Nacho ou l’histoire de l’éternel chevalier blanc

Défenseur au rôle ingrat, Nacho ne s’est jamais plaint de son statut de couteau suisse chez les Madridistas. Il s’y est habitué et a développé un leadership insoupçonné.

Le 9 mars dernier, celui que l’on surnomme Nacho a assuré le couloir gauche en l’absence de l’habituel titulaire Ferland Mendy face au PSG. Un rôle qu’il pourrait retrouver le 20 mars prochain lors du Clásico, le Français s’est blessé face à Majorque entre les deux rencontres. Mais pas de soucis pour le joueur, il connaît parfaiteement ce rôle. Depuis plus de 20 ans, le Canterano sert l’écusson royal de Madrid. José Ignacio Fernández Iglesias écume les ballons des pelouses d’Espagne et d’Europe pour servir la réputation du club paré de blanc.

Taiseux dans les médias, il y prend rarement la parole. Il accepte de s’exprimer auprès du média du club en juillet 2021. Le Madridista en profite pour dresser un message aux Rois d’Europe. Sur fond d’une prolongation courant jusqu’en juin 2023, il déclare : « Le Real Madrid est ma maison. Ils m’ont aidé à grandir, ils m’ont enseigné toutes sortes de valeurs positives pour affronter la vie et tout ce qui se présente à vous. Je ne peux pas concevoir une vie sans le Real Madrid parce que je suis ici depuis pratiquement la moitié de ma vie. » Il est, en effet, intégré depuis 2009 aux équipes professionnelles du Real Madrid. Mais avant le Castilla, cela faisait déjà quelques années que le joueur était membre de l’institution.

Un amour réciproque

En 2001, un jeune joueur natif de la capitale espagnole arrive au Real Madrid. Nacho dispute son premier match avec l’équipe première dix ans plus tard. C’est face à Valence qu’il connait ses premières minutes avec le maillot blanc. Un début mouvementé puisqu’il s’agit d’une victoire 6 à 3 à l’estérieur. Dès ses premiers pas dans le grand bain, le joueur a été au contact du très haut niveau. Aujourd’hui, son rôle est bien particulier. Véritable couteau suisse, il comble chaque trou dans la défense. Face au FC Barcelone, il devrait disputer son 260e match sous ses couleurs. Épanoui, le joueur avait déclaré ceci dans un communiqué du club : « Quand tu es enfant, tu rêves de jouer pour le club de tes rêves, et pour moi, c’est le Real Madrid. Je rêvais de jouer un match et maintenant je suis ici depuis tant d’années. J’ai acquis tant de force et d’envie de continuer à être performant. » Cette force, elle réside entre autres dans sa polyvalence. Car avec Nacho à bord, le bateau madridista n’est pas près de couler.

En 259 apparitions, il est apparu à 164 reprises en défense centrale, à 50 reprises en tant que latéral gauche et 45 fois à l’opposé de la défense. Si on peut penser que cette utilisation du joueur relève de l’opportunisme, ses coachs ne tarissent pas d’éloges sur le joueur. Pour son premier match de retour au Real Madrid, Carlo Ancelotti l’avait lancé comme titulaire. Après la rencontre, il dressait un portrait surprenant du joueur : « Il peut rester concentré durant tout le match, à chaque minute. Ce n’est pas le cas de tous les défenseurs. Pour moi, il y a deux types de défenseurs dans ma compréhension du football : l’optimiste et le pessimiste. Nacho est pessimiste. Il pense qu’il peut toujours se passer quelque chose de mal et c’est pour cela qu’il est attentif durant les 90 minutes. »

Un cadre qui se dessine

Pour Nacho, les matchs s’enchaînent et les bonnes performances aussi. Lors de la saison 2020-2021, le joueur a eu l’occasion de montrer ses qualités. Avec Varane, ils sont les deux défenseurs centraux les plus utilisés de la saison. Au début de l’exercice actuel, il revient sur cette situation qu’il n’avait plus connue depuis 2018. Le numéro 6 raconte en conférence de presse : « Comme chaque année, je travaille pour obtenir mes matchs, mes minutes. Plus il y en a, mieux c’est. Je suis heureux. L’année dernière a été très importante pour moi sur le plan personnel. Je commence à jouer et à gagner, c’est le plus important. J’aborde cela match par match et petit à petit. » Si sur le terrain, le numéro 6 profite de chaque minute, ses coéquipiers madridistas profitent lui aussi de ses qualités.

Sur la saison actuelle de Ligue des Champions. L’Espagnol a fait preuve d’un leadership impressionnant, déjà visible la saison dernière. Souvent juste et rarement en retard par rapport à ses homologues défensifs, il démontre également une qualité de passe exceptionnelle. Avec Ferland Mendy, ils sont les deux joueurs à posséder la plus haute moyenne de passes réussies dans la défense madrilène en LDC, autour de 93-94 %. Face au RCD Mallorca, l’importance du joueur dans le système de relance a encore été visible. De manière générale, David Alaba, avec qui il partageait la charnière, n’a fait presque que des passes en direction du Canterano. Avec 67 ballons touchés, il était maître de la relance madridista. Malgré quelques erreurs, le joueur a fait preuve d’exemplarité en se rattrapant constamment. En atteste son action à la 34e minute. S’il se fait battre par un petit pont de Muriqi, il ne désespère pas et agresse directement le reste du bloc offensif adverse. Quelques minutes après, il effectue une action défensive acrobatique et héroïque pour empêcher un but de Majorque. En Europe ou en championnat, le Real Madrid semble pouvoir compter sur son chevalier blanc, prêt à sauver Cibeles dès qu’on fait appel à lui.

Erwan Harzic