Avant le début de la rencontre, les hommes d’Ancelotti disposeront d’un avantage de deux buts suite à leur brillante victoire lors du match aller au Santiago Bernabéu (2-0). Cet avantage ne peut pas être considéré comme définitif.
En effet, la saison dernière, le Real Madrid disposait déjà de la même marge après le match aller, contre le même adversaire et au même stade de la compétition. Toutefois, les madrilènes ont frôlé l’élimination. Que faire pour ne pas qu’une telle situation se reproduise ?
Tirer les enseignements
Même si le scénario du match retour au Santiago Bernabéu reste dans toutes les mémoires et la possibilité de sa reproduction ce soir hante nombre de supporters madrilènes, il nous paraît opportun de s’attarder également sur le match aller à Londres qui recèle autant si ce n’est plus d’enseignements que le retour, afin d’éviter une élimination qui serait autant douloureuse que marquante.
Lors de la dernière campagne en Ligue des champions, le Real Madrid avait surpris le football européen en sortant victorieux de son match aller contre Chelsea en allant s’imposer à Stamford Bridge (1-3). Même si le capitaine Benzema et ses coéquipiers avaient bénéficié d’une offrande inespérée d’Edouard Mendy, leur supériorité en première période était prégnante.
Deux buts d’anthologie de Karim Benzema et une prestation qui l’est tout autant leur ont permis de rentrer aux vestiaires avec l’avantage au tableau d’affichage (1-2). Même si la réduction du score d’Havertz avant la pause (39e) était frustrante, elle était insuffisante pour ébranler la confiance des supporters madrilènes.
En effet, quand bien même l’avantage au score du Real Madrid était d’un but à la mi-temps, les hommes d’Ancelotti avaient démontré une grande maîtrise et donnaient l’impression d’être très sereins. L’écart aurait pu être plus conséquent si Viní Jr. (9e) et Benzema (41e) avaient été plus adroits à la finition. En dépit du score et de leur prestation négatifs, Chelsea pouvait s’estimer heureux d’arriver à la pause en étant mené que d’une longueur.
Au retour des vestiaires, deux événements clés se sont produits. Edouard Mendy a commis une erreur inadmissible pour le haut niveau, permettant à Benzema d’aggraver la marque et d’inscrire un triplé. Quelques minutes plus tard, Thibaut Courtois a effectué un arrêt exceptionnel sur une frappe d’Azpilicueta qui l’est tout autant. Ces deux faits de matchs déterminants ont occulté une donnée importante pour le match de ce soir : Thomas Tuchel avait remanié son approche tactique à la pause et le Real Madrid a subi les assauts des Blues durant toute la deuxième période sans donner l’impression de pouvoir faire jeu égal avec eux.
Si Lukaku n’avait pas manqué l’immanquable et que Mount ou Ziyech avaient été plus lucides, le score aurait été réduit et l’avantage avant le match retour moins confortable. Nonobstant, malgré une frustration évidente, Tuchel est sorti de cette rencontre avec la conviction que malgré l’handicap au score et une première période totalement manquée, rien n’était joué.
Car au-delà du score, il pouvait s’appuyer sur un aspect positif fondamental pour préparer le match retour et qui sera déterminant pour la rencontre de ce soir : la dynamique. En dépit d’être complètement passé à côté de son entame de partie, son équipe était malgré tout parvenue à complètement inverser la sensation de supériorité et de sérénité dégagée par ses adversaires du soir en première période.
Ce motif de satisfaction n’était pas mince, tant s’en faut. Même s’il peut arriver que des individualités aient ponctuellement des performances qui soient inférieures à leur rendement habituel, il ne faut pas perdre de vue que le football reste un sport d’équipe. Les sensations de cohésion, de solidarité et d’abnégation sont des signes probants qu’une équipe peut accomplir des grandes choses comme renverser une situation qui peut paraître irréversible. Qu’au final, un joueur fasse preuve de manque de précision au moment du geste final occasionnera des remords mais pas des regrets.
