Au Real Madrid, que retenir du mercato estival 2023 ?

Il y a bientôt deux semaines, le mercato estival s’est clôturé. Des sommes exorbitantes ont de nouveau été dépensées par certains clubs pour se renforcer et l’apparition remarquée de l’Arabie saoudite a signifié un changement de paradigme. De son côté, le Real Madrid a su tirer son épingle du jeu en travaillant ses dossiers en amont durant le printemps pour venir en cueillir les fruits au début de l’été. Il a également su rester attentif aux éventuelles opportunités qui se présentaient durant l’été. Néanmoins, il peut nourrir un regret.

Jude Bellingham, joueur du Real Madrid (Icon Sport)

Le départ inattendu de Benzema

Alors que les observateurs le voyaient rempiler pour une année supplémentaire, Karim Benzema a pris la décision de mettre fin à son étape au Real Madrid. Ce départ majeur a pris le club au dépourvu, lui qui ne s’attendait pas à perdre son meilleur atout offensif.

Rapidement pressenti pour prendre la relève de l’attaquant français, Kane n’a pas réussi à convaincre l’équipe dirigeante madrilène de débourser plus de 100 millions d’euros sur lui. Désormais âgé de 30 ans, n’étant lié contractuellement qu’une année avec Tottenham (club qui ne joue pas la Ligue des champions cette saison) et n’ayant jamais évolué hors de l’Angleterre : trop d’éléments jouaient en défaveur du capitaine des Three Lions pour que le Real Madrid fasse l’effort auquel le Bayern Münich a consenti (110M€ bonus compris).

De plus, sa potentielle arrivée aurait vraisemblablement fermé la porte à un avant-centre plus jeune ces prochaines années. Le club de Chamartín a donc adopté une stratégie à moyen et long terme en ne recrutant que Joselu à la pointe de l’attaque. Ce dernier est arrivé à la base pour remplacer numériquement Mariano, mais se retrouve désormais comme étant le seul avant-centre de métier de l’effectif.

Karim Benzema, ancienne gloire du Real Madrid (Icon Sport)

Karim Benzema, ancienne gloire du Real Madrid (Icon Sport)

Outre Mariano, le Real Madrid a enregistré les départs en attaque d’Hazard et d’Asensio, joueurs qui n’entraient plus dans les plans du club. Le salaire de ces 3 joueurs grevait la masse salariale du club et ce dernier sait qu’il dispose désormais d’une marge de manœuvre avec le fair-play financier de LaLiga s’il souhaite recruter un attaquant de renom à l’avenir.

Néanmoins, le club peut nourrir un regret concernant le mercato offensif. Déjà pisté en novembre 2022 par le club pour devenir le back-up de Benzema, Firmino, libre de contrat, était une option envisagée en fin de printemps et au début de l’été par le Real Madrid pour venir renforcer son secteur offensif.

Toutefois, l’espoir du club de pouvoir recruter Mbappé dès cet été a fermé la porte au recrutement d’un autre attaquant. Aujourd’hui, bien audacieux serait celui qui prétendrait que l’ancien avant-centre de Liverpool serait de trop dans l’effectif madrilène.

Le recrutement d’une future légende, d’une jeune promesse et de deux joueurs de complément

Du côté des arrivées, le club de Concha Espina a compris que le poste de latéral gauche nécessitait un renfort urgemment, tant les blessures récurrentes de Mendy la saison dernière ont handicapé l’équipe. C’est dans cette optique que le canterano Fran García a été rapatrié à Madrid après des prestations convaincantes avec le Rayo Vallecano.

Le Real Madrid a également bénéficié du départ d’Asensio pour rapatrier Brahim Díaz de ses deux années d’Erasmus à Milan qui ont globalement été satisfaisantes. Bien qu’ayant un profil similaire au natif de Palma de Majorque, l’Hispano-marocain est plus à même de prendre la profondeur et de faire des différences balle au pied.

Arrivé à Madrid comme la future star du club, Jude Bellingham, a vite dissipé les doutes de ceux qui avaient estimé que le prix déboursé par le Real Madrid (103 millions d’euros) était excessif pour un joueur de 19 ans. Ces derniers perdaient de vue que malgré son jeune âge, le natif de Stourbridge disposait déjà de 3 saisons complètes en Bundesliga, de nombreuses sélections avec les Three Lions et plusieurs matchs de référence en Ligue des champions. Une telle précocité est inouïe.

