Le Real Madrid, une arme géopolitique utilisée à ses dépens par l’Espagne (partie 2) : une partie intégrante de l’identité culturelle

par | 31/12/2024 - 10:12 | 0 commentaires

Le « catenaccio » italien, le « football totale » néerlandais, ou plus récemment le « gegenpressing » allemand. Depuis les débuts de son expansion mondiale à la fin du XIXᵉ siècle, le football a constamment fait preuve d’une grande souplesse d’adaptation. Mieux, cette pratique s’est identifiée au fur et à mesure du temps comme une poche de résistance des identités tant sociale que culturelle. Des styles de jeux, mais surtout des clubs, comme le Real Madrid, occupant une place à part entière dans la société à différentes échelles.

Un constat devenu presque règle, au sein de laquelle la terre ibérique et plus particulièrement sa capitale ne contredit. Au Real Madrid, l’art du ballon rond s’apparente à un mode de vie, voire à une religion, où la Casa Blanca occupe une place centrale. Certains rétorqueront que d’autres clubs, à l’instar de l’Atlético de Madrid, mais aussi du Rayo Vallecano, occupent une place tout aussi importante dans le folklore madrilène.

Cependant, les sympathisants Merengues auraient pu être baptisés « Realistes », car il ne s’agit de l’unique club de cette vaste ville. Or, ces derniers ont hérité du nom de « Madridistes », un mot qui en dit long sur la place du Real Madrid dans la capitale espagnole. L’on parle ici d’un club devenu une institution, ayant tout bonnement transmis ses us et coutumes si atypiques à cette métropole, à cette région, à ce pays.

Un pan du caractère ibérique et madrilène

Un enfant vêtu d’un maillot violet floqué « Ronaldo » qui dribble ces amis dans les travées de la capitale, puis marque entre un pull et un sac à dos, avant de célébrer son golazo en étendant ses bras à la Bellingham. Des instants comme ceci, pourtant nombreux, représentent qu’un simple coup de pinceau au sein de cette mosaïque blanche et or que l’on appelle Real Madrid.

Vous l’aurez compris, il ne s’agit du Real Madrid qui vit au rythme de la capitale, mais bien de l’inverse. Des trésors architecturaux comme Santiago Bernabéu jusqu’aux festivités urbaines sur la Plaza de Cibeles, en passant par le développement de la jeunesse : la Maison Blanche exerce son influence culturelle dans toutes les sphères de la vie.

D’ailleurs, même les locaux ne détenant d’affection particulière envers le club ne peuvent échapper à la portée des Merengues. La raison ? Les jours de match ou encore les célébrations de titre entraînent une vague blanche déferlant dans les moindres coins de la Villa y Corte. Ce genre de célébration, d’évènement met en exergue une valeur d’unité entre les habitants développant, ainsi, une identité unique.

Au-delà de cet aspect bien précis, le Real Madrid occupe aussi une place prépondérante dans la vie sociale de Madrid, en rassemblant notamment des individus provenant de divers milieux. Qu’il s’agisse de discussions endiablées entre voisins ou dans les cafés, ces interactions quotidiennes révèlent le rôle du club en tant que catalyseur.

De surcroît, cette philosophie du « Madrilisme » prônant travail, discipline et surtout esprit d’équipe ; ne se limite au simple carré vert, bien au contraire. Nombreuses se manifestent les associations ou encore clubs sportifs, tant à l’échelle locale que nationale, qui s’inspirent des valeurs de la Fábrica. Ajouté à cela la fondation du club, promouvant l’éducation ainsi que les valeurs sociales dans les zones défavorisées et la Casa Blanca joue de même un rôle primordial dans le façonnement des générations futures.

Le Real Madrid comme outil d’exportation de la culture espagnole

Que vous veniez d’Asie, d’Amérique latine ou encore d’Afrique; la culture « made in Real Madrid » fascine. Au sein d’un monde toujours plus globalisé, marqué par un phénomène d’ouverture nationale sur le marché mondial, le football apparait comme un élément clé dans l’exportation culturelle.

En effet, cette pratique répond parfaitement aux besoins de l’industrie culturelle transnationale de nos jours, et cela, pour deux raisons principales. D’un côté, grâce à sa popularité, cette activité s’exporte facilement sur les écrans des marchés émergents. De l’autre, il s’identifie sans doute comme l’un des sports les plus compatibles avec les valeurs fondamentales du capitalisme, le rendant ainsi attractif aux yeux des acteurs économiques.

Au vu de ces faits, imaginez l’impact de la plus grande institution du football, ce jeu qualifié « d’exemple le plus accompli de la mondialisation » par l’historien français Georges Vigarello. Véritable pan de l’identité ibérique, comme vu précédemment, le Real Madrid participe grandement à une madrilénisation et espagnolisation des esprits à travers le monde.

Une sorte d’universalisation des goûts ibériques de consommations, des codes de comportements ainsi que de pratiques de mise en scène. Le madridisme influence tant les habitudes de réception visuelle que la mise en scène de soi-même, tel le style vestimentaire ou la manière de célébrer. En réalité, cette vague blanche et or ne déferle uniquement sur la capitale espagnole, mais bel et bien autour du globe.

D’ailleurs, ce processus ne cesse de croître dans un mouvement accéléré et intensifié des flux culturels grâce aux réseaux globaux de communication, couplé à l’influence croissante de la Casa Blanca. Aujourd’hui, les Merengues parviennent à franchir des frontières uniques pour l’Espagne, en parvenant à transcender des cultures différentes.

En résumé, le Real Madrid se démarque en tant que producteur d’identité nationale, tout en mondialisant cette même culture. Rares se révèlent les institutions capables de joindre ces deux aspects, et c’est en cela que ce club apparaît vraiment comme le joyau de l’Espagne.

Alexis Gallot

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