Entretien LJDR / Alfonso Pérez : « Florentino Pérez ramènera Mbappé et Haaland au Real Madrid »

L'ancien joueur du Real Madrid a accordé une interview au Journal du Real où il témoigne son passé dans le club madrilène : ses premiers pas, ses débuts en équipe première, les légendes qu'il a côtoyées, sa blessure. Alfonso Pérez raconte son expérience et donne son avis sur l'actualité du Real Madrid.

par | 26/10/2021 | 0 commentaires

Considéré comme la relève d’Emilio Butragueño pendant plusieurs années, la carrière d’Alfonso Pérez au Real Madrid bascule le 8 janvier 1994. Alors qu’il enchaînait ses meilleures performances avec le maillot blanc et qu’il jouait avec assiduité sous les ordres de Benito Floro, l’espagnol subit une grave blessure lors d’un Clásico de Liga au Camp Nou. Une rupture du ligament croisé intérieur du genou droit va l’écarter des terrains et le priver de la Coupe du Monde 1994 aux États-Unis. « Le plus dur quand tu subis ce genre de blessure c’est ce sentiment d’impuissance, cette obligation de rester longtemps en dehors du terrain et de ne pas pouvoir aider tes coéquipiers », témoigne t-il. Forcément, un fait marquant pour Alfonso. La blessure impactera le futur de sa carrière qui était promise à récupérer le légendaire 7 blanc.

Un produit Real Madrid

Originaire de la banlieue madrilène, plus précisément de Getafe, Alfonso Pérez est un pur produit de La Fábrica, le centre de formation du Real Madrid. Il y entre à l’âge de 13 ans et passera par tous les échelons avant d’arriver en équipe première. Considéré comme l’une des académies d’élite du football mondial, La Fábrica transmet à ses espoirs un bon nombre de valeurs et de savoirs bien définis par le club madrilène. « L’image au Real Madrid est une chose vraiment importante. À ses jeunes joueurs, le club enseigne le respect, le fair-play, la discipline et surtout, savoir et vouloir gagner. Forcément, avoir du talent te permet d’y entrer mais, une fois dedans, les différents entraîneurs, la méthodologie des entraînements et la concurrence te permettent de grandir et d’apprendre. Son objectif est d’avoir de plus de promesses possibles, de les former et d’en sortir des joueurs capable de jouer en équipe première », explique t-il.

Dans les catégories inférieures, Alfonso Pérez est entraîné par deux anciennes gloires du Real Madrid : Vicente del Bosque et Mariano García Remón, chacun d’eux formé au club. Le premier, on ne le présente plus. Il est juste bon de rappeler qu’il a remporté l’unique Coupe du Monde de la sélection espagnole, rien que ça. Le deuxième est arrivé en équipe première en 1966 et a défendu les cages du Santiago Bernabéu pendant 20 ans. Homme de club, l’ancien gardien espagnol a connu tous les postes existants : entraîneur de l’équipe première, entraîneur adjoint, entraîneur des jeunes et recruteur. « Mariano a été l’un de mes premiers entraîneurs. Il m’a aidé a grandir comme joueur et personne. De toute manière, chaque entraîneur que tu connais sont importants. Vicente a été l’un d’eux également. Il était à l’époque le directeur du centre de formation et quand je suis arrivé au Real Madrid Castilla, il est devenu l’entraîneur. C’est une personne qui connaît et respire le football », raconte Alfonso.

« Tu te rends compte que tu es un jeune espoir important grâce aux commentaires de tes entraîneurs et de la presse. En plus de ça, j’ai été surclassé tôt. J’avais un an de moins que les autres joueurs ». Lors d’une époque dans laquelle il n’existait pas les réseaux sociaux, Alfonso Pérez fait du bruit petit à petit au fil des matchs grâce aux commentaires de ceux qui suivent de près La Fábrica. Les personnes au club, les journalistes spécialisés, ou encore les familles, tous s’accordent à dire que ce gamin peut remplacer Emilio Butragueño. Aussi, on parle d’une époque où les clubs se nourrissaient de ses catégories jeunes. La formation, la fameuse cantera, était la base de tous les clubs professionnels en Espagne. « À l’époque, c’était beaucoup plus simple d’arriver en équipe première après être sorti du centre de formation du Real Madrid. Avant, il ne pouvait y avoir que trois joueurs étrangers. Aujourd’hui, il n’y a pas de limites », témoigne t-il.

