Interview : Thierry Barnerat, analyste vidéo de Thibaut Courtois : « Thibaut, avant d’être un très grand athlète, est une personne exceptionnelle. »

Thibaut Courtois traverse une saison cauchemardesque en raison des deux graves blessures dont il a été victime. Avant cela, le fait qu’il soit le meilleur gardien du monde était un fait unanimement reconnu. C’est l’occasion de connaître l’une des personnes qui lui ont permis d’acquérir ce statut et assurément lui permettra de le retrouver et le maintenir durant cette décennie. Le Journal du Real a donc eu l’honneur et l’opportunité d’interviewer Thierry Bernerat, l’analyste vidéo de Thibaut Courtois.

Le Real Madrid a toujours pu compter sur d’excellents gardiens. Buyo, Illgner, Casillas ou encore Navas. Tous ont marqué le club de leur empreinte. Mais aucun d’eux n’a atteint le niveau de Thibaut Courtois sur la saison 21-22. Avant sa blessure, le portier belge était devenu l’arme défensive numéro 1 du Real Madrid. Nul doute qu’il mettra tout en œuvre pour récupérer ce statut.

M. Barnerat, pourriez-vous brièvement vous présenter à nos lecteurs ?

Thierry Barnerat : Je m’appelle Thierry Barnerat. J’ai 60 ans, 4 enfants. J’ai 30 ans d’expérience dans le football professionnel. J’ai travaillé essentiellement dans la première et la deuxième division suisse. J’ai également travaillé plus de 12 ans pour l’Association suisse de football (ASF). J’ai mis en place avec Patrick Foletti la formation des entraîneurs de gardiens. Ensuite, je suis revenu dans les clubs. J’ai travaillé pour Lausanne-Sport durant 2 ans. Il y a 4 ans, j’ai quitté ce club avec le désir de travailler uniquement en free-lance par mandats.

Outre votre fonction d’analyste vidéo pour Courtois, quelles autres activités exercez-vous dans le domaine du football ?

Thierry Barnerat : Je travaille pour la FIFA depuis 1 année et demie. Je travaille pour Pascal Zuberbühler (ancien gardien de la Nati) qui est responsable de l’ensemble du département Goalkeeper. C’est grâce à lui que je peux m’exprimer tant dans les analyses de matchs et les programmes de formation. C’est la première fois que je ressens un réel plaisir de collaborer pleinement avec une personne de cette institution. Je ressens le même plaisir que lorsque je travaillais avec les athlètes sur le terrain.

Pour la FIFA, mes tâches se focalisent sur 2 axes. Premièrement, l’analyse de toutes les Coupes du monde, toutes catégories et sexes confondus. C’est un travail colossal car il s’agit d’un travail de data et actuellement nous ne disposons pas de datas qui nous permettent d’évaluer et de quantifier le travail qui est réalisé par un gardien dans le match. Je dois également évaluer les gardiens sur chaque match avec la création d’un clip par match de 5-6 minutes. L’idée est d’arriver aux demi-finales avec une image très concrète de chaque gardien pour nous permettre d’octroyer le Gant d’or au meilleur gardien ou à la meilleure gardienne de la compétition.

L’autre partie concerne le développement avec un projet que je mène conjointement avec Arsène Wenger et Steven Martens qui vise à développer le football dans le monde avec la création d’académies sous l’égide de la FIFA.

Comment en êtes-vous arrivé à devenir l’analyste vidéo de Courtois ?

Thierry Barnerat : J’ai eu une expérience en Belgique car une société belge souhaitait mettre en place des tests pour les gardiens mais qui n’étaient pas des tests conventionnels. J’ai créé toute une batterie de tests pour aller chercher ce que l’on appelle des facteurs sous-jacents à la performance. A travers cela, la famille Courtois s’est rapprochée de moi et c’est comme cela que j’ai signé un contrat avec eux.

En quoi consiste l’essentiel de votre travail avec lui ? Est-ce que Courtois met en application vos conseils durant ses entraînements au Real Madrid ?

Thierry Barnerat : Mon job est très simple. Quand Thibaut est en période de compétition, je reprends le match et ensuite je fais un montage de 5, 6 ou 7 minutes en fonction de l’activité qu’il y a sur le match. Le montage contient autant des actions positives que négatives. Quand je dis « négatives » il s’agit souvent de détails comme l’orientation d’une épaule de 15 ou 20 degrés. Après avoir fait le montage, je crée un commentaire dessus avec certaines illustrations et je lui envoie directement par WhatsApp afin qu’il puisse disposer du contenu et en prendre connaissance dès qu’il est disponible.

