Huit jours après un succès obtenu sur le gong en terre catalane, le Real Madrid n’a pas fait trembler les filets du Santiago Bernabéu. Ce mutisme, aussi injuste soit-il au regard des statistiques en fin de match, illustre autant une rencontre hachée par plusieurs faits de jeu que la dépendance de cette équipe à l’étincelle individuelle. Dimanche, les hommes d’Ancelotti ont livré une prestation collective convaincante, ne concédant que très peu d’occasions (0 tir cadré pour le Rayo) et remportant aisément la bataille du milieu.
Pour autant, la maladresse constante dans la zone du danger a annihilé tout espoir de décrocher les 3 points. Et ce n’est pas faute d’avoir servi Vinicius en mouvement. Sans doute à l’excès.
Une première période monotone
L’entame de match, sérieuse, correspond à celle d’un club qui ne prend pas de haut son adversaire du jour, modeste équipe du ventre mou de la Liga. Dès la 6e minute de jeu, le Real Madrid se procure une très nette occasion par l’intermédiaire de Federico Valverde. Bien aidé par une mésentente au sein de la défense du Rayo, l’Uruguayen obtient un face-à-face avec le gardien adverse. Las, il ajuste mal sa frappe et fait briller Dimitrievski. Le portier macédonien n’en demandait pas tant.
Par la suite, sans livrer une partie d’anthologie, il enchaîne les parades et rassure une défense qui ne respire pas la solidité. Depuis le début de l’exercice 2023/2024, les Franjirrojos ont encaissé davantage de buts qu’ils n’en ont marqué. Madrid demeure l’exact opposé avec 23 réalisations pour huit golazos concédés.
Mais au-delà des datas qui ont parfois tendance à polluer le football moderne, la rencontre prend rapidement une tournure difficilement déchiffrable. Les hôtes maîtrisent leur sujet, respectent les circuits de passes, malmènent l’entrejeu adverse à l’image d’un Bellingham toujours aussi peu fâché avec la balle, mais peinent à faire preuve de justesse dans les 20 derniers mètres. Le quatuor Camavinga/Modric/Valverde/Bellingham scintille sans parvenir à faire profiter de son éclat. Le duo d’attaque du Real Madrid s’impatiente.
Frustration et crispation au Real Madrid
Est-il légitime de remettre en cause la compatibilité de Vini, joueur d’espace et de couloir par excellence, avec Joselu, numéro 9 à l’ancienne et authentique point de fixation ? Probablement. Dans la tête de Carlo Ancelotti, son 4-4-2 demeure malléable en phase offensive, notamment au travers de l’apport de Fede Valverde sur le côté droit. Surtout, l’extraordinaire panoplie technique de Bellingham et son sens aigu du but permettent en temps normal de créer le surnombre dans la surface de réparation.
Mais l’Espagnol et le Brésilien, associés pour la 3e fois sur le front de l’attaque du Real Madrid, ne parlent pas véritablement le même football. Jamais dans le bon ton, l’association a produit trop peu de liant pour que cela ait une quelconque incidence.
A compter de la 66e minute et du but justement refusé à Vinicius, l’intensité du jeu prend un caractère éruptif. Le Rayo Vallecano multiplie les fautes d’antijeu et les Madrilènes se tendent. Carlo Ancelotti devrait à ce sujet avoir une franche discussion avec Vinicius, dont les incessantes protestations envers le corps arbitral jouent systématiquement en sa défaveur. Pour ses coéquipiers, le staff technique et même les supporters, sa façon de s’adresser à l’homme au sifflet a de quoi exaspérer.
Le Brésilien a d’ailleurs matière à s’inspirer de ses partenaires, au premier rang desquels Jude Bellingham, pourtant diminué après un choc à l’épaule gauche en début de match. Le milieu anglais du Real Madrid, aperçu à plusieurs reprises en pleine discussion avec Juan Martinez Munuera, est un modèle de fair-play depuis son arrivée.
Quoi qu’il en soit, le spectacle offert lors des quinze dernières minutes laisse un étrange goût d’amertume où Rodrygo, entré en jeu à la place de Modric, n’a pu exprimer ses qualités premières. Brahim Diaz et Arda Güler laissés sur le banc, le génial croate remplacé : c’est à un Vini à court d’inspiration et un Bellingham essoré que revenaient les clés de la créativité madrilène. Malheureusement, Jude n’a pas enfilé une nouvelle fois la cape de sauveur.
Durant deux mois, le Real Madrid devra composer sans son talisman, Aurélien Tchouaméni, victime d’une fracture d’un orteil. Privée de son porte-bonheur attitré, la Maison Blanche craint à très court terme pour l’épaule d’un autre joyau, britannique celui-ci. Loin des coups du sort et des pépins physiques, elle souhaite désormais faire fructifier ses fondations lors des deux prochaines rencontres à domicile. « Parfois, nous gagnons en ne le méritant pas », a confessé Ancelotti en conférence de presse d’après-match. Un juste retour des choses.
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