Le 4-4-2 losange d’Ancelotti est-il la solution après la claque au Clásico ?

Recrues, animation, numéro 9 : la présaison est déjà synonyme de maux de tête pour Carlo Ancelotti. Parmi les plus grosses interrogations, l'une se démarque : dans quel schéma le Real Madrid devrait évoluer ?

Carlo Ancelotti doit réfléchir à un nouveau système (Icon Sport)

Avec le densité quantitative et qualitative de milieux de terrain, Carlo Ancelotti s’oriente vers un 4-4-2 losange. Pour autant, est-ce vraiment la solution aux problèmes du Real Madrid ? Autopsie des maux qui justifieront sûrement l’approche à venir, et ce qui serait préférable.

Des problèmes persistants et des incertitudes

A l’heure où l’on mène cette réflexion, un constat saute aux yeux : le Real Madrid déplace les problèmes, mais ne les règle pas. Le recrutement de joueurs prometteurs et de certains profils de complément fait sens car ils sont nécessaires au bon déroulé de la saison prochaine. Malgré cela, on retombe sur nos pattes de 2022-2023 : Ancelotti n’a qu’un seul numéro 9, et sa paire de latéraux est toujours un sujet délicat

Comme lors des dernières saisons sous Ancelotti, le Real Madrid s’avance avec un seul numéro 9 de métier fiable dans l’effectif. La différence est dans le statut : Karim Benzema était le capitaine et le titulaire indiscutable, Joselu est a priori un joueur de complément. Le problème est là : qu’est-il censé compléter ? La présence d’un autre numéro 9 ou l’effectif au sens large ? Un premier flou qui est en vérité une réponse aux besoins… de la saison dernière.

Une sensation de décalage assez dommageable qui était déjà ressentie la saison passée et qui a eu pour conséquence cette fin de saison en eau de boudin. Dans cette étendue d’incertitudes, la question de l’attaquant axial n’est même pas le plus gros souci, car en ce qui concerne la défense, les couloirs nous font nous gratter le crâne. Le côté gauche est peut-être le moins sujet aux préoccupations.

Dani Carvajal face à Robert Lewandowski (Icon Sport)

Les limites de Ferland Mendy, qui peine à trouver son second souffle footballistique, constituent une entrave à la sérénité défensive dans le système d’Ancelotti, mais également à l’animation offensive. Le premier point est un problème, puisqu’il est censé être un aspect de son jeu où il excelle, sinon est sa spécialité. Le second facteur évoqué a pour conséquence d’isoler Vinícius Júnior, ce qui le pousse bien souvent à jouer des situations offensives en infériorité numérique. 

Fran García, qui est arrivé en renfort cet été, devrait logiquement avoir des opportunités pour prendre la place du défenseur français. Cependant, il subsiste un léger point de doute : avec un intérêt concret du Real Madrid pour Alphonso Davies dont les contacts ont été établis début juin, quel message est envoyé au latéral espagnol ? Comment le concerner et surtout est-ce que c’est vraiment lui donner sa chance en étant presque prêt à lui trouver un titulaire de classe mondiale devant lui ? 

Par ce jeu de chaises musicales à gauche, entre confiance relative et insuffisance, Eduardo Camavinga est presque garanti d’être titulaire comme un relayeur gauche dans le système de Carlo Ancelotti, à la fois comme support offensif de poids pour Vini Jr, mais aussi et surtout comme première chape de plomb pour combler les carences de l’aile gauche défensive

En ce qui concerne le latéral droit, le cas est plus critique. Le club de la capitale espagnole ne semble pas vouloir recruter à ce poste, et part donc avec une doublette Carvajal-Vázquez. C’est en tout cas avec ça que Carlo Ancelotti va devoir travailler. Le second nommé n’est pas un problème, étant donné qu’il accepte sans broncher son statut, qu’il dépanne à un poste qui n’est pas le sien, et plus encore, les attentes à son égard au vu de sa situation ne sont pas aussi élevées que celle d’un titulaire. En revanche, pour Dani Carvajal c’est une autre paire de manches

Celui qui est censé être le latéral droit titulaire, et accessoirement un des capitaines du Real Madrid, se blesse constamment. Au-delà de cela, il ne semble plus pouvoir tenir la cadence d’une saison entière, étant complètement cramé physiquement avant tout le monde. Toujours hors-tempo, dépassé par son vis-à-vis quasiment systématiquement, il n’apporte strictement aucune garantie défensive et son jeu offensif ne colle pas avec le style de l’essentiel de nos attaquants excepté Joselu.

