Les bras tendus et le regard déterminé, Jude Bellingham laisse éclater sa joie devant des supporters déjà conquis. Le 2 septembre dernier, le Santiago Bernabéu chavire pour la première fois de la saison. Le milieu de terrain offensif vient de donner la victoire aux siens face à Getafe, après 94 minutes d’un jeu âpre et disputé. Portée en triomphe par tout un stade, la nouvelle coqueluche du Real Madrid est éberluée. Il confiera plus tard n’avoir « jamais entendu pareil vacarme dans une enceinte sportive ».
Cette célébration, les Madridistas commencent doucement à s’y habituer. C’est même devenu un emblème chez certains de ses coéquipiers, à l’instar d’Aurélien Tchouaméni qui n’hésite pas à fêter son but en sélection, face à l’Irlande, de la sorte. On l’aura compris : plus personne ne doute de l’acclimatation d’un joueur qui a refusé les avances de plusieurs noms en Premier League pour rejoindre l’Espagne, un pays qui n’a pas toujours réussi aux Britanniques, tant s’en faut !
Nul n’est en mesure de prédire la suite, mais les performances de Bellingham augurent des lendemains qui chantent. À moins que…
Une euphorie en trompe-l’œil
Si les supporters et l’organigramme de la Maison Blanche demeurent aussi élogieux envers Jude Bellingham, c’est sans doute aussi parce qu’il masque une réalité bien plus contrastée. Le leader de Liga doit composer avec les blessures longue durée, une refonte totale de son système tactique et un mercato finalement phagocyté par le feuilleton Mbappé. Assimiler tous ces éléments n’est pas chose aisée, mais Carlo Ancelotti en a vu d’autres. Le coach merengue le sait mieux que quiconque : chaque saison réserve son lot d’imprévus.
Tout au long de l’été, l’Italien a tenu à faire bonne figure devant les médias afin de maintenir une sérénité absolue autour de son groupe. En privé, il ne s’en cache toutefois pas : le secteur offensif est déficitaire. L’état-major a décidé de remplacer quatre départs (Benzema, Asensio, Mariano, Hazard) par deux arrivées (Brahim, Joselu) lors du dernier marché des transferts, au grand dam de Carletto qui aurait vu d’un bon œil la signature d’un profil hybride.
Ce numéro 9, littéralement manquant dans l’effectif, condamne le Real Madrid à innover. A l’issue de la 4ᵉ journée, plus de la moitié des buts inscrits en championnat reviennent à Jude Bellingham, l’ancien joueur de Dortmund. Est-ce le rôle d’un milieu offensif de jouer les renards des surfaces ? La capacité de Jude Bellingham à se projeter vers l’avant, symbolisée par sa réalisation contre Getafe, pourrait être le révélateur d’une équipe trop tendre.
Une question de balance
Les deux buts encaissés cette saison en Liga ne se ressemblent pas à première vue. Pourtant, si l’on observe de plus près, chacun renvoie à une notion clé du football : l’équilibre. Un XI non calibré ne tient jamais la route sur tous les tableaux. Dans le premier cas, face à Almeria, le Real peine à se replacer suite à un coup franc aux abords de la surface adverse. Fran Garcia et Dani Carvajal se retrouvent par conséquent à défendre du même côté : but assuré.
Dans le second, une passe aérienne a priori anodine met en panique le jeu Garcia, qui commet une grossière erreur de jeunesse. En assemblant le puzzle, on se rend bien compte que le coulissage des pièces n’est pas rôdé.
L’abécédaire du ballon rond redirige Ancelotti vers une équation à une (grande) inconnue : comment maximiser les chances de son équipe en attaque en évitant au maximum les largesses défensives ? Jude Bellingham parvient aujourd’hui à tirer son épingle du jeu grâce à sa vivacité et son instinct. Si Vinicius et Rodrygo ont besoin d’un finisseur de sa trempe pour concrétiser les actions, il est à craindre que l’embellie du mois d’août ne se transforme en feu de paille.
Mais une faille n’est pas forcément synonyme de tremblement de terre. À Carlo Ancelotti de trouver une formule saine et pérenne, où la rigueur tactique et la flamboyance technique suffiront à colmater les brèches d’un Real imparfait, encore dépendant des exploits de Bellingham.
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