Ses débuts au Santiago Bernabéu et ses années en équipe première

24 février 1991. Alfonso Pérez fait ses débuts avec le Real Madrid au Santiago Bernabéu face au Real Saragosse. Le jeune espagnol intègre un groupe rodé et mythique, mais sur la fin : la fameuse équipe de la Quinta del Buitre. L’entraîneur de l’époque, la légende Alfredo Di Stéfano, le fait monter en A. La Saeta Rubia était connu pour avoir beaucoup de tempérament quand il portait le maillot du Real Madrid. C’était une personne franche avec une mentalité de gagnant et que le vestiaire redoutait. Quand parlait Alfredo Di Stéfano, le joueur, tout le monde écoutait. Mais comment était le Di Stéfano entraîneur ? « C’est important d’avoir un entraîneur qui fût joueur. L’avantage c’est qu’il sait comment et ce que pense un joueur de football. Il avait cet avantage de savoir gérer certaines situations chaudes dans le vestiaire. À côté de ça, c’était une personne très drôle avec beaucoup de réparti. Un crack. »

Parmi les légendes du vestiaire de l’époque, voici quelques noms : Butragueño, Chendo, Sánchis, Míchel, Hugo Sánchez, Paco Buyo, Fernando Hierro et Paco Llorente. Alfonso Pérez intègre ce groupe à l’âge de 18 ans. Enfant du club et appelé à être la relève de « El Buitre », l’intégration chez les grands se passe plutôt bien. « Ils m’ont vraiment bien accueilli et m’ont même beaucoup aidé. Je n’étais pas si timide et je me suis bien incorporé au vestiaire. Les entraînements se déroulaient vraiment bien, toujours avec beaucoup de respect et de professionnalisme. Et je prends l’exemple d’Emilio qui a toujours été un monsieur et un exemple à suivre pour tout le monde en dehors du terrain comme dedans », avoue t-il.

De 1990 à 1995 – une période où le F. C. Barcelone domine le championnat espagnol -, Alfonso Pérez remportera « à un jeune âge » une Liga, une Coupe du Roi et une Supercoupe d’Espagne avec le Real Madrid, et sera champion olympique avec l’Espagne en 1992. Compliqué de rivaliser face à ce Barça « malgré deux championnats qui ont été perdus deux années de suite lors de la dernière journée ».

La carrière de l’attaquant espagnol au Santiago Bernabéu prend un tournant négatif à cause des blessures. D’abord celle au Camp Nou, puis celle au Sánchez Pizjuán lors de la 1ère journée de Liga 94-95. Raúl prendrait ensuite du galon et Alfonso se verra obliger de revoir ses objectifs. La possibilité d’aller au Real Betis durant l’été 1995 se présentera et le joueur décidera de partir. « Au Betis, j’avais de plus grandes chances de jouer. Au Real Madrid, il y avait de très bons joueurs avec des plus grands noms, c’était logique que ce soit eux qui jouent. J’ai donc décidé de signer au Betis. » Choix payant pour lui puisqu’il retrouve de la régularité dès sa première saison en disputant 35 matchs et en inscrivant 12 buts.

Le Real Madrid, toujours favori

Après s’être imposé ce dimanche au Camp Nou par 2 buts à 1, les faux pas face au Sheriff Tiraspol et à l’Espanyol avant la trêve sont déjà oubliés. Le Real Madrid est deuxième de Liga, avec un match en moins, à 1 point du leader, la Real Sociedad. Un début de saison plutôt convainquant pour le groupe et Carlo Ancelotti. L’italien cherche à remporter la Liga, le seul championnat qui lui manque à son palmarès. « Le Real Madrid a toujours les conditions de viser tous les titres. C’est un grand club avec une grande équipe, il est toujours favori. »

« J’adore Karim Benzema. C’est lui qui fait jouer l’équipe, il protège et sait bien conserver le ballon. Il sait qu’il est important dans cette équipe et il assume son leadership avec des buts et du jeu. Quant à Vini Jr., il est jeune et prometteur, et l’une de ses plus grandes vertus est sa rapidité. Il aura le temps de démontrer tout son talent au monde. » Les deux joueurs sont les hommes forts de l’attaque madridiste en ce début de saison. Le brésilien répond à tout ceux qui se sont moqués de lui jusqu’à présent et le français est sur sa lancée pour remporter son premier Ballon d’Or. Forcément, les supporters madrilènes sont aux anges. Mais, ils le seraient encore plus si on y ajoute Kylian Mbappé et Erling Haaland. « Lequel je choisis pour construire un nouveau projet ? Je prends les deux sans aucun doute. Au Real Madrid, il y a toujours les meilleurs joueurs du monde. Florentino les ramènera tous les deux », lâche t-il. 

Enfin, Alfonso Pérez conclut par quelques mots pour Raúl, l’actuel entraîneur du Real Madrid Castilla, qui est promis, en principe, à récupérer le banc de l’équipe première : « Raúl connaît le Real Madrid et le représente parfaitement bien grâce aux valeurs qui lui ont été inculquées ici. » L’avenir nous dira si Raúl pourra transmettre cet héritage aux futurs stars du Real Madrid…

Pablo Gallego / Pablo_Gallego__