Les deux parcours en Coupe du monde d’une Roja composée de nombreux Madridistes

Il y a un peu plus de 20 ans, un monument du Real Madrid et de la Roja prenait sa retraite au terme d’un parcours en Coupe du monde qui restera entaché de l’un des plus gros scandales arbitraux de l’histoire du football.

Coupe du monde

Aux termes d’une séance de tirs aux buts qui aura vu le malheureux Joaquín manquer son pénalty, Hong Myung-bo n’aura eu aucune pitié à l’heure de marquer le sien face à Casillas et d’envoyer son équipe en demi-finale de sa propre Coupe du monde et Fernando Hierro à la retraite par la même occasion. L’emblématique capitaine du Real Madrid, qui venait de soulever sa troisième Ligue des champions un peu plus tôt, espérait ponctuer sa longue et brillante carrière par l’obtention du sacre national suprême. C’est l’occasion de revenir sur les parcours de la Roja en 1998 et 2002, cette dernière étant fortement influencée par une génération madrilène qui aura remporté la Ligue des champions en 1998, 2000, et 2002.

La défaite frustrante face à la Corée du Sud a également signifié une opportunité manquée pour d’autres joueurs du Real Madrid de l’époque : Raúl, Morientes, Helguera et Casillas. Si le dernier cité a finalement pu soulever personnellement la Coupe du monde huit ans plus tard en Afrique du Sud, les trois autres peuvent nourrir de sérieux regrets sur leur palmarès en équipe nationale qui n’est de loin pas à la hauteur de celui qu’ils ont obtenu avec le Real Madrid. Quatre ans plus tôt, leur génération dorée avait été éliminée dès le premier tour et ceci, à la stupéfaction générale. Après une défaite initiale face au légendaire Nigéria de 98 (3-2), dans un match d’anthologie qui aura vu Raúl ouvrir le score d’une reprise de volée somptueuse, l’Espagne n’est pas parvenue à passer le mur paraguayen emmené par le fantasque José Luis Chilavert, auteur d’une excellente Coupe du monde et qui n’aura finalement que pliée en huitièmes de finale face à la France, futur vainqueur de la compétition.

L’écrasante victoire lors du dernier match du groupe face à la Bulgarie (6-1) n’a été qu’anecdotique. Dès lors, cette brillante génération avait à cœur de démontrer qu’elle valait bien mieux que ce qu’elle avait montré en France quatre ans auparavant. Tout avait pourtant bien commencé pour les joueurs de l’entraîneur Camacho puisque ses protégés se sont brillamment qualifiés en tant que premier du groupe prenant au passage leur revanche sur le Paraguay, beaucoup plus friable défensivement que lors de sa campagne française. Une anecdote croustillante est à souligner concernant la rencontre entre les deux équipes hispanophones : alors que Casillas souhaitait échanger son maillot avec Chilavert au terme du match, le gardien paraguayen refusa la proposition dans un premier temps pour finalement l’accepter une fois que les deux gardiens étaient arrivés dans le tunnel des vestiaires. La légende dira que Chilavert, alors atteint d’un certain embonpoint, ne souhaitait pas le dévoiler au monde entier.

Toujours est-il que c’est avec un énorme capital confiance que la Roja abordait les huitièmes de finale contre l’Irlande. Il n’a d’ailleurs fallu que 8 petites minutes aux Espagnols pour ouvrir la marque par l’entremise de Morientes, auteur d’une tête décroisée dont il avait le secret. Alors qu’on se dirigeait vers une qualification tranquille, l’Espagne s’est fait des frayeurs. En effet, à la 90e minute, Robbie Keane égalisait sur un pénalty maladroitement provoqué par Hierro, en parvenant finalement à battre Casillas, qui en avait arrêté un de Harte plus tôt dans la rencontre. Ce but inespéré, permettait aux siens de décrocher une prolongation. Rien ne sera marquée lors de celle-ci. Lors de la séance de tirs aux buts, Casillas, alors âgé de seulement 21 ans, et auteur un mois plus tôt d’une entrée fracassante en finale de Ligue des champions face à Leverkusen, faisait preuve de beaucoup de sang-froid en arrêtant deux pénaltys qui permettaient aux siens de décrocher leur billet pour le tour suivant.

C’est donc plein d’illusions que l’Espagne abordait le tour suivant. Alors que tout laissait présager un choc latin contre l’Italie, cette dernière n’a pas pu franchir l’écueil de l’un des deux pays organisateurs, la Corée du Sud. Toutefois, cette dernière, qui s’était montrée particulièrement affûtée en match de préparation face au tenant du titre, la France, a bénéficié d’un énorme coup de pouce de l’arbitre de la rencontre. Les Italiens ont reçu un but sur un pénalty inexistant, Totti a été injustement expulsé dans les arrêts de jeu et Tommasi s’est vu annuler un but valable dans les prolongations qui aurait signifié la qualification de son équipe étant donné qu’à cette époque, la règle du but en or était en vigueur.

La Roja était loin d’imaginer qu’elle allait subir une injustice d’un calibre encore bien supérieure aux Italiens. Alors qu’elle dominait logiquement les débats, l’équipe de Camacho a finalement réussi par faire plier l’équipe coréenne à deux reprises. Cependant, de manière invraisemblable et incompréhensible, l’arbitre de la rencontre annula deux fois les réussites hispaniques alors qu’elles étaient parfaitement valables. Comme mentionné en préambule, la Corée du Sud finira finalement par s’imposer aux pénaltys en laissant au passage un énorme sentiment de frustration et d’injustice à une nation toute entière.

À l’heure actuelle, ce qui s’est produit ce jour-là reste un mystère. Néanmoins, en 2015, le journal sportif italien Corriere dello Sport a affirmé que les rencontres de la Corée du Sud contre l’Italie et l’Espagne avaient été truquées. Ces accusations trouvent leur fondement notamment dans le fait que le vice-Président de la FIFA de l’époque, Jack Warner, était la personne qui avait désigné les arbitres de ces rencontres et que des allégations de corruption à son encontre l’ont dans un premier temps contraint de démissionner de son poste de vice-Président de la FIFA en 2011 et amené le Comité d’éthique de la FIFA à le bannir de toute activité liée au football en 2015.

Il est probable que nous ne sachions jamais tous les tenants et aboutissants de ces scandales. En revanche, cette brillante génération de la Roja n’aura définitivement pas obtenu des résultats à la hauteur de sa qualité intrinsèque. Il aura fallu attendre 2008, et la montée en puissance de nombreux joueurs de la Masia pour que l’Espagne débute une domination sur le football européen et mondial de 2008 à 2012.

 

Gjon Haskaj