Dans le nord de l’Angleterre, l’histoire est lourde. Lourde de sens par le palmarès étoffé du Real Madrid, mais aussi lourde de conséquences. L’Épée de Damoclès qui plane au-dessus des Madridistas y est pour une bonne raison. Dans le meilleur club du monde, on ne rigole pas avec la Ligue des Champions. Cependant, les coéquipiers de Karim Benzema ne s’inquièteront pas. À tout moment, le glaive aussi oscillant que menaçant peut-être récupéré pour trancher la tête du rival et monter sur le trône européen. La tâche sera compliquée face au Manchester City de Pep Guardiola. L’ennemi du soir prenant bien souvent des airs d’hydre avec son effectif, sûrement le plus compétitif d’Europe. Mais si la tâche est dure, elle reste à la hauteur d’une demi-finale européenne et comme le titre AS en Une ce mardi 26 avril, la tunique blanche est « à 180 minutes de Paris. »
Deux têtes pensantes bien différentes
Si Carlo Ancelotti et Pep Guardiola ont tous les deux l’habitude de l’Europe, leur gestion de l’effectif ne se ressemble pas tellement. À Manchester City, les moyens financiers permettent de disposer d’un régiment de joueurs absolument phénoménal. Parmi les locataires de l’Etihad, il y a plus de 11 magiciens qui ont le potentiel pour être titulaire dans ce genre d’événement. Un joueur des SkyBlues a une valeur moyenne de 43,60 millions d’euros, selon Transfermarkt. Pour le Real Madrid, la moyenne descend à 29,10 millions d’euros. Mais si Pep a une palette de couleur complète à sa disposition, l’Italien Carlo Ancelotti possède le tableau avec les plus belles teintes. On retrouve le Ballon d’Or Luka Modrić, l’actuel meilleur joueur du monde Karim Benzema et pléthore d’autres grands noms dans le XI titulaire du Real Madrid.
Et sur ce point, les deux coachs s’éloignent. Pep Guardiola a l’habitude de faire tourner son effectif. Pour être plus précis, l’intensité du football anglais l’oblige à utiliser toutes les armes à sa disposition. Pour Carlo Ancelotti, la critique lui a souvent été faite de ne pas faire une rotation assez importante. Comme le disait Guti fin mars sur le plateau d’El Chiringuito : « Le Real Madrid ne peut pas tourner avec seulement 12 ou 13 joueurs. Une grande équipe qui veut se battre sur tous les tableaux ne peut pas composer avec 14 joueurs. » Si la déclaration a été faite sous le coup de l’émotion après la défaite 0 à 4 au Clásico, le match de ce soir permettra de voir quelle école est la meilleure. De son côté, Carlo Ancelotti s’est toujours défendu en déclarant : « Si un joueur va bien, il n’a pas besoin de se reposer. Ça n’a pas de sens de ne pas le faire jouer. » C’est notamment ce qu’il avait rétorqué aux journalistes le 19 avril dernier au sujet de Karim Benzema.
Le poids de l’histoire
En conférence de presse, les débats ont beaucoup tourné autour de l’histoire des deux institutions. Certes, Manchester City a une histoire. Avant l’arrivée des investisseurs du Golf, le club pouvait déjà se vanter d’avoir 2 titres de Premier League, 4 FA Cup et une Coupe des Coupes. Un palmarès qui était déjà plus fourni que la majorité des équipes que les Citizens pouvaient affronter. Mais depuis son rachat, l’histoire s’accélère et au milieu de ces clubs aux nouvelles prétentions, Manchester City fait office de tête de liste. Dans une autre dimension, le Real Madrid a les pieds solidement ancrés dans le grand livre du football. Il faudrait plus qu’un simple chapitre de ce dernier pour parler de ses exploits. Pour faire simple, si les Skyblues veulent l’aura du Roi d’Europe, il leur faudrait régner sans partage sur le continent durant 15 ans au minimum et sur l’Angleterre durant au moins 30 ans. Un scénario impossible qui symbolise le fossé séparant les deux écuries et leur état d’esprit respectif.
En conférence de presse, Pep Guardiola ne désirait pas se mesurer à l’histoire de la tunique blanche. À la veille du match, il déclarait : « Si nous devons jouer contre l’histoire du Real Madrid, nous n’aurons aucune chance. Ils sont meilleurs à ça. Mais nous avons l’envie de les affronter, c’est une épreuve incroyable. On doit souffrir défensivement, collectivement et offensivement. » Confrontés aux mêmes journalistes, Carlo Ancelotti a dû rebondir sur cette déclaration de l’ancien Catalan. Le manager italien connaît bien le club et rappelle constamment la joie qu’il ressent à l’idée d’entraîner un tel club. Dans cette optique, il explique : « Il y a beaucoup de pression. Pour Madrid, ce n’est généralement pas un succès d’atteindre la demi-finale. Le but, c’est d’atteindre la finale. Tel est l’objectif du club chaque saison. »