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Chapitre 9 : Nicolas Anelka, dans la cour des grands

par | 30/08/2023 - 18:08 | 0 commentaires

Après quelques mois d’absence, retrouvez notre série consacrée aux « Français et le Real Madrid ». Après Lucien Muller et Christian Karembeu, voici venu l’heure de Nicolas Anelka.

À l’été 1999, le Real Madrid et le Président Lorenzo Sanz attirent dans leurs filets le jeune attaquant français d’Arsenal, Nicolas Anelka. Acheté environ 220 millions de francs, soit 34 millions d’euros, c’est le plus gros transfert jamais réalisé à l’époque.

Formé au Paris-Saint-Germain, l’international français venait de passer deux saisons à Arsenal où il avait montré des qualités évidentes. Lors de la seconde, il est nommé meilleur jeune de la saison en Premier League. L’enfant de Trappes débarquait donc au Real Madrid plein de promesses et d’espoirs.

Un changement de statut brutal

Dans son documentaire biographique Anelka : L’incompris, sorti en 2020 sur Netflix, Nicolas Anelka déclare notamment : « J’ai compris ce que c’était d’être une star quand je suis arrivé au Real de Madrid (sic). Et j’ai détesté. » L’enfant prodige choyé à Paris et à Londres doit désormais laisser place à un joueur confirmé, une transition que Nicolas Anelka a du mal à faire.

Il porte le poids de son transfert et est vu comme le concurrent de la star du club, Raúl. Il arrive avec un certain statut qu’il n’assume pas totalement. Une dynamique que le vestiaire du Real Madrid lui reproche.

Néanmoins, il expliquait ceci sur les ondes de RMC : « Samuel Eto’o vient me voir et me dit de faire attention aux anciens parce qu’ils ont été voir le président pour lui demander pourquoi il a pris Anelka alors qu’il y a Fernando Morientes. Quand on me dit ça, je sais que ça va être très compliqué. La suite a prouvé que c’était un enfer. À ce moment-là, c’est compliqué avec beaucoup d’Espagnols. J’arrive dans une famille, dans un grand club avec beaucoup de pression. Il faut que je prouve sur le terrain. »

Anelka et Karembeu après la victoire en LDC.

Sur le terrain, difficile pour Nicolas Anelka de s’imposer comme un taulier de l’attaque dans ce contexte. Il ne marque aucun but durant toute la première moitié de saison. Il doit attendre la Coupe du Monde des Clubs en janvier 2000 pour débloquer son compteur, avant de marquer lors du Clásico de février.

Son temps de jeu s’est logiquement réduit petit à petit. Cette situation couplée au caractère volcanique de l’international français amène à une situation critique. Au mois de mars, un accrochage musclé avec la direction du Real Madrid a lieu. Temporairement suspendu, l’attaquant part se ressourcer à Trappes.

Ensuite, il revient à Madrid et présente ses excuses avant de réintégrer le groupe et de regagner en temps de jeu. Il marque notamment lors des deux demi-finales de Ligue des champions contre le Bayern Munich. Il est également titulaire lors de la victoire finale face à Valence.

Après une saison très compliquée, l’épilogue est néanmoins heureux, avec un succès européen sur la pelouse du Stade de France, hautement symbolique pour un pur produit de la banlieue comme Anelka. Le bilan sportif seul aurait pu permettre une nouvelle chance de prouver sa valeur la saison suivante.

Un rapport compliqué aux médias

« Toujours incompris, j’fais pas c’qu’on attend d’moi, mentalité Anelka ». Cette punchline issue du morceau Devil Jin du rappeur Django résume assez bien l’incapacité de l’attaquant français à se fondre dans le moule dans lequel on veut le voir. Tout au long de sa carrière, avant et après le Real Madrid, Nicolas Anelka a eu des relations contrastées avec médias et journalistes.

Lors de son année espagnole en particulier, les rapports entre lui et les paparazzis étaient extrêmement tendus. L’attaquant goûtait très peu les intrusions de ceux-ci dans sa vie privée et le leur faisait ouvertement savoir, ce qui a en contrepartie considérablement terni son image dans la presse. Ainsi, à chaque contre-performance, Nicolas Anelka était le premier à être sous le feu des critiques, ce qui ne l’a pas aidé à retrouver la confiance.

Lors de son clash de mars 2000 avec la direction, le président de l’époque Lorenzo Sanz avait été très critique dans les médias espagnols, le qualifiant de « psychopathe » et jugeant son comportement comme un « manque éhonté au professionnalisme le plus élémentaire ». L’idée d’affronter cette pression médiatique une deuxième saison, a ainsi, au-delà du contexte sportif, eu raison de l’aventure de Nicolas Anelka au Real Madrid.

Anelka communiant avec le public français.

Un an après le recrutement de Nicolas Anelka, le joueur est d’abord annoncé intransférable au mercato estival suivant. Cependant, les offres affluent pour un joueur ayant toujours une belle cote.

Les saisons anglaises d’Anelka ont ainsi marqué la Juventus, qui est la première sur le dossier. Finalement le Paris-Saint-Germain qui parvient à rapatrier le joueur qu’il a formé. Le prix du transfert est quasiment égal à ce que le Real Madrid a versé à Arsenal l’année précédente.

De retour à Paris avec une Ligue des Champions dans la poche, Nicolas Anelka retrouve la confiance et le chemin du but. Sa saison à sept buts en trente-trois matchs en Espagne ne devient rapidement qu’un lointain souvenir, teinté de regrets et d’un fort sentiment d’inachevé.

Il aura ensuite la carrière que l’on connaît, avec de nombreux clubs dont une période dorée à Chelsea et des réussites en Équipe de France. Le Real Madrid ne recrute pas d’attaquant cet été-là pour remplacer Anelka, mais se console néanmoins en arrachant la star Luis Figo au rival barcelonais, pour une réussite toute autre.

Adrien Cornillot-Appavou

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