Depuis son arrivée à la Casa Blanca, Xabi Alonso a testé trois schémas différents : le 4-3-3, le 3-5-2 et le 4-4-2 losange. Le 4-3-3, notamment en amical face au club autrichien du WSG Tirol, semble avoir les faveurs du Basque, mais les deux autres systèmes de jeu ont également les caractéristiques, pour correspondre au style de jeu de Xabi Alonso.
Le 4-3-3 : un dispositif de référence, une organisation à apprivoiser
« Je veux que les joueurs évoluent là où ils se sentent le plus à l’aise et là où ils peuvent le mieux exprimer leurs qualités physiques, tactiques et mentales. » Lors de sa conférence de présentation en tant qu’entraîneur du Real Madrid, Xabi Alonso a mis les choses au clair. Le 4-3-3 semble être un bon compromis, car il permet aux joueurs garder leurs automatismes de la saison dernière et d’évoluer, pour la plupart, à leurs postes préférentiels.
C’est d’ailleurs avec ce schéma tactique que Xabi Alonso a démarré son aventure avec le Real Madrid, lors des deux premiers matchs de la Coupe du monde des Clubs face à Al-Hilal FC (1-1) et au CF Pachuca (victoire 3-1). Résultat : Xabi Alonso a montré qu’il souhaite mettre en place un style basé sur la construction du jeu depuis le gardien de but, l’équilibre entre la défense et l’attaque, ainsi que le pressing haut.
En défense, les recrues Dean Huijsen, Trent Alexander-Arnold et le canterano, Álvaro Carreras, sont favorites pour former le nouveau quatuor défensif (avec Éder Militão qui est probablement en ballotage favorable face à Antonio Rüdiger et Raúl Asensio). Ils évoluaient tous les trois dans une défense à quatre avec leurs précédents clubs. Et continuer sur cette lancée au Real Madrid pourrait les aider à s’adapter plus rapidement, grâce à leurs repères dans ce dispositif.
Au milieu de terrain, le 4-3-3 permet de mettre chaque acteur dans les meilleures dispositions. Aurélien Tchouaméni devrait s’installer durablement au poste de sentinelle, là où il enchaîne les bonnes performances depuis le début de l’année 2025. Federico Valverde serait sans aucun doute dans sa position favorite de box-to-box. Jude Bellingham complèterait bien évidemment ce trio, mais sera remplacé jusqu’à son retour
Enfin, Xabi Alonso peut instaurer une concurrence cinq étoiles dans le couloir droit de l’attaque. En effet, Arda Güler, Rodrygo Goes, Brahim Díaz et la recrue Franco Mastantuono peuvent être alignés au poste d’ailier droit. Mais le jeune brésilien de 24 ans part peut-être de plus loin dans la hiérarchie, car ses trois coéquipiers ont des profils de créateurs, qui correspondent plus à la philosophie de jeu de l’entraîneur basque.
En effet, ils peuvent participer davantage à l’organisation du jeu, notamment en rentrant régulièrement vers l’intérieur du terrain avec leurs pieds gauches dévastateurs. Comme l’a très bien montré Arda Güler, très à l’aise dans ce registre contre le FC Pachuca. L’international turc peut d’ailleurs avoir un rôle également très important si Xabi Alonso opte pour le 3-5-2.
Le 3-5-2 : un schéma tactique révolutionnaire au Real Madrid
Le 3-5-2 est un schéma étranger au Real Madrid et donne l’impression d’amorcer une nouvelle ère inédite dans le club, notamment avec ce passage à trois défenseurs centraux. Ce grand saut dans l’inconnu est excitant et rassurant, car Xabi Alonso s’est révélé au plus haut niveau au Bayer 04 Leverkusen, en utilisant le 3-4-3 et maîtrise donc bien ces systèmes de défense à trois. Mais ce 3-5-2 laisse aussi la place au doute, car les joueurs doivent apprivoiser les rouages et trouver leurs automatismes dans un dispositif qu’ils n’ont pas l’habitude de pratiquer.