Par exemple, s’il joue à l’extérieur, il le fera peut-être dans l’avion. Si le match est à domicile, il prendra connaissance du contenu chez lui le lendemain matin. Comme il joue tous les 3 jours, il m’importe qu’il décide quand il veut que l’analyse lui soit transmise. Dès qu’il l’a lue, il m’écrit un message et on en discute. Au départ on a fait quelques visioconférences pour mettre en place des choses plus complexes comme la gestion de la profondeur. J’ai analysé plus de 200 de ses matchs. On se connaît par cœur lui et moi.

Ce qui était très important au départ c’est ce qu’on a construit pour son jeu au pied, certaines choses pour qu’il utilise plus fréquemment son pied droit, chose qu’il ne faisait pas avant. Cela lui a permis d’avoir une orientation totalement différente et de ne plus être sous pression. Par exemple, lors de Belgique-Portugal, Cristiano Ronaldo est venu le presser et rien qu’avec sa prise de balle il a pu éliminer la course du Portugais et relancer, grâce à son pied droit.

A titre personnel, je n’ai rien à voir avec l’entrainement. Je connais bien Luis Llopis (l’entraîneur des gardiens du Real Madrid) mais je n’ai aucun contact avec lui car l’analyse que j’effectue va directement chez l’athlète et elle n’engendre aucune modification sur l’entraînement. Je me concentre sur les détails. Je ne vais pas expliquer à Thibaut comment il doit réaliser un geste. Les top players sont des personnes qui sont au top niveau donc je mets l’accent sur des détails comme une prise de décision qui n’aurait pas été juste car l’athlète n’a pas pris une information.

Pensez-vous que votre fonction peut être amenée à se démocratiser, tant pour les gardiens de but que les joueurs ?

Thierry Barnerat : J’en discutait récemment avec Arsène Wenger. Il m’a confié qu’à l’époque ou il entraînait Arsenal, il aurait eu de la peine à ce que quelqu’un d’externe analyse la performance de l’un de ses athlètes dans une forme privée. De nos jours, il faut savoir que la plupart des athlètes de haut niveau ont tous leur cellule privée. Thibaut a son propre préparateur physique en dépit du fait que les préparateurs physiques du Real Madrid soient très compétents. Mais il a vraiment besoin de quelqu’un qui va chercher son détail personnel avec une certaine recherche et sensibilité qui lui est vouée. La même chose en ce qui concerne le nutritionniste. Je pense que cette fonction est déjà démocratisée. Les cellules privées sont présentes, travaillent pour l’athlète et seulement pour l’athlète sans être en corrélation avec le club.

Durant l’épopée victorieuse en Ligue des Champions de la saison 21-22, outre sa finale historique, Courtois a effectué des parades déterminantes en arrêtant un penalty de Messi face au PSG et a été l’auteur d’une envolée exceptionnelle sur une lourde frappe d’Azpilicueta face à Chelsea.

Comment avez-vous vécu cette période à titre personnel et comment se sont déroulées vos interactions avec Courtois durant cette période ?

Thierry Barnerat : Les interactions, que l’on joue en Ligue des Champions ou contre Cádiz, sont les mêmes car cela reste des matchs de haut niveau. Je ne dis pas cela parce que je collabore avec lui mais avant sa blessure il était indiscutablement le gardien no1 sur les 18 derniers mois. Donc cela inclus également la saison 22/23. Pourquoi je dis cela ? Car il été d’une régularité en termes de performances qui est incroyable.

Hormis ses analyses, je m’occupe également de ses datas. Je dispose de toutes ses actions et je sais sur combien d’actions il est impliqué par match. Lors de mon évaluation, je marque à chaque fois qu’il est responsable d’un but et chaque fois qu’il est décisif sur une action. Sur l’année où le Real Madrid a remporté la Ligue des Champions, Courtois avait un ratio de 2 arrêts décisifs par match. Quand je dis « décisif » il s’agit d’un arrêt extrêmement compliqué. Il ne s’agit pas d’une frappe qui parvient dans un environnement proche et qu’il peut toucher sans se mouvoir. Il s’agit par exemple du 1er arrêt qu’il a effectué à sa gauche contre Liverpool lorsque Salah dévie le ballon à 6m en une touche. Durant cette rencontre, il a effectué un nombre d’arrêts décisif incroyable. Mais déjà 2 arrêts décisifs par match c’est beaucoup.

