Carlo Ancelotti est-il le plus grand entraîneur de l’histoire ?

Aujourd'hui, Carlo Ancelotti est devenu le premier entraîneur de l'histoire du football à remporter les cinq grands championnats européens. Est-il le GOAT ?

Carlo Ancelotti

par | 30/04/2022 | 0 commentaires

Une Serie A lors de saison 2003-2004, une Premier League en 2009-2010, une Ligue 1 en 2012-2013, une Bundesliga en 2016-2017 et une Liga en 2021-2022, voici donc ce qu’est parvenu à faire Carlo Ancelotti en l’espace de 18 ans. C’est évidemment phénoménal, puisque personne n’a réussi une chose pareille avant lui. Peut-être même qu’il sera le seul pour l’éternité. Il y a Pep Guardiola et José Mourinho qui ont obtenu trois des cinq titres domestiques dans leur carrière d’entraîneur. La Liga, la Bundesliga et la Premier League pour le premier. La Premier League, la Serie A et la Liga pour le second. Bonne chance à eux.

Carlo Ancelotti a une armoire à trophées très fournie. En effet, il a conquis 22 titres. Parmi eux, 17 ont été des coupes. Partout où il est passé depuis ses débuts à l’AC Reggiana en 1995, l’Italien a gagné quasiment partout, mais il s’est principalement distingué durant les compétitions à élimination directe. Souvent, il est décrit comme un entraîneur de coupe, ce qui est sûrement vrai – on le voit encore cette saison en Ligue des champions -, c’est donc une prouesse encore plus grande d’avoir glané les cinq grands championnats. Si personne ne l’a fait avant lui, ce n’est pas un hasard. Revenons donc sur ses cinq aventures gravées à jamais dans l’histoire du football.

Une tactique historique et un Scudetto avec l’AC Milan

À l’orée de la saison 2003-2004, Carlo Ancelotti est sur le banc des Rossoneri depuis presque deux ans et il a déjà gagné une Ligue des champions et une Coupe d’Italie notamment. C’est cet été-là qu’un certain Kaká arrive du Brésil. Ancelotti créé ainsi la formation en « sapin de Noël » au sein duquel il aligne Andriy Shevchenko en pointe (meilleur buteur de Serie A), Rui Costa et Kaká en numéro 10 et Gennaro Gattuso, Andrea Pirlo, Clarence Seedorf en 8. C’est grâce à cette saison que le premier cité obtient son Ballon d’Or à la fin de l’année 2004, car cet exercice 2003-2004 est tout simplement une leçon donnée par l’entraîneur italien.

Alors que jusque-là, il n’était pas parvenu à conquérir le Scudetto, Carlo Ancelotti va mener ses joueurs vers le titre de plus belle des façons. Son équipe est flamboyante et domine outrageusement la Serie A. Avec 25 victoires, 7 nuls et 2 défaites en 34 journées, l’AC Milan glane 82 points. Ce qui constitue un record en Italie pour un championnat à 18 équipes et la victoire à 3 points. Considéré par certains comme la plus belle saison d’Ancelotti au Milan, malgré l’élimination en quart de finale de Ligue des champions par le Deportivo La Corogne, alors que durant son mandat, il a effectué d’autres saisons couronnées de succès, cela veut donc dire beaucoup. Cette saison 2003-2004 pose les bases d’une recette miracle pour Carlo. Pourtant, il ne remporte aucun autre Scudetto jusqu’en 2009, la faute à une Serie A ultra-concurrentielle dominée par l’Inter Milan de Roberto Mancini, année où il part conquérir la Premier League.

Veni, vidi, vici, et Carlo dompte l’Angleterre

Voulu par Roman Abramovitch après une saison 2008-2009 marquée par le passage successif de Luiz Felipe Scolari puis de Guus Hiddink, Carlo Ancelotti est l’un des entraîneurs en vogue. Les Blues espèrent de la stabilité avec l’Italien. Seule particularité, à la demande de son employeur, il vient à Londres tout seul, sans son staff. Un fait rare déjà à l’époque, mais surtout, il va parvenir à gagner sans ses repères habituels, signe qu’il sait s’adapter en toutes circonstances. Son arrivée à Chelsea est également marquée par un changement de routine : la mise au vert. Elle n’est pas automatique en Angleterre et cela tranche avec l’Italie. Carlo va grandement s’en imprégner et cela va le suivre tout au long de sa carrière.