La défaite au Bernabéu est plus sévère qu’il n’y paraît
Malgré un scénario apocalyptique qui a vu Benzema et consorts se retrouver dans les cordes et être menés 0-3 au retour, sa gravité doit être tempérée. Le spectateurs qui n’auraient pas eu l’opportunité de visionner la rencontre ont peut-être dû penser qu’Ancelotti et ses hommes n’avaient pas pris cette rencontre assez au sérieux. Selon nous, il n’en est rien. Malgré des remaniements tactiques dans la lignée de sa deuxième période de l’aller, Chelsea n’était pas supérieur au Real Madrid dans le jeu. La défense madrilène n’était pas acculée comme elle avait pu l’être en fin de match à Londres.
Il convient de mettre en exergue que Mason Mount avait ouvert la marque sur un contre chanceux face à Nacho et que Rüdiger avait aggravé la marque sur un corner qui venait d’une action entachée d’une faute flagrante sur Modrić. En conséquence, il faudra que le Real Madrid parvienne à ne pas être déstabilisé ou perturbé s’il venait à encaisser un but.
Il est donc impératif de refuser un changement de dynamique si les londoniens venaient à ouvrir la marque ou immédiatement modifier la sienne si celle-ci n’est pas à la hauteur de l’événement. S’il ne le fait pas, il s’expose au fait que Chelsea emballe la rencontre devant son public et obtienne des prolongations dont l’issue serait autant compromise qu’incertaine.
À cette fin, Ancelotti a un rôle prépondérant à jouer. Il devra réagir rapidement s’il remarque que ses joueurs ne parviennent pas à répondre à l’intensité britannique qui sera assurément imprégnée par ces derniers dès le coup d’envoi devant son public. Son équipe aura besoin qu’il fasse preuve de réactivité sans se baser sur la jurisprudence Anfield Road et espérer un miracle. La finale de Supercoupe d’Espagne en est l’exemple le plus probant.
En outre, il va bien évidemment de soi que répondre à l’intensité des Anglais dès le coup d’envoi et la maintenir jusqu’au coup de sifflet final est une condition sine qua non à la qualification pour les demi-finales.
Luka Modrić ne sera peut-être pas en mesure de délivrer une « passe illégale » – dixit Rio Ferdinand – qui soit salvatrice pour lui et ses coéquipiers, comme cela avait été le cas lors du match retour de la saison dernière. Même si les supporters qui souhaitent que le Real Madrid se sépare de la légende croate dès cet été font preuve d’une ingratitude sans nom, il faut leur concéder que le Real Madrid devra tôt ou tard apprendre à jouer sans son génie. Il serait donc inopportun de toujours compter sur l’une de ses aspirations dont lui seul a le secret lors de chaque situation compromise.
Ne pas se fier à la situation institutionnelle de Chelsea
Dire que le club londonien traverse une période délicate tant sur le plan sportif qu’institutionnel est un euphémisme. N’Golo Kanté a été dirigé par 4 entraîneurs différents lors de ses 4 derniers matchs. L’actuel Président du club avait fait des déclarations prédictives presque provocatrices avant le match aller que Roman Abramovitch ne s’était jamais hasardé à effectuer. La 11e place au classement de Premier League des Blues est clairement indigne d’un club de leur envergure et inadmissible avec l’effectif à leur disposition.
Toutefois, le Real Madrid doit faire fi de cette état de fait et éviter les comparaisons entre Chelsea qu’il a affronté la saison dernière et l’actuel. Sinon, il s’expose, même inconsciemment, à se relâcher en pensant que l’équipe londonienne ne sera pas à même de revenir dans la confrontation eu égard à la crise qu’il traverse.
Si ce soir le Chelsea FC affronte le Real Madrid en quart de finales retour de Ligue des champions, c’est tout sauf le fruit du hasard. Ses joueurs sont conscients que cette saison est loin de répondre aux attentes de leurs supporters et feront tout leur possible pour que leur performance de ce soir soit perçue de manière telle qu’ils ne puissent être accusés de résignation dès le coup de sifflet final.
Le Real Madrid est à 90 minutes et des poussières de s’octroyer une autre demi-finale de légende qui, à moins d’un invraisemblable concours de circonstances, devrait être la même que celle de la saison dernière avec tous les éléments que cela implique. Sans déjà penser à cette possible confrontation sur le plan concret, les madrilènes doivent se servir de cette possible échéance comme d’une motivation supplémentaire dans leur approche de la rencontre de ce soir. En effet, même si le Bayern Munich mérite tout le respect qui lui est dû, n’est pas le Real Madrid qui veut.
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