À peine rentré au vestiaire, le « futur président » du Barça a dégainé son iPhone pour lâcher son meilleur tweet : « We are back« . Comme s’il l’avait dans ses brouillons depuis des semaines, des mois, peut-être même des années. Du côté de Barcelone, on respire mieux depuis quelques temps : le jeu est plus aéré, les recrues hivernales ont apporté plus de fraicheur, et l’air n’est plus pollué par une mauvaise communication entre la direction, le staff et les joueurs.
Oui, le Barça est de retour. Mais où ? Dans la course au titre ? Non. En Ligue des Champions ? Pas encore. Le FC Barcelone a tout simplement retrouvé l’essence même de son football, son identité. En début de saison, on pensait que ce Barça se ferait malmener en milieu de tableau. Mais le vent a tourné. Un nouveau souffle est arrivé. Couvrez-vous, Xavi est là. Et il est venu climatiser un Santiago Bernabéu en travaux.
Le match parfait
Amis madrilènes, on se sait. Un Clásico se doit d’être électrique, peu importe l’enjeu, les points de différence au classement, ou les joueurs présents sur le terrain. On l’a vu à la dernière Supercopa, le but de Federico Valverde en prolongation a ponctué cet excellent match par une victoire merengue, qui a été vivement célébrée. C’est ça un Clásico. Il faut abattre l’ennemi, et avec la manière si possible. Qui d’autre que Xavi pour transmettre ce sentiment du devoir à accomplir à ses joueurs ? L’architecte du 2-6 à Bernabéu en 2009, le premier buteur de la manita au Camp Nou en 2010. Il sait tout l’impact que peut avoir un Clasico, sur et en dehors du terrain, qui plus est pour une équipe en reconquête de son propre style de jeu.
Le moment était parfait pour confirmer ce nouveau souffle. Pourtant, le Barça a déjà dû faire face à quelques chaudes échéances pour tester la fraicheur de la patte Xavi. Si le jeu s’éclaircissait match après match, on pouvait douter de ses fondations. L’élimination en Copa del Rey face à l’Athletic Bilbao (3-2) a été la première flamme à essayer de faire fondre la glace. Une désillusion qui a vite laissé sa place à un premier gros test face aux Colchoneros en Liga. Une victoire 4-2 qui permettra de se donner un bon bol d’air. Un déplacement à Mestalla n’est jamais facile ? Victoire 1-4. Il faut gagner à Napoli pour se qualifier au prochain tour d’Europa League ? Quatre buts aussi. Réception de l’Athletic au Camp Nou au match suivant, même tarif : ils en mettent quatre. Même dans le volcan du Nef Stadyumu, en étant mené 1-0 par Galatasaray, la « Xavineta » n’a pas fondu. La glace est restée intact. Mais c’est désormais dans le meilleur des matchs qu’il faut prouver la solidité de sa construction. Montrer que ce nouveau souffle a grandi, et qu’il peut s’élever tel un iceberg. Et face au Barça de Xavi, un autre monstre de glace, sur un nuage depuis sa remontada face au PSG : le Real Madrid de Carlo Ancelotti. C’est un Clásico de Liga, un test parfait. LE match parfait.
L’attitude de la raison
Elle est là, la confirmation. Ce n’est pas un titre, ce n’est pas un trophée : c’est un état d’esprit. Gagner 0-4 dans un Bernabéu où même certains supporters ont préféré quitter les gradins trente minutes avant la fin du match, c’est une perf’. Mais l’attitude est d’autant plus satisfaisante. Voir Xavi gesticuler et s’énerver sur le bord de la pelouse pour un ballon perdu, alors que son équipe humilie le rival de toujours sur son terrain, ça c’est de l’attitude. Ferran Torres qui manque l’occasion de tuer le match face à un Thibaut Courtois toujours aussi impressionnant, et qui quelques minutes après conclue une action collective sublime, ça c’est de l’attitude. La tête sur les épaules et un sang froid qui vient rappeler que l’effet Xavi, ce n’est pas que du vent. C’est bel et bien du solide. Les possessions de balle à en faire tourner la tête de ses adversaires, les mouvements du fameux « troisième homme » lors des combinaisons, le pressing haut… L’attitude de ce Barça a été digne de ce nom.
Une attitude qu’on a également remarqué du côté madrilène, à regret. Comme si l’écart de points au classement de la Liga pouvait justifier de perdre la face lors d’un Clásico. Or non, il n’y a aucun calcul à faire dans un Clásico, il faut gagner. Et encore une fois, avec la manière.
En cas de défaite du FC Barcelone, on aurait pu semer le doute sur ce nouveau souffle apporté par Xavi. Perdre face à un grand d’Europe, une équipe de Ligue des Champions, ça n’aurait pas aidé à reconstruire l’image du grand Barça. Et les Madrilènes auraient profité de cette victoire pour écarter les Catalans de la zone Champions League au classement. Mais hier soir, le doute a subitement changé de camp. Le leader avec neuf points d’avance sur son dauphin devra rectifier le tire sur la difficile pelouse de Balaidos dans deux semaines. Le Barça quant à lui, a montré au monde entier qu’il était de retour. Son image, son jeu, son attitude, ne sont plus vus comme des fantômes de l’époque Guardiola. Si Xavi poursuit son excellent travail, on pourra se demander dans quelques temps « Mais par où tout a commencé ?« . La réponse sera sans doute : « À Santiago Bernabéu, le 20 mars 2022″.
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