Une fois, Thibaut avait encaissé un but d’Immobile contre l’Italie avec un droitier à sa droite. Immobile était venu à la droite de Thibaut. Il avait une orientation d’épaule qui permettait de savoir qu’il allait chercher l’angle au-dessus de l’épaule gauche de Thibaut et l’orientation de Thibaut permettait de trouver cet espace-là. A partir de là, je me suis dis : « plus jamais on ne prendra un but comme cela ». On va lire cette situation, on va changer l’orientation de Thibaut pour que cette angle-là ne soit plus ouvert. Contre Liverpool, Salah a eu une situation exactement similaire mais de l’autre côté puisqu’il est gaucher. Il voulait chercher l’espace à la droite de Thibaut, au-dessus de son épaule, mais il ne pouvait pas car l’orientation de Thibaut fermait ce que j’appelle l’angle de profondeur. Thibaut a donc fait l’arrêt à mi-hauteur à sa droite. La position de Thibaut ne permettait pas à Salah de marquer.

Quel regard portez-vous sur l’évolution du poste de gardien de but ? Pourquoi le jeu au pied a-t-il gagné en importance pour ces derniers au fil du temps ?

Thierry Barnerat : Il a fallu plus de 20 ans pour développer le jeu au pied. Après le changement de la règle en 1992, qui a interdit aux gardiens de saisir le ballon avec les mains sur des passes en retrait volontaires, il a fallu 10 ans pour que le gardien soit considéré comme autre chose qu’un piquet qui contrôlait et relançait le ballon lorsque ce dernier lui parvenait.

Par la suite, et je m’en rappelle car on en discutait à l’ASF, on s’est dit que le gardien pouvait bouger mais dans la zone de ses poteaux. Ensuite, des entraîneurs ont estimé opportun que le gardien soit considéré comme un joueur de champ sur les phases de possession afin que leur équipe ait une supériorité numérique lorsqu’ils disposaient du cuir en phase défensive. Ils ont également exigé que leur gardien maîtrise les 2 pieds. Depuis le début des années 2020, c’est désormais un devoir pour tout gardien en formation de maîtriser ses deux pieds afin de ne pas être sous pression.

De nos jours, la cognition a un rôle prépondérant chez les gardiens de buts. Le gardien doit comprendre la sensibilité du jeu. Il doit savoir quels sont les espaces ouverts et fermés. Il doit connaître l’orientation de son joueur afin de savoir dans quel espace il va lui transmettre le ballon. Il doit pouvoir choisir s’il va lui transmettre sur lui car l’espace est fermé mais que le joueur a un espace ouvert. Cette analyse fait partie intégrante de l’intelligence de jeu. Tout cela s’effectue grâce à la prise d’information et la prise de décision. Ce que je viens de mentionner relève uniquement de la partie offensive.

Mais il ne faut pas perdre de vue que le gardien garde un but avant tout. Défensivement, il a 2 fonctions : celle de la défense du but et celle de la défense de l’espace. Les premières choses qui doivent être analysées chez un gardien sont celles qui relèvent de sont impact défensif. Ensuite seulement on peut s’attarder sur l’offensif. Malheureusement, de nos jours, avec l’évolution du jeu, il existe une tendance à plus évaluer le gardien sur son impact offensif que défensif. C’est comme si chez Mbappé on analysait en premier ses replis défensifs que le nombre de fois où il a été décisif ou ses passes décisives.

En résumé, il est du devoir de tout formateur qu’un gardien à l’orée de sa vingtaine sache utiliser ses deux pieds et d’être doté de l’ensemble des capacités susmentionnées qui régissent la phase offensive.

Par rapport au jeu au pied justement. Est-ce tant la qualité technique qui importe ou la prise d’information sur le temps de passe ?