Xabi Alonso a utilisé le 3-5-2 à deux reprises lors de la Coupe du Monde des Clubs contre le FC Red Bull Salzburg (victoire 0-3 en phase de poules) et le Juventus FC (victoire 1-0 en 8e de finale). Et dans ce schéma tactique, Aurélien Tchouaméni qui intègre une défense à trois centraux, est la véritable pièce maîtresse de l’équilibre de l’équipe ! En effet, l’international français est d’une aide précieuse, pour arrêter les attaques adverses, aux côtés de ses deux compères de la charnière centrale.
Les pistons ont en effet un rôle prépondérant dans le 3-5-2. Tout d’abord, ils peuvent déborder beaucoup plus souvent, grâce à leurs positions plus avancées, ce qui crée une supériorité numérique pendant les attaques. Les pistons participent également davantage à l’organisation du jeu, en pouvant coulisser dans l’axe et combiner avec les milieux de terrain. De plus, à la perte du ballon, les défenseurs centraux, situés à gauche et à droite de la défense, peuvent fermer les couloirs, pour empêcher les ailiers adverses d’exploiter les espaces laissés par les pistons lors de leurs montées.
Au milieu de terrain, l’organisation est aussi différente, car Federico Valverde recule d’un cran et évolue au poste de milieu défensif. Et lors de la Coupe du Monde des Clubs, Arda Güler a performé dans un nouveau rôle de milieu créateur reculé. En effet, il récupérait les ballons très bas sur le terrain, pour relancer le jeu rapidement dans des phases de transitions renversantes. Jude Bellingham, lui, a un rôle d’électron libre, lui permettant de faire le lien entre le milieu de terrain et l’attaque.
Avec le 3-5-2, Xabi Alonso peut associer Kylian Mbappé et Vinicius Jr. dans l’axe. Dotés d’une grande polyvalence, ils ont les capacités pour permuter incessamment et se balader sur tout le front de l’attaque. Les défenseurs adverses peuvent éprouver plus de difficultés à les marquer, à cause de la totale liberté de mouvement que leur octroie ce schéma tactique. Et c’est aussi avec le 4-4-2 losange que le Real Madrid peut bénéficier des avantages de l’association des deux cracks en attaque.
Le 4-4-2 losange : un schéma attrayant offensivement, mais rigoureux défensivement
Contrairement au 3-5-2, le 4-4-2 losange n’est pas étranger aux Madridistas. Bien au contraire, il a été l’artisan de certains des plus grands succès de l’histoire du club, notamment avec la LDC gagnée en 2024 sous l’ère Carlo Ancelotti et celles remportées par Zinédine Zidane en 2017 et 2018.
Le 4-4-2 losange a été expérimenté par Xabi Alonso lors des deux dernières rencontres du Real Madrid en Coupe du Monde des Clubs face à Dortmund en quart de finale (victoire 3-2) et au PSG en demi-finale (défaite 0-4). Ce système de jeu permet d’avoir une supériorité numérique au centre du terrain avec quatre milieux : une sentinelle, deux milieux relayeurs et un meneur de jeu. Cet avantage quantitatif peut être déterminant dans la bataille du milieu et un atout dans la mise en place de la philosophie de jeu de Xabi Alonso, qui est axée sur la maîtrise du ballon.
En revanche, ce schéma tactique est très rigoureux défensivement et peut créer un déséquilibre, si l’équipe ne se replie pas dynamiquement à la perte du ballon. En effet, lors des phases défensives, les latéraux et les milieux relayeurs doivent redescendre très rapidement, pour éviter de laisser la sentinelle et les défenseurs centraux livrés à eux-mêmes face aux attaques adverses.
Et Xabi Alonso a pu le constater lors de la Coupe du monde des Clubs, en voyant son équipe concéder six buts lors des deux matchs disputés avec le 4-4-2 losange, alors qu’elle en avait encaissé que deux lors des quatre matchs précédents. Nul doute que l’ancien joueur du Real Madrid va en tirer les conclusions, pour rectifier le tir, s’il souhaite utiliser ce système de jeu au cours de cette nouvelle saison.
Le 4-3-3, le 3-5-2 et le 4-4-2 losange sont tout aussi crédibles pour faire briller le projet de jeu ambitieux du coach merengue. Face à Osasuna, le Basque devra réaliser le meilleur choix pour lancer la saison du Real Madrid sur de bons rails.
Mickael Mavoungou