Il y a des joueurs que l’on n’explique pas. Des ovnis nés à la bonne époque et formés au bon sport qui outrepassent leur rôle au sein même de leur XI. Cette définition, on pourrait l’appliquer à des joueurs comme Karim Benzema au Real Madrid. Du côté de City, la flatterie collerait parfaitement au latéral portugais João Cancelo. Latéral moderne par excellence, il semble cocher toutes les cases des prérequis nécessaires à son poste. Mieux, Pep Guardiola a pris l’habitude d’en faire la clé de voûte de ses (nombreuses) expériences tactiques. Suspendu au match aller, il fera son grand retour au Bernabéu le 4 avril prochain. Une question vient alors : est-ce un nouveau caillou dans la chaussure pour les hommes d’Ancelotti ? Pire, est-il l’arme ultime qui permettra aux Skyblues de se qualifier pour la seconde finale de Ligue des champions de leur histoire ?
L’insaisissable maestro de Guardiola
Grâce à son profil, il est très difficile de se préparer à affronter João Cancelo. En effet, le Portugais est extrêmement polyvalent dans son style de jeu. S’il figure au rôle de latéral sur la feuille de match, son placement relève plus souvent de celui d’un milieu désaxé. Grand demandeur de ballon, il n’hésite pas à venir proposer des solutions en hauteur afin d’étirer le bloc défensif adverse. En Ligue des champions, le joueur avait touché 135 ballons face au Club Bruges KV, soit un cuir touché du pied toutes les 40 secondes. Même si Manchester City a eu 70 % de possession, la statistique reste impressionnante. Sur la distribution, le Lusitanien excelle également avec des taux de passes réussis dépassant régulièrement les 90 % de transmission complétées. Capable de porter le ballon, le joueur peut se révéler très dangereux avec le champ libre devant lui.
Plus que tout cela, ces chiffres montrent l’intérêt du joueur dans l’équipe de Guardiola. Si l’affirmation paraît parfois stéréotypée, elle se révèle (généralement) vraie : l’ancien coach du FC Barcelone et du Bayern Munich est un amoureux du jeu de possession, car si on possède le ballon, on ne peut pas prendre de buts. Dans son championnat, aucune équipe ne garde plus le ballon que la formation du technicien catalan. La qualité technique et l’omniprésence de João Cancelo offrent alors une solution de repli ou d’offensive inespérée. À certains matchs, il n’est pas rare de voir Guardiola laisser les rênes de la relance à son latéral portugais. Précis à la passe, il peut s’adapter à bon nombre de conditions de jeu, que son équipe soit en forme ou en méforme. Arrivé à Manchester City en 2019 d’une Juventus en perdition, le joueur a d’abord peiné à être compris par son coach. Aujourd’hui incontournable, il pourrait être le pilier qui soutient les Skyblues, eux qui se sont si souvent effondrés aux portes de la gloire européenne.
L’orgueil madridista
Oui, mais voilà… Madrid n’est pas Bruges. Et avec tout le respect pour le club belge, la formation d’Ancelotti a des armes pour répondre au retour du maestro des Citizens. La plus évidente, le retour de Casemiro devrait faire un bien fou à ses coéquipiers. Blessé à l’aller, la solution offerte par Toni Kroos en son absence n’a pas convaincu. Il densifiera un milieu trop souvent effacé du côté de l’Etihad Stadium. Le joueur pourrait complètement changer la dynamique du match s’il revient en étant à 100 %. Éventuellement associé à Camavinga, ils poseraient de sérieux problèmes au leader de Premier League. S’il faut marquer pour se qualifier, ne pas prendre de but sera l’autre clé pour prendre la direction du Stade de France. Comme le déclarait Vini Jr. après le match aller : « Maintenant, il faut garder la tête froide et devenir encore meilleur pour passer. Il faut améliorer un peu tout. Ça passera essentiellement par ce qui n’a pas marché en début de match. En plus de cela, il ne faudra pas encaisser de buts, sinon ça deviendra compliqué. »
Autre point positif, l’importance centrale de Cancelo dans le système de jeu de Guardiola peut également ouvrir des portes aux hommes d’Ancelotti. Le Portugais ne peut pas se dédoubler et son rôle peut l’obliger à abandonner parfois quelques obligations. On l’a vu au match aller, Aymeric Laporte a été en grande difficulté pour combler l’espace entre son latéral et lui. Cette fenêtre a offert plusieurs boulevards aux joueurs à la tunique blanche à l’image du but de Vini Jr. Le 4 avril, une équipe trop offensive de City pourrait se laisser facilement avoir dans ce secteur de jeu. La distribution du ballon par-dessus les lignes pour servir le Brésilien serait une occasion. De plus, on imagine aisément un Karim Benzema venir décrocher pour embêter ses adversaires, ou un Luka Modrić servir un délicieux caviar à ses attaquants. Reste à savoir si Cancelo sera placé à droite ou à gauche de sa défense. À l’aise sur les deux flancs, une disposition à droite permettrait à ce dernier d’avoir un face-à-face de haut niveau face à l’ailier brésilien. Ce dernier pourrait au pire occuper son vis-à-vis et au mieux lui faire goûter au même plat que l’expérimenté Fernandinho a pu tester en Angleterre.