Valverde, alors père et joueur du Real Madrid, s’est longuement confié

Le milieu de terrain uruguayen du Real Madrid, Fede Valverde, s'est ouvert sur sa vie personnelle et sportive dans un entretien sur "The Players Tribune". Il a partagé les moments clés de sa vie, mettant en lumière son parcours depuis une famille modeste jusqu'à devenir un joueur professionnel de renom.

Valverde lors du match face à Valence le 11 novembre 2023 (Icon Sport)

Valverde revient sur ses « trois jours parfaits », autrement dit sa signature au Real Madrid et la naissance de ses deux fils, Benicio et Bautista. Il ajoute que pour la naissance de son fils, sa famille et lui ont passé des moments compliqués : « Pour ce troisième jour parfait, ma famille et moi avons vécu l’enfer », conclue El Pajarito.

Les sacrifices : « Mon père travaillait comme agent de sécurité au casino. Ma mère travaillait dans un magasin de vêtements et vendait également des vêtements et des jouets dans les foires de rue. J’entends encore le bruit que faisaient les petites roues lorsqu’elle poussait un énorme chariot rempli de cartons. On aurait dit un chariot que seul Hulk pouvait déplacer […]

Parfois, je l’accompagnais et je m’asseyais sur une caisse pour regarder les voitures, sans m’apercevoir de son sacrifice. Le pire, c’est qu’à la fin de la journée, ma mère devait plier tous les vêtements, ranger toutes les affaires et pousser le chariot jusqu’à la maison. Et puis faire la cuisine ! Et laver mes chaussettes sales ! Vous vous rendez compte ? Je vous le dis, ma mère est mon idole ! Ce que ma mère a parfois sacrifié pour que je puisse avoir ma canette de Coca, je ne le sais même pas. »

« Quand on est enfant, on est très innocent. Quand on voit sa mère sauter un repas, on se dit : « Elle n’a pas faim ? C’est bizarre, je meurs de faim », il admet que le football a pu changer la vie de sa famille. À 16 ans, il signe son premier contrat professionnel à Peñarol, il revient sur la perception des gens qui a changé et sur l’arrogance qu’il a pu avoir au vu de ses anciens amis qu’il remplaçait par des nouveaux :

« Je ne sais pas si les gens peuvent vraiment comprendre ce que cela signifie de passer d’un statut de personne inconnue à celui de quelqu’un qui marche dans la rue dans son quartier et qui, soudain, est abordé par des adultes qui veulent une photo. Vous recevez des messages de filles qui ne vous regardaient même pas la semaine précédente. Tout le monde veut être votre ami. […] Mais je m’étais égaré et j’avais remplacé beaucoup d’amis par d’autres, comme beaucoup de jeunes joueurs. Ce n’est pas que je faisais quelque chose de mal. Mais j’étais impolie. »

À la suite de ses débuts en professionnel, Federico Valverde joue la Copa America des moins de 17 ans et il ne tarde pas à se faire remarquer. C’est un moment marquant dans sa carrière puisque c’est à ce moment-là qu’ils rencontrent les scouts du Real Madrid :

« J’étais dans ma chambre et mes parents se trouvaient dans une autre chambre du même hôtel. Soudain, ma mère m’appelle et me dit : « Viens tout de suite dans notre chambre. Il y a des gens qui veulent te parler ». Je pensais qu’elle me faisait une blague. Mais j’ai couru jusqu’à l’autre chambre et ils étaient là : deux hommes que je n’avais jamais vus de ma vie. Elle était en larmes. Mais comme elle est toujours émotive, je ne savais pas quoi penser.

Ils m’ont alors dit : « Nous sommes le Real Madrid ». Nous pensons que tu peux devenir une star avec nous. Nous voulons que toi et tes parents veniez vous installer à Madrid. J’ai regardé ma mère. J’ai regardé mon agent avec un air de ‘Nan, je me fais avoir’. Ma mère m’a regardé en disant : « Tais-toi, Fede. On ne se fout pas de toi. »

C’est ainsi que commence l’histoire de Valverde avec le Castilla, dans cet entretien il revient sur son premier entraînement de manière ironique : « Tout le monde commence à partir pour les douches et là, je vois des caleçons Gucci. Un caleçon Gucci ! Ils ont même inventé ça ? Combien ça peut coûter ?

