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Le malheureux destin de Jesé Rodríguez

par | 13/10/2024 - 19:10 | 0 commentaires

SÉQUENCE RÉTRO - Le 5 octobre dernier, Jesé Rodríguez a rejoint le club malaisien de Johor Darul Ta'zim, poursuivant ainsi une carrière aux accents de globe-trotter. Celui que l'on surnomme "El Bichito" a parcouru le monde du football, passant par de nombreuses équipes et continents, mais son histoire aurait pu être bien différente s'il n'avait pas croisé la route de Sead Kolašinac. Décryptage d’une carrière de décadence.

Jesé Rodríguez, initialement considéré comme un véritable prodige de la cantera du Real Madrid, semblait destiné à une grande carrière. Dès ses premiers pas avec le Castilla, il se distingue aux côtés d’une génération dorée, comprenant des talents comme Dani Carvajal, Álvaro Morata et Nacho Fernández. Lors de la saison 2011-2012, il marque 18 buts, contribuant ainsi à la montée du Castilla en deuxième division. Ses prestations impressionnantes et son aisance technique attirent rapidement l’attention de l’équipe première, augurant de grands espoirs pour la suite.

Parce que, oui, à cette époque, Jesé Rodríguez incarne l’avenir du Real Madrid. Les dirigeants du club merengue placent en lui de grandes espérances et le voient comme une star en devenir. Son talent était tel qu’il avait même été surnommé « El Bichito » — la petite bête — en référence directe à son modèle et coéquipier, Cristiano Ronaldo, surnommé « El Bicho ». Le parallèle avec la légende portugaise n’était pas anodin : Jesé affichait des qualités techniques et physiques qui ressemblaient fortement à celles de son idole.

Sous la houlette de José Mourinho, il est rapidement intégré à la dynamique de l’équipe première. Il fait ses débuts lors d’un match de pré-saison en 2011, mais malgré les attentes, ses apparitions restent limitées sous la direction du coach portugais, se cantonnant principalement à quelques rencontres en Copa del Rey.

En 2013, Carlo Ancelotti le lance définitivement dans le grand bain

Avec l’arrivée de Carlo Ancelotti à la tête du Real Madrid en 2013, la carrière de Jesé Rodríguez prend un nouvel élan. Le jeune attaquant intègre définitivement l’équipe première, un pas décisif dans son parcours. Malgré une concurrence redoutable en attaque – notamment Gareth Bale, Cristiano Ronaldo, Karim Benzema et Isco – il parvient à se faire une place et à grappiller des minutes précieuses dès le début de la saison 2013-2014. Jesé marquera notamment son premier but lors d’un Clásico au Camp Nou.

Ses performances convaincantes lui permettent de gagner progressivement du temps de jeu au sein de l’effectif de la Casa Blanca. En février 2014, à la faveur d’une suspension de Cristiano Ronaldo face à l’Athletic Bilbao, l’Espagnol saisit sa chance. Il enchaîne alors quatre titularisations consécutives, se montrant particulièrement décisif. Durant cette période, il marque trois buts et délivre une passe décisive, s’imposant comme l’un des joueurs les plus en vue du Real Madrid. Ses prestations laissent entrevoir un avenir radieux, faisant de lui le meilleur élément merengue sur le terrain à ce moment-là.

 

Jesé Rodriguez célébrant son but marqué sur la pelouse de l'Athletic Club le 2 février 2014 (Photo de David Ramos/Getty Images).

Jesé Rodriguez célébrant son but marqué sur la pelouse de l’Athletic Club le 2 février 2014 (Photo de David Ramos/Getty Images).

La Ligue des champions, Schalke et Sead Kolasinac 

Mais, quelques semaines plus tard, le Real Madrid aborde le match retour des huitièmes de finale de la Ligue des champions contre Schalke 04 avec une grande sérénité. Forts d’une éclatante victoire 1-6 à l’aller à Gelsenkirchen, les hommes de Carlo Ancelotti affrontent cette rencontre au Santiago Bernabéu sans véritable pression. Conscient de l’avance confortable de son équipe, l’entraîneur italien opte pour une rotation de son effectif, offrant ainsi à Jesé une nouvelle opportunité de briller sur la scène européenne.

Ce match, qui aurait pu marquer un tournant dans la carrière du jeune prodige, prend cependant une tournure tragique. En effet, une blessure aux ligaments croisés du genou droit survenue seulement à la 8e minute lors d’un contact avec Sead Kolašinac change brutalement le cours de sa carrière. Ce coup du sort mettra un frein brutal à l’ascension d’El Bichito. La grande scène européenne vire brutalement au cauchemar pour Jesé. Un sale coup du destin dont il ne se relèvera jamais vraiment.

Une vente au PSG en 2016 : le début de la déchéance

Après une saison difficile au Real Madrid suite à son retour de blessure, Jesé Rodríguez tente de relancer sa carrière en rejoignant le Paris Saint-Germain à l’été 2016. Mais ce qui devait être un nouveau départ s’avère le début d’une véritable déchéance. Sa première saison au PSG est catastrophique, au point que le club décide de le prêter dès la fin du premier tour à Las Palmas, club de son île natale. Pourtant, ce retour aux sources ne porte pas ses fruits et Jesé enchaîne avec un prêt à Stoke City, où il ne parvient pas non plus à retrouver son niveau.

Les prêts s’accumulent sans succès : au Real Betis, puis au Sporting Lisbonne, les résultats sont tout aussi mitigés. Finalement, en décembre 2020, le PSG met un terme à son contrat, clôturant une période où Jesé s’est davantage fait remarquer pour ses frasques extra-sportives que pour ses performances sur le terrain.

Pour tenter de se remettre sur les bons rails, l’attaquant retourne à Las Palmas, où il réalise deux saisons honorables en deuxième division espagnole. Mais à l’été 2022, Jesé prend un virage plus exotique en signant à Ankaragücü, en Turquie. Par la suite, il se mue en véritable globe-trotter, poursuivant sa carrière à la Sampdoria en Italie, puis à Coritiba au Brésil. En octobre 2024, il finit par rejoindre le club malaisien de Johor Darul Ta’zim, un nouveau chapitre dans une fin de carrière marquée par des périples aux quatre coins du monde. 

Mais alors, que serait devenue la carrière de Jesé Rodríguez sans cette terrible blessure du 18 mars 2014 ? La question reste sans réponse, relevant désormais de la pure spéculation. Ce qui est certain, c’est que Jesé possédait toutes les qualités pour devenir un grand joueur de football. Frustration éternelle…

 

Allan Vega.

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