Rechute d’Arda Güler : est-il victime du syndrome Baljić ?

Arda Güler enchaîne les blessures depuis son arrivée au Real Madrid à l'été 2023. Depuis, le Turc n'a joué aucune rencontre avec l'écusson Madridista. Un mal profond ?

Arda Güler doit encore une fois reporter son arrivée au Real Madrid.

Arrivé cet été en provenance de Fenerbahçe, le jeune prodige turc a immédiatement suscité beaucoup d’expectative chez les supporters madrilènes. Hélas, plus de deux mois après le début des compétitions officielles, Arda Güler n’a toujours pas effectué ses débuts sous les couleurs madrilènes. De quoi s’inquiéter pour son avenir au Real Madrid ?

Une intensité trop élevée

Alors que l’on pensait qu’Arda Güler effectuerait ses débuts avec la tunique blanche en Ligue des Champions face à Braga, Ancelotti a préféré être précautionneux avec la pépite ottomane. Toutefois, cette prudence a été insuffisante pour prévenir une rechute du joueur.

En effet, il y a quelques jours, Arda Güler s’est vu diagnostiqué une rupture du quadriceps droit avec une indisponibilité d’environ un mois. Cette blessure s’ajoute une lésion dans le ménisque interne de son genou droit qu’il a subi durant l’été et qui l’a écarté des terrains durant 59 jours. Ensuite, une blessure musculaire l’a rendu indisponible pour une durée de 33 jours.

Ces diverses blessures commencent à susciter de l’inquiétude et des interrogations dans le microcosme madrilène. Cependant, il convient de prendre divers paramètres en compte avant de tirer des conclusions hâtives.

Les entraînements au Real Madrid sont réputés pour être très exigeants et intenses. Il est très probable que le corps du jeune Turc n’a pas supporté ce changement brutal et soudain par rapport à ce qu’il vivait en Turquie, dont le championnat est bien plus axé sur la technique que le physique.

Le football implique de brusques changements de directions et des mouvements de démarrage. Il constitue donc un facteur de risque pour le ménisque des joueurs. Il n’est donc pas surprenant que le ménisque d’Arda Güler n’ait pas supporté le changement de rythme conséquent qu’à vécu le jeune joueur durant cet été.

Dans ce sens, il nous apparait fondamental que le corps d’Arda Güler se familiarise à une telle exigence afin d’éviter une nouvelle lésion du ménisque qui peut intervenir quelques fois malgré l’opération.

Le spectre d’Elvir Baljić plane déjà

Le football est un sport où l’opinion populaire se plaît volontiers à effectuer des analogies avec le passé. Combien de fois n’a-t-on pas lu ou entendu un joueur émergeant être affublé du qualificatif de « nouveau » suivi du nom d’un joueur aux caractéristiques similaires ayant performé dans un passé récent ?

Arda Güler possède de nombreuses similitudes avec Elvir Baljić : gaucher, évoluant en tant qu’ailier ou milieu offensif et transféré de Fenerbahçe au Real Madrid. Mais la comparaison ne s’arrête malheureusement pas là. Recruté à l’été 1999, Baljić a été victime, dès le début de son étape madrilène, d’une rupture des ligaments croisés du genou gauche qui l’a écarté des terrains une bonne partie de la saison.

Cette grave blessure a joué un rôle prépondérant dans son échec au Real Madrid, mais également dans les clubs dans lesquels il a évolué ultérieurement. Mais qui est Elvir Baljic ? Joueur offensif bosnien doté d’un excellent pied gauche, Elvir Baljić était une demande expresse de John Toshack. L’entraîneur gallois, qui avait repris l’équipe en février 1999 suite à l’éviction de Guus Hiddink, avait insisté auprès de Lorenzo Sanz pour qu’il recrute le Bosnien, qu’il avait connu alors qu’il entraînait Besiktas Istanbul.

Recruté pour la somme de 26 millions d’euros, montant très élevé pour l’époque, Baljić constituait le transfert le plus cher du club jusqu’à ce qu’Anelka soit recruté durant le même été. Dès son retour de blessure, le Bosnien s’est retrouvé avec Del Bosque en lieu et place de Toshack et l’entraîneur espagnol n’a que très peu compté sur lui jusqu’à la fin de la saison.

C’est donc logiquement que le Bosnien a quitté le Real Madrid après une saison très décevante en dépit du fait d’avoir pris part avec l’équipe au camp de pré-saison durant l’été 2000 à Nyon en Suisse.

La comparaison entre les deux joueurs tient-elle la route ?

Même si les similarités entre les deux joueurs sont pour l’instant frappantes, il nous apparaît peu probable qu’Arda Güler ait un sort aussi funeste que Baljić au Real Madrid. Même s’il faut concéder que le passage de la Süper Lig turque au Real Madrid constitue un saut important en termes d’exigence tactique et physique, les contextes sont différents.

Premièrement, le Bosnien était arrivé à l’âge de 25 ans comme un joueur confirmé. Il se devait de performer immédiatement alors que le jeune Turc, qui fêtera ses 19 printemps en février prochain, est un jeune prodige. Bien qu’évoluant déjà avec sa sélection nationale, il possède une grosse marge de progression avec les années d’apprentissage qui l’attendent.

Arda Güler est très attendu au Real Madrid.

Deuxièmement, la nature de la blessure d’Arda Güler est moins grave que celle qu’a subie Baljić. Le jeune âge de la pépite turque fait qu’il lui sera plus facile de recouvrir de ses blessures, à condition qu’elles ne deviennent pas chroniques.

Enfin, l’adoubement de Kroos et d’Ancelotti démontre l’aura dont joui Arda Güler au sein du club. L’éviction récente du médecin en chef du club, auquel la récente rechute d’Arda Güler a été rédhibitoire, est significative de l’importance et de l’estime du club envers le jeune Turc.

Le jeune Ottoman est l’un des derniers représentant d’un type de joueurs qui a marqué le football des années 90/2000 de son empreinte : les joueurs offensifs au pied de velours et à la très grande intelligence footballistique. En conséquence, nous pensons vraiment que s’il est épargné par les pépins physiques, Arda Güler triomphera au Real Madrid. C’est la raison pour laquelle il est préférable d’attendre qu’il soit dans des conditions optimales avant de débuter sous la tunique merengue.

 

Gjon Haskaj