintracht Francfort.

L’explosion en Bundesliga

Le 1er juillet 2017, Luka Jović est prêté pour une durée de deux saisons en Allemagne et découvre un troisième championnat à l’âge de 19 ans. Dès le début, le Serbe semble progresser et devient de plus en plus régulier. Il joue 22 matchs de Bundesliga, sur 34 possibles, inscrivant 8 buts tout en délivrant une passe décisive. En coupe d’Allemagne, il joue également et dispute 5 matchs pour un but et une passe décisive. L’apprentissage est en bonne voie, mais c’est la saison suivante que tout change.

Un nouvel entraîneur arrive en la personne d’Adi Hütter. Il arrive des Young Boys de Berne en Suisse où il a remporté plusieurs titres et ses idées de jeu sont nombreuses. Il décide d’associer Jović à l’attaquant français Sebastien Haller et le résultat est superbe. Grâce à une victoire en coupe d’Allemagne avec Niko Kovač en mai 2018, l’Eintracht Francfort dispute la Ligue Europa 2018-2019 et Luka Jović s’y éclate. Son club se hisse jusqu’en demi-finale face à Chelsea, mais échoue aux tirs aux buts 4 à 3, à l’issue du match retour à Stamford Bridge. 1-1 à l’aller, 1-1 au retour, Jović marque les deux buts allemands. Une fin en apothéose pour une très belle campagne européenne, ponctuée de 10 buts et une passe décisive en 14 rencontres.

En championnat, c’est la même chanson, le Serbe est très bon et réalise la meilleure saison de sa carrière. Avec 17 buts et 5 passes décisives en 32 matchs, il termine 3e meilleur buteur Bundesliga ex-aequo, derrière Paco Alcacer et Robert Lewandowski. Il a alors 21 ans et a crevé l’écran aux yeux de toute l’Europe. Son prêt s’achève et Benfica saisit l’opportunité de le vendre contre une belle somme.

Déception au Real Madrid puis retour à l’Eintracht Francfort

Luka Jović arrive donc au Real Madrid avec le statut de futur grand joueur, une étiquette difficile à assumer pour un attaquant qui vient d’effectuer une seule très bonne saison. Il est compliqué aujourd’hui de faire l’autopsie de son échec, mais il est logique de jeter la faute sur sa difficulté à s’adapter au club, à la langue, à la culture et à sa maigre expérience. Il n’a également pas été épargné par les blessures. Il reste jeune et performer au Real Madrid à l’âge de 21 ans est une immense tâche, encore plus lorsque tu dois digérer un transfert aussi conséquent.

Le 12 janvier dernier, l’attaquant serbe est prêté dans le club de ses exploits : l’Eintracht Francfort. Il commence très fort en inscrivant un doublé pour son premier match, mais la suite est compliquée. Il prend part à tous les matchs, est titulaire huit fois sur dix-huit, mais ne marque qu’à quatre reprises en 6 mois. Un total bien trop maigre pour celui qui devait se relancer. Lorsqu’on regarde ses statistiques avancées, on se rend compte qu’il n’a pas été à la hauteur, ne pesant que très peu dans le jeu en étant peu décisif.

Néanmoins, il est de retour au Real Madrid et est prêt pour répondre au rendez-vous. Avec un nouvel entraîneur, capable de le faire progresser, Luka Jović est ambitieux et veut se faire une place au sein de l’effectif madridiste. À 23 ans, il semble avoir grandi, il a conscience que sa dernière chance au Real Madrid est arrivée, à lui de la saisir.

 

Eliott Lafleur/@eliottlf