Rodrygo Goes fait face à son plus gros défi depuis le début de sa carrière : s’imposer comme un titulaire indiscutable du Real Madrid. Lui qui d’ordinaire brille en sortie de banc, se retrouve à devoir transformer l’essai dans la peau d’un indéboulonnable.
Trop de clémence à son égard ?
On le sait tous, Rodrygo Goes est correct à droite, bon dans l’axe, mais surtout sensationnel côté gauche. Seulement voilà, cette aile est sécurisée par la présence d’un Vinícius Júnior tout feu tout flamme depuis deux saisons. Au moment de comparer les deux éléments brésiliens, un élément saute aux yeux : Rodrygo est mieux protégé que Vini Jr. ou du moins, il bénéficie de la clémence dont le nouveau numéro 7 aurait eu besoin dans son développement.
Si pour certains supporters, on parle d’une clémence inédite, son cas reste un exemple de gestion, comme celui d’Eduardo Camavinga. Le Brésilien aujourd’hui fait face à des responsabilités inédites. Du haut de ses 22 ans, il mérite à juste titre d’être couvé comme la logique footballistique le souhaite. Néanmoins, il dispose de moins de temps qu’un Fran García, un Eduardo Camavinga ou un Andriy Lunin. En partant du poste de gardien de but, plus on avance dans une zone du terrain et plus la maturité du joueur dans ce secteur est précoce.
De ce fait, la plupart des attaquants arrivent à maturité aux environs de 23-24 ans, un milieu de terrain entre 25-26 ans, un défenseur entre 27-28 ans et un gardien aux alentours de la trentaine. En partant de cette perspective, Rodrygo Goes n’a plus vraiment le temps et doit trouver ses marques une fois pour toutes.
Telle une chrysalide qui doit éclore, le natif d’Osasco est dans la phase finale de son développement. Un apprentissage accéléré et facilité tout d’abord par la clémence qui lui a été accordée comme évoqué au-dessus, mais également grâce à la présence de Karim Benzema qui l’a pris sous son aile. Désormais orphelin du Ballon d’Or 2022, le brésilien est aux portes du plus haut niveau, mais sous plusieurs conditions.
Rodrygo : fixer, continuer, confirmer
Le néo-numéro 11 madrilène doit désormais confirmer les promesses aperçues, et plus encore assumer ses propos. Rodrygo semble avoir la langue bien pendue, il faut donc que les performances suivent. Bien qu’il soit encore un jeune élément (22 ans), il est bon de rappeler que c’est de son âge d’alterner le bon et le moins reluisant. Entre les performances disparates qui sont relatives à son évolution et la loi du temps, il faut également prendre en compte le fait qu’on ne sache toujours pas où le fixer précisément.
L’aile gauche est bien occupée, l’axe est libre, mais il a besoin d’un numéro 9 pour tourner autour et exprimer tout son football, et le couloir droit est de loin la position où il est le moins confortable. En fin de saison passée, Rodrygo est aligné dans ce couloir sur le papier, mais il s’avère être un attaquant droit plus qu’un ailier droit, occupant davantage le demi-espace droit que le couloir de Carvajal. Malgré quelques performances de très bonne facture dans ce rôle hybride, le natif d’Osasco n’est clairement pas à l’aise pour performer.
Dans sa manière de dribbler, de voir le jeu, les conditions dans lesquelles il arrive devant les buts pour terminer les actions, il manque de repères spatiaux propices à son jeu pour être consistant à droite.
Rodrygo a déjà des matchs référence, il a également montré des prédispositions à briller dans les contextes à fort enjeux, mais il doit désormais se montrer constant et plus consistant peu importe le type d’adversité. On pourrait citer sa campagne de Ligue des champions 2021-2022, ou même son exercice en Liga la même année, mais une autre compétition nous semble plus à l’image de sa fortune au Real Madrid depuis ses débuts : la Coupe d’Espagne 2022-2023.
Sa Coupe du roi de la saison passée doit lui servir de repère dans ce sens. Pour rappel, le Brésilien est décisif en marquant l’unique but de la qualification contre le CP Cacereño en huitièmes de finale, il arrache la prolongation contre l’Atlético de Madrid en quarts de finale, et enfin contre Osasuna en finale en il s’offre un doublé, le titre et la distinction de MVP de la compétition.
Sur chacun de ses buts, il n’y a qu’une seule réalisation où le brésilien est positionné à droite, c’est le but du titre contre le club de Pampelune. Sur le premier, il est quasiment statique plein axe à deux pas du point de penalty. Les autres réalisations qu’il inscrit lors de la compétition, il se retrouve plein axe ou sur la gauche, comme lors de son show en solo contre Cacereño, et surtout son but digne de Ronaldo Nazário contre l’Atlético de Madrid.
Tant pour la confiance que pour la consistance, la variété de l’adversité contre laquelle il marque, et de leurs contextes respectifs, cette édition de Coupe d’Espagne 2022-2023 doit être le point de départ de l’envol de Rodrygo vers les sommets individuels. Considéré par beaucoup comme un phénomène plus talentueux que son coéquipier Vinícius Júnior, le natif d’Osasco doit désormais se fixer à un poste précis, continuer de progresser tout en élargissant son spectre footballistique, et confirmer ce qu’on a déjà pu entrevoir au plus haut niveau.