Thierry Barnerat : Tout ce dont l’on a besoin pour être performant offensivement est également tributaire de l’aspect mental. Si un gardien est sous pression mentalement, que se passe-t-il ? Au-lieu d’avoir une capacité de perception qui est ouverte, elle se ferme. Le gardien ne sera plus capable que de lire 5 informations sur 10. Le gardien doit avoir la capacité de prendre l’information, de l’analyser mais surtout de la traiter correctement grâce à l’intelligence de jeu pour être capable de savoir dans quel espace il doit aller par rapport au temps de passe. Le temps de passe est la chose la plus importante.

Comme pour le poste d’avant-centre, il apparaît qu’il existe une pénurie d’excellents gardiens dans la nouvelle génération. Parmi les portiers de 25 ans ou moins, outre Lunin, seuls Köbel, Donnaruma, Vandervoordt et Chevallier me paraissent être à même de prendre la relève de Courtois lorsque ce dernier terminera son étape au Real Madrid. A quoi attribuez-vous cet état de fait ? Est-ce un phénomène qui touche le football dans sa globalité ?

Thierry Barnerat : Je pense qu’il y a de très bons potentiels dans plusieurs pays. En Europe, il doit y avoir une cinquantaine de gardiens qui ont un immense potentielle et jouent déjà au top niveau. Ils ont le potentiel pour atteindre le top 3 des gardiens sur des détails. Ce qui m’inquiète plutôt est le fait que certains pays sont encore trop dans l’ancienne philosophie de travail qui voudrait que l’entraîneur des gardiens soit uniquement celui qui frappe des ballons à droite et à gauche. Aujourd’hui, encore trop d’entraîneurs travaillent sur l’aspect physique plutôt que sur des exercices qui mettent leur gardien dans des situations d’action de jeu. Je pense que l’accent devrait plus être mis par exemple sur le choix du geste adéquat dans une situation donnée.

Neuer est l’auteur de belles performances à 38 ans. Courtois n’en a que 31. Jusqu’à quand pensez-vous qu’il pourra rester titulaire au Real Madrid et de quoi cela dépendra ?

Thierry Barnerat : De nos jours, un gardien de but peut jouer jusqu’à 40 ans. Thibaut est avant tout une personne exceptionnelle. Lui et sa famille sont d’une humilité et d’une gentillesse incroyables. C’est un très grand athlète. Ses débriefings sont d’une qualité extraordinaire. C’est également un travailleur acharné. Thibaut est quelqu’un qui fait extrêmement attention à son temps de travail, à son temps de récupération, à sa nourriture et à son équilibre de vie. C’est quelqu’un qui a une structure extraordinaire avec des compétences dans tous les domaines pour aller le plus loin possible dans la performance.

Le gardien de but, ce n’est un secret pour personne, fera plus de kilomètres qu’auparavant. Avant, il en faisait 4 à 4,5 par match et il en arrivera régulièrement à 5,5 en raison de la sollicitation du gardien pour son jeu au pied. Courtois était à un niveau incroyable donc il n’y a aucune raison qu’après cette blessure il ne revienne pas à son niveau d’avant. Je sais qu’il fera tout pour et il a encore de très belles années devant lui. Il a des capacités techniques, tactiques, mentales et cognitives extraordinaires.

Dans sa jeunesse, Thibaut a fait du beach-volley, du volleyball et du tennis. Ses facultés cognitives ont été construites en apprentissage sur des jeux différenciés. La coordination a été extrêmement importante, tant sur le volleyball que sur le tennis qui sont des jeux de ballon qui amènent une coordination très intrinsèque qui est très importante. J’ai toujours en tête un arrêt magnifique que Thibaut a effectué sur pénalty en partant sur son côté droit et en touchant la balle avec son pied gauche. Le fait est que la balle n’est pas arrivée sur la jambe de Thibaut. C’est lui qui avait monté sa jambe pour atteindre la balle. C’était extraordinaire car cela requiert une faculté de coordination hors du commun. Car il a dû effectuer une poussée latérale conséquente pour aller chercher le ballon sur son côté gauche, il a remarqué qu’il était battu et malgré cela, il a eu la faculté d’amener sa jambe au bon endroit pour faire opposition au ballon.

Le poste de gardien de but, réputé comme ingrat, est foncièrement différent de celui des joueurs de champ. Quelles sont les caractéristiques essentielles que doit avoir un gardien de but pour être performant, tant du point de vue footballistique qu’humain ?

