Le Real Madrid Baloncesto parle français

Après une saison marquée par des départs vers la NBA et des blessures, le Real Madrid s’est réarmé. Afin de remporter à nouveau tous les titres, le club a apporté un fort accent français à l'équipe, base du nouveau projet de Pablo Laso.

Avec la médaille d’argent olympique pendue au cou, trois joueurs français vont changer le visage du Real Madrid Basket cette saison. Le premier est un garçon qui a été abandonné à son sort dans un aéroport étranger, à quelques jours de Noël et loin de sa famille. C’est peut-être l’histoire du dernier film de Chris Columbus, mais en réalité, il s’agit de la façon dont le nouveau Real Madrid, celui de la saison 2021-2022, avait commencé à se forger.

Juan Carlos Sánchez et Alberto Herreros ont cherché l’hiver dernier un meneur pour soutenir la direction de jeu de l’équipe affaiblie après le départ de Facu Campazzo en NBA. Ils ont trouvé un joueur qui ne comptait pas pour son entraîneur, mais qui pouvait dynamiser l’attaque de Pablo Laso. Le Barça s’est rendu compte (le dernier, mais il s’en est rendu compte) que ce joueur était Thomas Heurtel et qui devait en outre être indemnisé. Son départ du club catalan, et donc son incorporation au Real Madrid, s’arrêta immédiatement et la direction azulgrana considéra que la punition qu’il devait imposer à Heurtel était de le laisser avec ses bagages et à son sort à l’aéroport d’Istanbul.

Après l’agitation et l’indignation du monde du basketball, son départ fut décidé peu après, à la condition qu’il ne parte pas chez l’éternel rival. Cependant, l’accord déjà convenu avait juste été retardé. Heurtel était le premier renfort madridista pour la saison 2021-2022, prenant petit à petit l’accent français que l’on connaît aujourd’hui.

Cependant, si on remonte dans le temps, le scénario aurait pu être tout autre. Si Heurtel avait porté le maillot blanc la saison dernière, il aurait été capitaine de l’équipe. Le jeu aurait dépendu de ce que Heurtel aurait eu en tête à chaque possession, car ni Nico Laprovittola (maintenant en azulgrana) ni Carlos Alocén n’auraient pu lutter pour le poste de meneur titulaire face à l’international français. Quelques mois plus tard, avec un Alocén beaucoup plus mûr, le fait que Sergio Llull alterne entre les postes 1-2 et surtout avec le pari Nigel Williams-Goss, les besoins de Pablo Laso ont changé.

Le meneur de jeu américain, Williams-Goss, revient en Euroleague après avoir cherché fortune dans l’Utah, du côté du Jazz. À Madrid, il aura l’opportunité de démontrer son talent et sa capacité de marquer. Tout le monde sait que Pablo Laso est capable d’exploiter au maximum les points forts de ses joueurs. Inévitablement, Williams-Goss déplacera Heurtel au second plan, mais celui-ci pourra combiner les positions de meneur et arrière en apportant une solution à l’éventuelle retraite de Jaycee Carroll (qui, au moment de la rédaction de cet article, n’a pas encore donné de réponse au Real Madrid sur son avenir).

Celui qui a répondu rapidement à l’appel du club est Vincent Poirier. S’il est vrai qu’il a déjà porté le maillot blanc, il n’a pas encore pu se mesurer aux meilleurs pivots de l’Euroligue qu’il l’a quittée il y a deux ans comme meilleur rebondeur.

Avec son recrutement, le Real Madrid répondait à nouveau au départ d’un joueur fondamental dans sa rotation, Gaby Deck vers la NBA. Trois mois d’adaptation pour maintenant affronter sa première saison complète en tant qu’homme fort de talent. Avec Edy Tavares, Vincent Poirier formera le duo de pivots le plus redoutable d’Europe, car personne ne concentre plus de muscles « dans la peinture » que le Real Madrid. L’époque où l’on prétendait que « Laso n’aimait pas les pivots » semble si lointaine que plus personne ne veut s’en souvenir. L’attaque est générée par la défense et Poirier aura une valeur particulière. Avec le géant cap-verdien, Poirier reste le seul pivot pur dans le « roster ». Une occasion en or de gagner des minutes dans la rotation.

Les absences obligeront également notre dernier protagoniste, Guerschon Yabusele, à jouer un rôle important sans avoir à peine le temps de s’acclimater. Avec Usman Garuba au Texas ainsi qu’ Anthony Randolph et Trey Thompkins toujours à l’infirmerie, Yabusele peut devenir le grand pari du Real Madrid cette saison.

Son recrutement est probablement celui qui m’intéresse le plus en Europe. Avec un physique aussi particulier que dominant, Yabusele rejoint un environnement idyllique pour développer tout son potentiel. Ce n’est pas un hasard s’il n’a signé qu’un an, car la possibilité de revenir à la NBA passe par Madrid. Il n’a pas une aussi bonne main que ses deux compagnons de position, mais c’est dans la peinture où il peut faire de vraies différences. Pablo Laso a dû innover pour le poste 4 au cours de la dernière saison. Heureusement pour lui, Yabusele est le moins connu des recrutements pour les fans madridistas, de sorte que les attentes placées ne sont pas si élevées et peuvent surprendre, avant le retour de Thompkins et Randolph.

Il est clair que les intégrations des trois médaillés olympiques joueront un rôle fondamental dans la saison du Real Madrid, qui a atteint presque tous ses objectifs fixés pour le marché estival (juste Pierria Henry leur a échappé). Avec une large rotation, prêt à lutter contre les mésaventures (blessures), et avec plus de talent à sa disposition, Pablo Laso revient à la tête du projet madridista pour la dixième saison consécutive. Le premier défi sera la Super Coupe le week-end prochain (11 et 12 septembre), le seul trophée que le Real Madrid a remporté la saison dernière. Mais cette année, Pablo Laso et les siens visent bien plus haut. 

Alex Madrid (Eurohoops)