Embarquement immédiat pour les îles Canaries. Voilà six longues années que ce n’était plus arrivé. Le Real Madrid se rend à l’Estadio de Gran Canaria pour la première fois depuis 2018, et une victoire 3 à 0. Gareth Bale, Casemiro et Cristiano Ronaldo faisaient alors partie de l’effectif. Un gouffre temporel. Aujourd’hui, le club merengue amène dans ses bagages d’autres noms, mais n’a pas modifié d’un iota ses ambitions.
On connaît la chanson : trois points obligatoires sous peine de voir les Catalans reprendre la première place du championnat. Sauf que le Barça de l’époque est remplacé par… Gérone, qui ne faiblit pas d’un pouce depuis cinq mois et mène un train d’enfer. Pour accrocher le bon wagon en tête de la Liga, il va donc bien falloir passer l’obstacle Las Palmas. Et si la fureur du Bernabéu sera bien loin, gare à ne pas laisser la pression retomber comme un soufflé.
A l’aller, le Real Madrid avait déjà fait sans Bellingham
Pour cette 22e journée, la Maison Blanche s’avance avec un groupe au quasi complet si l’on met de côté les blessés de longue date (Militao, Courtois et Alaba). Un absent, et pas des moindres, fait pourtant figure d’événement tant ses performances éclaboussent l’équipe de son talent et de sa vista. Lui, c’est évidemment Jude Bellingham. L’Anglais est suspendu pour accumulation de cartons jaunes et ne sera pas en mesure d’inscrire sa 15ᵉ réalisation.
Au-delà de son impact offensif insoupçonné, le milieu de 20 ans fluidifie remarquablement le jeu des Merengues et ne perd jamais une occasion de faire briller ses partenaires. Equation à une inconnue est donnée à Carlo Ancelotti pour trouver la formule gagnante sans son joyau. Le technicien italien a seulement dû composer quatre fois cette saison sans le Britannique. Curieusement, la victoire s’est profilée à chaque reprise, y compris lors du match aller contre Las Palmas (2-0).
Alors, anomalie statistique ? En clair, la vérité est sans doute à trouver dans le nom des adversaires rencontrés, peu enclins à gêner la Casa Blanca si celle-ci se montre sous son meilleur jour. Le Real a donc les armes pour se montrer dangereux autrement. A ce titre, la presse espagnole se fait l’écho d’un possible changement de système tactique ou, à tout le moins, d’une reconfiguration de l’entrejeu. A l’instar des larges triomphes face à Valence (5-1) ou Braga (3-0) en novembre dernier, Brahim Díaz pourrait se placer derrière le duo Vinicius/Rodrygo. Le tandem auriverde aurait loisir à combiner avec un homme en forme, dont le potentiel n’a pas fini de faire frémir observateurs comme supporters.
Un secteur défensif à soigner urgemment
Pour le reste du onze titulaire, Ancelotti devra trancher entre Camavinga, Kroos, Tchouaméni et Modric pour accompagner l’indéboulonnable Fede Valverde. Si le joueur le plus utilisé cette saison par le Mister a semblé emprunter physiquement le week-end passé, les six derniers jours ont permis une certaine régénération. C’est aussi le cas pour Nacho et Rüdiger, surutilisés depuis la rupture des ligaments croisés de David Alaba mi-décembre.
Nous louions à juste titre dans ces colonnes la forteresse madrilène cette année avec seulement 13 buts encaissés en championnat. Mais les récents événements en Supercoupe, puis en Copa, et enfin la semaine dernière lors de la réception d’Almeria, intiment le besoin de rétablir d’urgence une muraille robuste. La charnière centrale a matière à s’appuyer sur l’exemplaire Carvajal, dont le dévouement pour l’écusson doré n’est plus à prouver. Son dépassement de fonction illustré par son but victorieux à la 99ᵉ minute traduit un refus du renoncement dont on aimerait qu’il irradie l’intégralité du vestiaire.
Côté Las Palmas, Kirian Rodriguez figurera à n’en pas douter dans le onze de Garcia Pimienta, lui le joueur le plus décisif depuis le début de saison. Auteurs d’un début d’exercice honorable, les Canariens doivent leur classement (8ᵉ) à une défense de fer – deuxième meilleure, juste derrière celle du Real. Un verrou que devront faire sauter Vinicius et consorts pour ne pas repartir les valises pleines de doutes. Après une séquence de quatre rencontres qui a asphyxié les corps, les Madrilènes recherchent samedi, à partir de 16h15, un air purifié. La terre des Canaries, souvent propice aux secousses, offre un terrain de jeu idéal à une nécessaire clarification.