Arda Güler, pépite du Real Madrid (Icon Sport)

Arda Güler, pépite du Real Madrid (Icon Sport)

 

Bien que n’entrant pas dans les plans de recrutement du Real Madrid avant l’ouverture du mercato, Arda Güler a rapidement été un objet de convoitise pour tous les cadors européens. Annoncé proche de plusieurs d’entre eux (dont le FC Barcelone) le choix du jeune international turc (18 ans) s’est finalement porté sur le Real Madrid.

Déjà éblouissant avec sa sélection, le désormais ex-joueur du Fenerbahçe garde un souvenir impérissable des trois Ligue des champions d’affilée remportées par le Real Madrid sous Zidane. Comme il l’a lui-même confié, ces succès ont eu un lien de causalité pour sa préférence envers le plus grand club du monde.

Le faible coût de son transfert (20 millions d’euros auxquels pourraient éventuellement s’ajouter 10 millions euros de bonus à terme) représentait une opportunité unique dans un marché des transferts toujours marqué par l’inflation des prix. Et le club ne l’a pas manqué. Les chiffres avancés par la presse catalane, notamment concernant les possibles commissions que le père d’Arda Güler aurait reçu de la part du Real Madrid, sont complètement infondés.

Le Real Madrid se doit désormais d’être parcimonieux

Le transfert d’Arda Güler démontre que le Real Madrid poursuit sa politique de recrutement de jeunes promesses à moindre coût initiée avec Viní Jr. Avec l’avènement des clubs-états, le Real Madrid est conscient qu’il ne peut plus marcher avec le train sénatorial qui était le sien il fût un temps. Chaque transfert doit être scrupuleusement étudié avant de débourser le moindre million.

L’inflation qu’a induit le transfert de Neymar en 2017 n’est pas près de s’arrêter. En effet, les clubs de Premier League et le PSG dépensent des sommes toujours aussi exorbitantes, en attestent leurs transferts de cet été. La principale différence depuis cette saison réside dans le fait que grâce à l’Arabie saoudite et ses velléités de développement de son championnat, ils disposent désormais d’une porte de sortie de choix pour leurs indésirables.

Ces derniers peuvent être vendus à des prix conséquents, ce qui permet et permettra à l’avenir aux clubs en question d’avoir un rapport achat et vente très intéressant et plus cohérent qu’auparavant. Cet état de fait n’est pas appelé à se commuer sachant que les Saoudiens ont élaboré une stratégie sur le long terme et que le transfert du jeune Gabri Veiga (21 ans) a démontré que tous les types de joueurs étaient susceptibles de céder aux chants de sirène du pays de Golfe.

Le Real Madrid face à l'UD Almeria (Icon Sport)

Le Real Madrid face à l’UD Almeria (Icon Sport)

Outre sa politique de recrutement, la rénovation du Santiago Bernabéu et la volonté de créer une Super Ligue européenne répondent aux tentatives de Florentino Pérez de pouvoir rester compétitif face à des clubs qui disposent d’autres ressources que celles qu’ils génèrent. Le stade madrilène étant désormais un complexe aux usages multiples, le club compte désormais sur ce dernier pour obtenir une manne financière.

En ce qui concerne la concrétisation du projet de Super Ligue européenne, il n’est malheureusement plus du ressort du club. Son sort est tributaire de la décision que la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) rendra prochainement suite au veto de l’UEFA sur le projet.

Le Real Madrid ne dépense plus 100 millions d’euros ou plus s’il persiste des doutes quant au rendement d’un joueur. Jude Bellingham faisait l’unanimité au sein des instances dirigeantes madrilènes avant son arrivée. Force est de constater que son rendement jusqu’ici laisse fortement présager que son coût sera amorti sans écueil. Le club phare de la capitale doit se montrer prudent à l’heure d’ouvrir sa bourse. Il reste attentif sur les opportunités qui se présentent, mais compte également sur son prestige pour attirer des joueurs libres (Alaba, Rudiger) ou en fin de contrat (Courtois, Camavinga). C’est en suivant cette méthodologie que le Real Madrid compte renouveler ses latéraux les prochaines années avec Davies et Frimpong qui terminent tout deux leur contrat en 2025.

 

Gjon Haskaj