Durant cette saison 2009-2010, Ancelotti va réaliser un doublé Premier League/FA Cup, une première depuis Arsenal en 2002. Malgré la déception en Ligue des champions, les Blues perdent face au futur vainqueur (l’Inter Milan de José Mourinho) dès les 1/8e de finale, son Chelsea va dominer le championnat devant le Manchester United de Sir Alex Ferguson, l’une des meilleures équipes du monde. Il y a deux éléments qui le prouvent aisément. Ancelotti et ses joueurs vont gagner leurs six matchs face au Big Four, un exploit impressionnant, et ils vont inscrire la bagatelle de 103 buts en 38 journées, ce qui constitue un record depuis la création de la Premier League en 1992, record battu seulement par Manchester City lors de la saison 2017-2018. Didier Drogba marque 29 buts, sa meilleure saison domestique pour lui. Pour sa première expérience hors de ses frontières, Carlo Ancelotti fait face à de nombreux changements, dont la tactique pour laquelle il met en place un 4-3-3 qui n’est pas dans ses habitudes, mais il remporte tout de même son deuxième championnat majeur.

La première Ligue 1 de l’ère qatari

La saison 2010-2011 est moins bonne et Roman Abramovitch se sépare du Mister au printemps. Un peu plus de six mois plus tard, il rebondit au Paris Saint-Germain et découvre le troisième pays de sa carrière d’entraîneur. On imagine alors qu’il est parti pour rester plusieurs saisons, car au sein du club de la capitale, c’est le début d’une nouvelle ère, celle des Qataris. Carlo Ancelotti apporte toute son expérience et sa connaissance du football du haut-niveau. C’est lui qui convainc ses dirigeants d’instaurer un restaurant au sein du club et fait grandir le club par sa rigueur. Arrivé en décembre 2011 dans la peau du leader du championnat, il se fait doubler par un Montpellier historique et perd la Ligue 1, la faute peut-être à un effectif très moyen.

L’erreur est réparée dès l’été 2012 et grâce à un cocktail qui fonctionne, Ancelotti remporte son troisième championnat, avec ses Parisiens à l’issue de la saison 2012-2013. De nombreux grands joueurs sont arrivés, dont notamment Zlatan Ibrahimovic et Thiago Silva. Le PSG remporte sa première Ligue 1 depuis 19 ans et le Mister n’y est certainement pas pour rien. En Ligue des champions, lui et ses joueurs se font éliminer par le FC Barcelone en quart de finale, sans perdre. Malheureusement pour le Paris Saint-Germain, des tensions avaient éclaté en interne durant la saison, notamment des pressions inutiles mises par les Qataris alors que l’équipe est première, et Ancelotti décide de démissionner au mois de mai, jugeant un environnement trop néfaste. Il avait vu juste.

Un petit tour victorieux en Bundesliga, et puis s’en va

Plusieurs années se sont écoulées, la Décima est passée par là, et Carlo Ancelotti débarque au Bayern Munich le 1er juillet 2016, découvrant ainsi l’Allemagne, pour remplacer Pep Guardiola. Il vient pour gagner la Ligue des champions, car son prédécesseur n’y est pas parvenu, échouant trois fois d’affilée en demi-finale. L’expérience bavaroise est courte, car l’entraîneur italien ne reste qu’un peu plus d’un an. Néanmoins, cela lui laisse suffisamment de temps pour remporter la Bundesliga.

C’est sûrement l’un des seuls accomplissements du Mister au Bayern Munich. Son équipe domine outrageusement le championnat et glane 82 points en 34 journées, avec 15 longueurs d’avance sur le RB Leipzig, surprenant dauphin. Par ailleurs, il y a beaucoup de déceptions. Ancelotti se fait éliminer par son ancienne équipe en quart de finale de Ligue des champions, le Real Madrid, dans une double confrontation mémorable. En Coupe d’Allemagne, il ne va pas au bout, car en demi-finale, le rival du Borussia Dortmund met un terme à l’aventure nationale. Durant son passage, Carlo fait le mauvais choix de se passer de Thomas Müller, préférant Thiago Alcantara au poste de numéro 10.