Sa qualité de centres est indéniable, mais avec un seul joueur de tête sur le front de l’attaque et n’étant pas dépositaire des coups de pied arrêtés, en fin de compte ça reste trop léger comme point positif à retenir. 

Une alternative légère et un titulaire défaillant à droite, un “indiscutable” à côté de ses pompes et un remplaçant potentiellement condamné à ce rôle à gauche, le Real Madrid reste sur le plan défensif solide dans l’axe et une autoroute sans péage en pleine nuit sur ses ailes arrières

Jude Bellingham, le joyau du Real Madrid (Icon Sport)

Quel schéma et quelle approche ? 

La question reste épineuse pour Carlo Ancelotti, car avec les faiblesses évoquées ci-dessus, vouloir jouer haut reviendrait à se saborder. Le premier ailier lancé en profondeur ferait des dégâts à n’en plus finir, et pour peu qu’il soit adroit devant la cage, il signerait très probablement sa meilleure performance de la saison. Dans cette optique, les titularisations d’Eduardo Camavinga et Federico Valverde semblent indispensables, pour leurs apports offensifs, mais surtout dans le travail de couverture/protection des couloirs défensifs.

À ce jour, ce sont nos profils les plus “latéraux” parmi les milieux centraux du Real Madrid. Joselu ne partant pas dans la peau d’un titulaire, que faire de l’attaque ? Rodrygo et Vini Jr sont des ailiers dans l’âme et ont tendance à naturellement s’excentrer une fois en mouvement. Il y a donc un trou dans l’axe. Déjà rarement comblé par Karim Benzema au vu de son jeu, cette fois-ci, il n’y a absolument rien. Mais Carlo Ancelotti le sait sûrement.

Lorsque le numéro 7 va sur son côté de prédilection, Rodrygo suit en se positionnant dans l’axe. Par conséquent, il n’y a personne à droite, et inversement, quand le numéro 11 madrilène va sur la droite, Vini Jr occupe l’axe. Le problème est alors déplacé sur l’aile gauche. Ajoutez à cela le manque de présence dans les airs, et vous vous retrouvez avec une profusion anormale de centres pour aucun receveur viable, excepté Jude Bellingham (et encore…).

Un problème qui a trouvé sa solution à la fin du Clásico lorsque Carlo Ancelotti a fait entrer Joselu en jeu, ce qui a donné enfin aux Merengues une menace aérienne, et surtout remis Vinícius Júnior sur son aile gauche qui a fait des différences bien plus saisissantes dans son rôle naturel.

Vinicius Junior peut-il réussir à la pointe de l'attaque ? (Icon Sport)

 

Le 4-4-2 losange apparaît comme une solution pour Carlo Ancelotti afin de contenter un maximum son secteur le plus fourni sans vraiment aider ses individualités. Les contraintes nous sont trop nombreuses comme observé contre le FC Barcelone. Après ce Clásico, un constat limpide se présente à nous : les équipes dotées d’ailiers se font plaisir contre nous, les décalages sont encore plus simples à réaliser puisque les changements d’ailes permettent de sauter la densité du milieu du Real Madrid.

À force de coulisser, non seulement le milieu en boite adverse annule la supériorité numérique naturelle du 4-4-2 losange d’Ancelotti, mais en prime, il met dans les meilleures dispositions les ailiers présents. Le hasard n’existe pas, et à l’arrivée, deux des trois buteurs sont des ailiers adverses. Ce système met en exergue l’essentiel de nos soucis dans le jeu et nos carences en termes d’effectif.

Alors que faire ? Carlo Ancelotti devrait rester en 4-4-2 losange en ayant ce trou au cœur de l’attaque, tout en étant aussi faibles et exposés sur les ailes défensives ? Pourquoi pas un 4-2-3-1 pour retrouver une assise défensive conséquente, un milieu dense et des côtés tout aussi fournis ? Devrait-il retourner à son 4-3-3 et titulariser Joselu ? Ancelotti doit-il faire confiance à Arda Güler dans l’axe en faux numéro 9 ? 

Selon nous, la dernière option serait la plus optimale à l’heure où l’on écrit ce papier. À défaut d’avoir un véritable numéro 9 de métier titulaire (!), elle permettrait de combler le trou en attaque, de conserver la postérité numérique au milieu, et densifier les côtés avec un ailier et un relayeur pour épauler tant bien que mal nos latéraux. A Carlo Ancelotti de trouver une meilleure solution.

 

Abdoulaye D.