Ballon d’or : pourquoi Vinicius Jr. méritait de remporter la prestigieuse récompense

par | 28/10/2024 - 23:10 | 0 commentaires

ÉDITORIAL - L'absence de sacre pour Vinicius Jr. occulte une saison extraordinaire au cours de laquelle le Brésilien a marqué la Liga et la Ligue des champions de son empreinte. Le gamin de Flamengo à la progression époustouflante aurait difficilement pu faire mieux. Six ans après avoir rejoint le Real Madrid, il aurait dû être couronné.

On pensait Vinicius Jr. seul sur sa planète. Mal nous en a pris. Ce lundi, au théâtre du Châtelet, l’attaquant brésilien n’a pas soulevé son premier Ballon d’or. Le Brésilien ne s’est même pas rendu à Paris. Son président, Florentino Pérez, et ses coéquipiers, n’ont pas fait le déplacement non plus. La distinction est revenue à Rodri, vainqueur de l’Euro et de la Premier League. Jude Bellingham, lauréat de la Liga, de la Ligue des champions et finaliste du championnat d’Europe, a terminé sur la troisième marche du podium. Si le non-sacre de Vini est plus que contestable, il n’en demeure pas moins historique. Depuis Kaka, couronné en 2007, aucun Brésilien n’a reçu le titre individuel suprême. Cette année, dans l’incompréhension la plus totale, le trophée échappe à Vini à la dernière minute après lui avoir été longtemps promis.

A seulement 24 ans, Vinicius Jr. a encore le temps de prouver à l’Europe entière que le travail et l’opiniâtreté peuvent transformer un dribbleur brouillon en insaisissable buteur. Parce que sa grande déception est à la hauteur de ses accomplissements cette saison, Vini devra rester fort pour surmonter cette épreuve dans l’espérance et non l’amertume. Signe qu’il compte bien poursuivre son élan, Vinicius a pris la parole ce lundi soir pour réagir à l’annonce du vainqueur. « J’en ferai 10 fois plus si nécessaire. Ils ne sont pas préparés », a-t-il écrit. Combatif, déjà prêt à rebondir après cet échec, Vini promet de faire parler la poudre durant les prochains mois. Pour ne pas se laisser abattre, et surtout prouver au monde du football qu’il a eu tort de ne pas le placer en tête.

Depuis six ans, l’ailier brésilien a mis tout en place pour tutoyer les sommets du football européen. Un plan de bataille établi dès son arrivée à Madrid, en 2018, afin de corriger ses lacunes dans la finition et solidifier un corps trop frêle à l’origine. Plus que jamais, Vinicius Jr. est parvenu à construire une oeuvre à base de rigueur et d’acharnement, guidé par une philosophie fondamentale : le spectacle.

Décisif et magique, le meilleur joueur du monde

« Je veux rendre à ce club tout ce qu’il m’a donné », confessait Vini au sortir de la rencontre de Ligue des Champions face à Dortmund, mercredi, lors de laquelle il a inscrit un triplé. Cette déclaration lui ressemble. Gratitude, ambition et détermination. Ce tiercé accompagne Vinicius Jr. depuis ses débuts dans la capitale espagnole, en 2018, année où il a été moqué par divers spécialistes pour sa maladresse chronique dans le dernier geste. Piqué au vif par la sphère médiatique, tourné en dérision par certains supporters, l’ailier auriverde a alors entamé un long travail en silence.

D’abord sous Lopetegui et Solari. Puis sous Zidane. Et enfin, le déclic Ancelotti. La saison 2021-2022 a servi de tremplin pour le natif de São Gonçalo, auteur de 17 buts et 10 passes décisives en championnat. Jusque-là, Vini plafonnait à trois réalisations par exercice en Liga. Un bond quantitatif qui a propulsé le Real Madrid sur le trône national et continental. La saison dernière, le Brésilien a inscrit 15 buts et délivré cinq passes décisives en Liga. Des performances remarquables qui ont guidé le Real Madrid jusqu’au titre. Mais si le numéro 7 de la Maison Blanche a significativement amélioré sa précision devant les cages, il n’a pourtant rien perdu de sa créativité. Mieux, Vinicius Jr. injecte une dose de magie dans chacune de ses actions, comme si l’insouciance de l’enfant de Rio continuait de guider la star de Madrid. Un mantra assumé pour celui qui fait régulièrement l’objet de procès en arrogance.

Aussi libre que généreux

Si l’outrecuidance a un visage, ce n’est certainement pas celui de Vini. Il n’est pas plus humble qu’un joueur faisant de ses facéties sur le terrain le carburant de ses réussites. Parce qu’il tente de régaler le simple spectateur à chaque sortie, Vinicius Jr. fait souffler un vent de légèreté au-dessus d’un football mondial décrié pour sa prévisibilité, sa rudesse physique et sa redondance tactique. Souverain sur son côté gauche, l’attaquant brésilien dévore les espaces à mesure qu’il batifole, laissant libre cours à sa capacité d’improvisation. 

Vinicius Jr. tient à sa liberté, celle d’un ailier qui convertit presque autant qu’il distribue. L’an passé, Vini a marqué six buts en Ligue des champions, dont un en finale, pour cinq passes décisives. Un altruisme qu’il entretient notamment grâce à son excellente relation avec Bellingham, sur le podium du Ballon d’or. Vinicius Jr, lui, aurait aimé graver son nom sur la sphère dorée pour la première fois. La consécration absolue n’est pas pour cette fois. L’apothéose viendra. Celle d’un champion mature, dont le plus grand accomplissement est sans doute celui d’être passé de Junior à Senior.

 

Tanguy Soyer.

Home
Chrono