Quand certains sont « The Best », Karim Benzema est d’Or…

Ce lundi 27 février, la cérémonie FIFA FIFPro The Best a eu lieu à Paris. Organisée par la fédération internationale, cette cérémonie a pour but de récompenser les meilleurs joueurs de l’année 2022.

Karim Benzema, Ballon d'Or avec le Real Madrid (Icon Sport)

Maintenant que le Ballon d’Or a fait le choix logique, mais tardif, de se concentrer sur les saisons, The Best a le champ libre. Créée en 2016 pour compenser la fin du partenariat entre la FIFA et France Football autour du globe doré, elle se divise en plusieurs catégories. Parmi elles, on retrouve certaines récompenses plus anciennes, comme le prix Puskás, et des inventions récentes, telles que le prix FIFA des supporters.

Au milieu de tout cela, quelques nominations cristallisent l’intérêt des amateurs de ballon rond : les prix du meilleur joueur et du meilleur gardien, ainsi que le XI mondial FIFA FIFPro. Pour l’édition 2022, qui s’est déroulée ce 27 février 2023 à Paris, The Best a contredit la plus prestigieuse des récompenses individuelles en adoubant Lionel Messi en lieu et place de Karim Benzema.

Une élection orientée

Le 17 octobre 2022, Karim Benzema supplante largement Sadio Mané et Kevin De Bruyne au sondage du Ballon d’Or France Football. Avec 36 % des points totaux en sa faveur, le Français se plaçait au-dessus des débats. Ainsi, comment a-t-il pu être détrôné en l’espace de quelques mois par l’Argentin, vainqueur de la Coupe du monde ? La réponse pend aux lèvres de beaucoup d’observateurs, le trophée mondial a impacté plus que favorablement les votes. Au-delà de cette déduction, il faut aussi scruter les méthodes de scrutin.

Pour élire The Best, pas moins de 4 jurys différents se partagent la tâche. Et en s’y penchant a minima, l’on se rend compte que les votants favorisent, inéluctablement, les votes en faveur des joueurs efficaces en sélection nationale. D’autant plus, la période concernée par les délibérations s’est étendue artificiellement pour prendre en compte la Coupe du monde 2022, alors qu’elle se termine généralement en août. Ceci, pour le plus grand plaisir de la FIFA et de sa vitrine favorite qui s’est déroulée au Qatar à l’automne dernier.

D’un côté, un quart des votants est représenté par le vote des capitaines des sélections. Un autre quart est alloué à leur sélectionneur. Ainsi, 50 % des résultats décidant du Lauréat sont affiliés au football de sélection. De cette manière, il est logique que ces derniers préfèrent largement valoriser ce qui a été aperçu sous les tuniques nationales.

De la même manière, il ne faut pas reprocher à David Alaba son vote, plaçant Léo Messi devant le Nueve, car ce dernier a voté en sa qualité de capitaine de l’Autriche. Il est même admirable de voir qu’un joueur est capable de faire abstraction de tout clubisme lorsqu’il représente son pays, ce détachement n’est que (trop ?) rarement visible chez d’autres acteurs du football. Enfin, les élans de racisme à l’encontre du Madridista sont tout simplement abjectes. Ces déclarations discriminatoires nuisent aussi à l’image indirecte du Real Madrid, que les insultes soient réalisées par les amateurs du club ou non.

Pour l’autre moitié des votants, ils sont répartis à 25 % à hauteur d’un média par nation affiliée à la FIFA. Une méthode utilisée auparavant par France Football pour décerner le Ballon d’Or, mais qui a été logiquement abolie. Si le football est un sport mondial, il n’est pas le centre de l’intérêt sportif et social de bons nombres de pays et médias à travers le monde. Certains n’ont que vaguement échos de l’actualité footballistique et sont d’autant plus impactés par les résultats et performances obtenus à la Coupe du monde.

Enfin, le dernier quart des votants est réalisé par l’intermédiaire de votes sur Internet. Une méthode qui met en avant la popularité et la ferveur autour d’un joueur et de sa carrière, mais moins de ses performances récentes.

Le Nueve est reconnu par ses pairs

En bref, là où le Ballon d’Or a su se remettre en question pour éviter de dépérir, The Best se présente comme une vitrine aux compétitions internationales. Elle met en avant ses stars indémodables et les héros d’un mois. Emiliano Martínez, lauréat du titre de « Meilleur gardien du monde » livré hier soir, en est un parfait exemple. Devant Thibaut Courtois, le gardien argentin a remporté un titre ubuesque au vu de sa condition en club (31 buts concédés depuis le début de saison en championnat, contre 15 pour le Belge).

En parallèle, le XI mondial FIFA FIFPro a mis à l’honneur les Madridista. Toujours sans grande logique au niveau de la composition, il a au moins eu le mérite de sacrer Karim Benzema, Luka Modrić et Thibaut Courtois. Ici, les votes sont réalisés par 65 000 joueurs professionnels enregistrés auprès de la Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels.

Auteur d’une saison 2021/2022 magistrale, mais d’une Coupe du monde moins convaincante, Vinícius Júnior a aussi pâti de ce scrutin. Buteur face à Liverpool en finale de la dernière Ligue des champions et auteur de 22 buts et 20 passes décisives sur le dernier exercice, le Brésilien a côtoyé les grands d’Europe. S’il est évident que la victoire de Karim Benzema lui avait enlevé quelques places au classement du Ballon d’Or, son absence du XI type du dernier calendrier ainsi que de toutes nominations est questionnable. D’autant plus, l’équipe citant les meilleurs joueurs ne compte qu’un ailier (Lionel Messi), pour trois avant-centres.

Mais au final, peu importe la réussite individuelle, tant que la victoire est collective et en 2022, personne n’a réussi à prendre le Real Madrid de Karim Benzema à ce jeu-là. Quelle belle année pour celui qui disait : « Je dois juste rester à ce niveau et maintenant, il faut gagner des trophées collectifs », en janvier 2022 selon Eurosport, et qui plaçait comme seul rêve personnel le Ballon d’Or !

 

Erwan Harzic