Hahahahahaha. Et tout ce que je me disais, c’est : « J’espère que le mien n’est pas troué aujourd’hui. J’espère que ma mère les a vérifiés quand elle les a lavés. Je suis restée assise pendant 20 minutes en faisant semblant de regarder quelque chose de très important au téléphone. Tout ce que je voulais, c’était perdre du temps. Ils ont commencé à me regarder en disant : « Ça va, mon frère, il y a un problème ? Je ne me suis jamais senti aussi petit. »

Alors que Valverde poursuivait sa progression avec Le Castilla, le football commençait à prendre trop de place dans sa vie, il déclare que s’il avait mal joué, il pouvait ne pas parler à ses parents en remixant ses erreurs. Selon lui, la pression au Real Madrid est plus forte qu’ailleurs et il fallait la vivre à 100 %. La naissance de son fils Benicio lui a permis de détacher du football :

« Ce n’est qu’après la naissance de Benicio que j’ai pu me sentir comme un être humain chaque fois que je rentrais à la maison après un mauvais match. Quand il a commencé à marcher, il courait me serrer dans ses bras à la porte d’entrée avec son jouet Toy Story. Il se fiche du match. Il ne sait même pas ce qu’est le football. Il veut juste jouer à Toy Story. »

Il revient sur la naissance de son deuxième enfant et de l’ « enfer » que sa femme et lui ont connu : « Le médecin nous a dit que la grossesse était à très haut risque et qu’il n’y avait qu’une faible chance que mon enfant survive si la grossesse se poursuivait. Il allait devoir surveiller la situation pendant un mois, mais d’ici là, nous ne pouvions rien faire d’autre qu’attendre.

Ma femme souffrait physiquement et psychologiquement chaque jour. Et je me suis renfermé. Je suis quelqu’un qui garde généralement tout pour moi. Je sais que ce n’est pas bien, mais je suis comme ça. Je ne veux pas qu’on me voie pleurer, jamais. Même pas ma famille ».

Une situation très compliquée jusqu’à la délivrance : « Après un mois et demi d’enfer absolu, nous avons reçu la meilleure nouvelle de notre vie. Les échographies étaient bien meilleures et, heureusement, il semblait que la grossesse se poursuivait. Mais grâce à Dieu, en juin, notre fils Bautista est venu au monde. »

Enfin, l’entretien s’est conclu avec l’incident passé en avril dernier après la rencontre au Bernabéu face à Villarreal et l’accrochage avec Baena : « En avril, après un match contre Villarreal, tout s’est dégradé. Tout le monde a lu les gros titres. Tout le monde connaît les deux versions de « l’histoire ». Je ne veux pas remettre en lumière ces choses horribles. »

Avec du recul, Valverde se dit qu’il n’aurait pas dû agir de la sorte, mais que cet épisode l’a fait grandir : « Sur un terrain de football, vous pouvez me dire ce que vous voulez, cela ne me dérangera pas. Mais il y a des limites à ne pas franchir. Pas en tant que footballeur, mais en tant qu’être humain. Aurais-je dû réagir ? Peut-être que je n’aurais pas dû. J’aurais peut-être dû rentrer chez moi et partager un hamburger avec mon fils, manger des nuggets et regarder des dessins animés. Mais je suis un être humain et, parfois, il faut savoir se défendre et défendre sa famille.

Cela m’a fait mal de voir les médias me dépeindre comme un homme violent, beaucoup de mensonges ont été racontés qui se sont révélés faux par la suite. Mais je peux dire honnêtement que je ne regrette rien, parce que cela m’a fait grandir en tant que personne, et cela a rendu notre famille plus unie que jamais ».

 

Mehdi T.