La défense centrale de la saison dernière a été vantée pour son efficacité dans sa propre surface. Deux hommes y sont en grande partie responsables : David Alaba et Éder Militão. L’arrivée d’Antonio Rüdiger en provenance de Chelsea l’été dernier a amené de la concurrence dans ce secteur.
Malgré cette acquisition, le bilan défensif n’est pour le moment pas aussi satisfaisant que lors de la saison 2021-2022. À ce stade de la compétition, le Real Madrid encaisse en moyenne 0,82 but par match en Liga (0,75 la saison dernière) et 0,89 but par match en Ligue des champions (0,67 la saison dernière).
Les préférences de Carlo Ancelotti
Le tacticien italien l’avait annoncé en pré-saison, il ne compte pas démanteler le duo Alaba-Militão qui lui a apporté de très beaux succès. Jusqu’à présent, il tient parole en les alignant tous les deux lorsqu’ils sont disponibles. Ce choix lui donne raison statistiquement : ce duo est celui qui encaisse le moins de buts par nombre de matchs disputés (13 matchs pour 10 buts encaissés).
Il y a néanmoins certaines variables qui contraignent Ancelotti à chambouler sa charnière. La principale : les blessures. Alaba ne connaît pas la saison la plus évidente sur le plan physique. Il a pour le moment manqué 13 matchs pour cause de blessure sur les 45 disputés par le club.
Le niveau de jeu individuel
Pour savoir quel duo doit être titulaire, il faut en priorité s’intéresser au niveau de jeu que les joueurs montrent. Militão est de loin le défenseur le plus constant cette saison. Il est d’ailleurs celui des trois qui a disputé le plus de minutes (3 151) jusqu’à présent. Sa grande qualité dans les duels et son leadership de plus en plus affirmé font de lui un titulaire indiscutable, et même la pièce majeure du secteur défensif. Il est aussi très disponible, seulement 4 matchs manqués depuis le début de saison.
Alaba quant à lui n’est pas aussi imposant que ce qu’il a montré lors de sa première saison en blanc. Son implication vocale est toujours présente mais on le sent moins en forme, ses nombreuses gênes physiques y sont peut-être pour quelque chose. Deux éléments n’ont cependant pas changé : son leadership et sa qualité de relance. C’est d’ailleurs deux des principales qualités qui le maintiennent dans le onze de départ. Il est celui ressort le mieux les ballons sous pression, chose essentielle dans les matchs suffocants de ligue des champions.
Pour en venir à Rüdiger, on ne peut pas dire que ses débuts ont été aussi convaincants que ceux de son coéquipier autrichien un an plus tôt. On l’a senti timide, brouillon, et même un peu perdu. Il faut dire qu’il est arrivé dans un contexte différent de celui qu’il a connu à Chelsea. Les Blues étaient organisés à trois derrière, ce qui donnait à Rüdiger moins de responsabilités en un contre un et plus de liberté pour monter. Malgré six premiers mois difficiles, il a su profiter des absences d’Alaba pour enchaîner et trouver une belle complicité avec Militão.
Le cas Nacho
Il serait inconcevable de parler de la défense merengue sans évoquer le vétéran espagnol, vice capitaine, toujours prêt à servir le collectif. Malgré des performances souvent bluffantes, le statut très spécial de Nacho l’écarte du débat des titulaires.
Il fait partie de ces rares joueurs à accepter ce rôle de supersub aussi longtemps dans un club, une mentalité bénite pour un entraîneur. Il n’est pas un joueur qui se bat pour une place de titulaire même s’il pourrait y prétendre avec le niveau qu’il affiche par moments. Son importance réside dans sa polyvalence et dans sa capacité à boucher les trous si besoin.
La variable du latéral gauche
Le poste de latéral gauche est un vrai casse-tête cette saison. Ferland Mendy, ayant démarré la saison comme titulaire déçoit par son niveau de jeu et s’absente par ses blessures. Ancelotti doit donc sans cesse bricoler pour trouver la solution. Dans ce type de situation, un joueur aussi versatile qu’Alaba est d’une aide précieuse.
L’ancien Bavarois a longtemps occupé ce poste plus jeune et a une intelligence offensive qui lui permet de créer le surnombre au milieu et en même parfois devant. Il est cependant juste que passé 30 ans, tenir le rythme à ce poste dans des matchs à haute intensité n’est pas donné à tout le monde et encore moins à des joueurs souvent exposés aux blessures. C’est la raison pour laquelle Ancelotti ne privilégie pas en priorité cette option et préfère aligner le milieu de terrain tricolore Eduardo Camavinga pour dépanner à ce poste sans compter qu’une charnière Rüdiger-Militão est loin de lui donner autant de garanties que son tandem habituel.
Quel est le meilleur duo ?
Alors que le duo Militão-Rüdiger prenait de plus en plus ses marques, Alaba a fait son retour après un mois et demi de blessure ce qui relance désormais les débats. Une chose est certaine, la place de Militão ne sera pas menacée de sitôt au vu de ses performances. Le choix se fera donc entre Rüdiger et Alaba. Même si dans l’esprit de Carlo, le débat n’existe probablement même pas, certains arguments peuvent aller en faveur de l’Allemand. Son impact sur coups de pied arrêtés, son impact physique dans les duels ou tout simplement sa forme actuelle.
L’entente est le détail qui fait souvent la différence dans les charnières centrales et à ce niveau-là, il est très difficile de rivaliser avec la complicité qu’ont Alaba et Militão depuis plus d’un et demi. Deux joueurs aux qualités presque opposées mais si utiles pour l’un et l’autre. S’ils sont à cent pour cent, leur place ne sera pas inquiétée. À moins d’une chute de niveau brutale d’un des deux, Rüdiger va devoir rester ce remplaçant disponible pour pallier les absences et alléger la tâche de ses coéquipiers, tout en gardant ce bon niveau qu’il a atteint pour donner davantage de concurrence à ce poste.
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