Plus globalement, le vestiaire bavarois n’adhère jamais réellement à ses méthodes et à sa vision, et après les retraites de Philipp Lahm et Xabi Alonso, la saison 2017-2018 commence mal avec un revers cinglant 3 – 0 au Parc des Princes en septembre. Il se fait licencier, mais l’essentiel est ailleurs, car sans le savoir, cette Bundesliga remportée contribue à remplir une armoire à trophée inédite pour un entraîneur. En effet, il devient le premier entraîneur de l’histoire du football à remporter 4 des 5 grands championnats européens.

Une Liga gagnée d’une main de maître

L’été dernier, à la surprise quasi-générale, le Mister est revenu au Real Madrid afin de préparer le début d’une nouvelle ère. Mais il n’est certainement pas venu pour faire de la figuration et il l’a prouvé. Encore en course pour atteindre la finale de la Ligue des champions, Carlo Ancelotti a fait du Real Madrid 2021-2022, une équipe capable de surmonter n’importe quelle situation difficile. Malgré certaines lacunes, les Madridistas ont mérité d’être là où ils en sont et Ancelotti est loin d’y être étranger. Le Real Madrid n’a laissé que des miettes à ses adversaires du championnat cette saison, prenant définitivement la tête de LaLiga dès la 14e journée.

Grâce à une magnifique paire Benzema-Viní Jr. qui a écrasé le championnat, le Real Madrid a remporté sa 35e Liga et Carlo Ancelotti devient donc le premier entraîneur de l’histoire à conquérir les cinq grands championnats européens. Un accomplissement immense, dont Carlo pourrait rester le maître pour très longtemps. La saison n’est pas terminée, nous aurons le temps de revenir évidemment sur cet exercice couronné de succès, mais grâce à ce résultat positif face à l’Espanyol de Barcelone aujourd’hui, Ancelotti et le Real Madrid ont terminé la partie.

Est-il donc le plus grand entraîneur de l’histoire ?

C’est toujours un débat difficile à décortiquer tant les avis sont nombreux, mais pour beaucoup, Carlo Ancelotti est le plus grand entraîneur de l’histoire. Ces cinq titres vont dans ce sens. Avant cela, le Mister s’est surtout démarqué sur la scène européenne, car il fait partie des trois entraîneurs qui ont remporté trois Ligue des champions, avec Bob Paisley et Zinédine Zidane. Ce n’est pas tout, car il fait partie également des trois entraîneurs les plus titrés de l’histoire si l’on prend en compte toutes les compétitions européennes (Ligue des champions, Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe, Ligue Europa, Coupe Intertoto, Supercoupe de l’UEFA et Coupe intercontinentale) avec sept titres, tout comme Sir Alex Ferguson et Giovanni Trapattoni. Enfin, il faut savoir qu’il est le premier entraîneur de l’histoire à s’être qualifié pour les demi-finales de la Ligue des champions sur quatre décennies différentes : des années 1990 aux années 2020. Cela fait donc beaucoup d’arguments en faveur du Mister.

En 2019, France Football avait, comme d’autres médias par le passé, dévoilé son top 50 des meilleurs entraîneurs de tous les temps. Le magazine français l’avait classé 8e. C’est à titre indicatif et cela n’engage que la rédaction de FF, mais le classement était plutôt intéressant, du moins à analyser.

Si je dois donner un avis, j’estime que Carlo Ancelotti n’a pas révolutionné le football, mais il l’a évidemment marqué de son empreinte pour l’éternité, suffisant pour qu’il soit dans le top 10 des plus grands de l’histoire. Selon moi, il ne peut pas être dans le top 5, tant certains ont bouleversé ce sport de façon extraordinaire.

Si l’on doit retenir une chose, c’est que désigner Carlo Ancelotti comme le GOAT n’est pas du tout infamant et que cela se défend parfaitement. Mais surtout, c’est génial d’avoir un tel entraîneur à la tête du Real Madrid. Chaque supporter ne doit pas l’oublier.

Eliott Lafleur