Le médecin vient de rendre son verdict : Carlo Ancelotti souffrait de « Guardiolite » aiguë au moment d’aborder la confrontation contre l’Atlético de Madrid. Autopsie d’une contre-performance qui symbolise toutes les carences en fer du club.
Carlo Ancelotti : un malade sans imagination ?
Alors là, il a fait fort ! On n’a rien dit lorsqu’il a aligné Luka Modrić en tant que faux numéro 9 lors du cinglant 0-4 contre le FC Barcelone lors de la saison 2021-2022. Mais aborder un Derbi sans ton numéro 9, placer Jude Bellingham en tant qu’avant-centre, mais surtout sans ton numéro 6 et accessoirement second meilleur joueur du club, c’est du génie, du grand art ! Un coup que personne n’a vu venir, comme les défenseurs du Real Madrid lorsqu’il fallait prendre Álvaro Morata au marquage en début de partie. Et pour couronner le tout, comme on avait encore la tête dans les nuages, Antoine Griezmann ne s’est pas fait prier pour aggraver la marque.
Une entame catastrophique, mais pas moins méritée puisque le Real Madrid aime jouer une mi-temps sur deux, et bien souvent, c’est la deuxième qui est prise au sérieux. Seulement voilà, un match, c’est deux fois 90 minutes. Les 45 premières sont aussi essentielles que les 45 autres. Faire jouer Toni Kroos (malgré son but) et Luka Modrić au détriment de Joselu et Tchouaméni va également dans ce sens. Certes ce sont des légendes absolues, mais ils ne sont plus ce qu’ils étaient.
Tels des diesels, nos vieux briscards mettent du temps à se mettre en état de marche. L’Allemand s’est réveillé, tandis que le Croate n’a jamais démarré ce match. Les numéros 8 et 10 madrilènes symbolisent l’échec de Carlo Ancelotti sur ce match sans contestation possible. Pire encore, le fait qu’on ait été mieux dans le jeu quand on a replacé Eduardo Camavinga sur la gauche du milieu, puis lorsque son coéquipier français est entré à la mi-temps, vient confirmer que la transition est bien amorcée et à un stade déjà irréversible.
Carlo Ancelotti reconnaît son erreur en conférence de presse d’après-match, mais sommes-nous à l’abri d’un énième coup d’éclat tactique de sa part ? Pas vraiment en fin de compte. La présence trop imposante de notre duo de légende, le fait de faire tourner (au bon ou au mauvais moment), et devoir encore une fois composer avec un manque d’option + de fiabilité sportive : on n’a pas fini d’en baver d’ici à la fin de saison.
Ombre et Lumière
Comme le disait Louis Aragon, : « Il n’y a pas de lumière sans ombre ». Difficile de lui donner tort lorsqu’il est question d’aborder la responsabilité de Carlo Ancelotti dans les échecs récents du Real Madrid. Il est coupable à son échelle, mais il n’est pas le premier à cibler. Florentino Pérez et José Ángel Sánchez sont à la base de ce dialogue de sourds sportif. Planifier sur plusieurs années un cycle complet, c’est bien, mais je ne pense pas qu’un all-in sur un joueur que l’on ne peut pas croire soit pertinent. Car en attendant son hypothétique venue, on rate des opportunités de marché et les problèmes d’avant sont les mêmes.
Réclamer des objectifs insensés en étant moins bien armés que la concurrence, en ayant un effectif moins bien calibré, en démarrant chaque match avec deux défenseurs dans les couloirs, défaillants sur le plan défensif : à quel moment Carlo Ancelotti est censé jouer tous les tableaux ? Si la lumière est bonne à prendre lors des succès, il est toutefois inadmissible de constater que seul Carlo Ancelotti prend toutes les critiques.
Oui, il est le coach et choisit les hommes qui sont alignés sur le terrain. Néanmoins, est-il le responsable de la méforme de Rodrygo devant le but ? Est-il le premier coupable lorsque aucun de nos QUATRE (4) latéraux (ou plutôt 3+1 ailier reconverti) de notre équipe ne nous apportent aucune garantie ni consistance sportive ? Est-ce lui qui choisit délibérément d’avoir qu’un seul numéro 9 de métier et un seul ailier droit au moment de construire l’effectif pendant le mercato ? Les blessures d’Éder Militão et Thibaut Courtois sont également de son ressort ?
On veut nous faire avaler que le Transalpin a tout ce qu’il faut pour briller et tout rafler, qu’un autre entraîneur aurait fait mieux jusqu’à ce que la froide réalité nous rattrape. Je vous mets au défi de trouver qui aurait été en mesure de réaliser ce qu’il a été amené à réaliser jusque-là dans ces conditions. On aura beau changer de chef cuisinier, si les ingrédients manquants ne sont pas achetés, on ne fera pas grand-chose de plus.
Inutile de s’attarder sur la question du fond de jeu quand tu as un effectif déséquilibré, et plus encore quand la base de tes succès depuis 2016 réside justement dans le fait de ne pas avoir de fond de jeu. La priorité est ailleurs et je l’ai suffisamment développé au-dessus. Pour tous les amateurs de jeu léché et séduisant, je vous invite à regarder les formations qui cochent ces cases et vous pencher sur la construction du groupe équipe. La qualité des individualités est une chose, la pertinence et la cohérence dans l’élaboration d’un collectif en est une autre.
Carlo Ancelotti a ses torts, mais penser que son seul départ ou qu’un coach avec une autre approche réussira davantage avec les mêmes déséquilibres revient à se fourvoyer, sinon à faire preuve de mauvaise foi dans le plus grave des cas.
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