Thierry Barnerat : Premièrement, il convient de relever que le gardien de but est le seul à ne pas porter les couleurs d’un maillot qu’il défend. De nos jours, la taille, l’explosivité et la coordination sont importantes pour un gardien. Le jeu au pied, avec la maîtrise des deux pieds est également fondamental. Les facultés cognitives, qui sont influencées par la capacité mentale, sont devenues incontournables. L’aspect tactique est lié à l’aspect cognitif car c’est la prise d’information et son traitement qui vont amener le gardien au choix qu’il doit faire. Ce facteur de cognition est influencé par l’aspect mental. Car si un gardien doute, il aura de la peine sur l’aspect tactique. La taille est importante. Il ne sera bientôt plus possible d’être un gardien de très haut niveau en mesurant moins d’1m90.

Le gardien doit avoir de l’envergure pour sa visibilité. Tout le monde parle de taille en affirmant que cela sert à aller haut dans les sorties aériennes. C’est une ineptie. Les qualités principales pour effectuer une bonne sortie aérienne sont la prise d’information et le timing de la prise de décision du déclenchement de la sortie. Pourquoi un gardien à besoin d’être de grande taille ? Premièrement, pour la visibilité. Il y a 20 ans, chaque équipe comptait peut-être un joueur qui faisait plus d’1m90. De nos jours, n’importe quelle équipe comporte assurément minimum 2 joueurs qui font 1m90. Quelle en est la conséquence ? Lorsque Thibaut reçoit une frappe de 25m, il n’est pas gêné par son défenseur central pour voir le départ du ballon. Ce n’est pas le cas de Yann Sommer qui mesure 1m81. Ce dernier est constamment en mouvance de droite à gauche pour observer le ballon avant son départ.

Deuxièmement, la taille est importante pour le duel corporel. Lorsque Haaland est allé se frotter à Thibaut lors de la double confrontation face à City, Thibaut l’a regardé, lui a tendu le bras et l’a enjoins amicalement à rester dans sa zone. Haaland a rigolé et avait compris le message. Troisièmement, elle est fondamentale pour l’envergure. Sommer, Donnaruma et Courtois ont tous une poussée magnifique. Sur le but de Depay que Sommer encaisse face à l’Atlético Madrid, Courtois et Donnaruma l’auraient touché. Si aujourd’hui je suis recruteur d’un club de top niveau européen, j’ai besoin d’un gardien qui mesure minimum 1m90 pour les raisons susmentionnées. Finalement, de nos jours, un gardien doit avoir de la personnalité. Il doit être un leader naturel.

Le Real Madrid est réputé pour être un club très exigeant en termes de résultats. La pression quant à ces derniers est donc prégnante. Est-ce que cette exigence diffère selon vous de celle d’autres clubs ou est-elle simplement inhérente à tous les grands clubs de football ?

Thierry Barnerat : Dans tous les grands clubs les exigences sont énormes. Pourquoi autant de personnes travaillent dans les staffs des grandes équipes ? Cette saison, je suis allé voir Young Boys-Manchester City en Ligue des Champions. Il y avait 8 analystes vidéo à côté de moi. Sans compter ceux qui travaillent depuis la maison. Ceci est le corollaire de la recherche de la haute performance en raison des exigences formulées par les propriétaires des clubs.

En mai 2022, dans une interview accordée au quotidien suisse Le Temps, l’on pouvait apprendre que vous étiez l’instigateur du fait que Courtois se plaçait à 4m de la ligne de but sur les corners sortants. Comment êtes-vous parvenu à développer une idée aussi ingénieuse ?

Thierry Barnerat : C’est très simple. Sur un corner sortant, l’on peut voir si le tireur va tirer avec le coup du pied en fonction de l’orientation de son corps. Même De Bruyne qui est incroyable techniquement ne peut pas frapper avec le coup du pied suivant où il est placé face à la balle. Il est obligé de frapper de l’intérieur du pied. Et un corner sortant tiré avec l’intérieur du pied va atterrir à 4 mètres à l’intérieur du terrain ou plus. Pourquoi prendre un désavantage sur le frappeur lorsque l’on sait que le ballon va aller de 4m à 10 ou 15m ? Il y a aussi l’aspect psychologique à prendre en compte. Lorsque le tireur pose le ballon et voit Thibaut positionné à 4m, il ne va jamais tirer vers les 5m mais plutôt 7 à 10 mètres ou au premier poteau où Thibaut aura de toutes façons quelqu’un pour écarter le danger.

 

Gjon Haskaj