Jusque dans le timing de l’annonce de sa prolongation jusqu’en juin 2026, Carlo Ancelotti inspire la quiétude. Le 29 décembre dernier, on l’imagine aisément en train d’apprécier le communiqué officiel du club au coin du feu. On ne se refait pas : le coach italien a toujours été ainsi depuis qu’il a commencé sa carrière d’entraîneur, il y a trente-deux (32 !) ans. Rarement un mot plus haut que l’autre, d’un tempérament modéré, sans jamais jouer la comédie devant quelconque caméra. Mais ne vous y trompez pas : derrière ce calme olympien se cache un perfectionniste guidé par l’obsession de la victoire.
Sa consommation de chewing-gums durant les matchs couperets, où sa frénésie maxillaire confine parfois à l’absurde, témoigne d’un homme à l’appétit dévorant, éternellement insatisfait. Florentino Pérez lui a officiellement confié les rênes de l’équipe première pour deux années supplémentaires. Le Maestro, dépêché d’Everton à l’été 2021, a encore faim de titres et le fait régulièrement savoir. Afin de maximiser ses chances, il a su se réinventer tactiquement ces derniers mois.
🆕🎥 Carlo Ancelotti au Real Madrid jusqu’en 2026 : prolongation méritée
🗣️ @Pablo_Gallego__ et @guipomade se penchent sur la prolongation d’Ancelotti pour 2026 et ses conséquences, notamment sur la venue potentielle de Xabi Alonso.
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— Le Journal du Real (@lejournaldureal) December 29, 2023
De l’inamovible 4-3-3 au malléable 4-4-2
L’Italien est un adepte du système en 4-3-3 depuis de nombreuses saisons. Il n’a jamais fait mystère de sa préférence pour ce dispositif de jeu, le parfait équilibre entre les différentes lignes d’après lui. Mais le départ de Benzema à l’intersaison, combiné à l’absence de recrutement d’un véritable remplaçant, l’a contraint à rebattre ses cartes. Carlo Ancelotti a alors sorti un atout de sa manche de costume : l’avant-centre fantôme.
En utilisant continuellement Jude Bellingham en position avancée, le manager mise ainsi sur la liberté et la prise d’initiative d’un joueur porté vers l’offensive, qui n’oublie pourtant jamais ses prérogatives en défense. Lorsque l’équipe est au complet, le duo Vinícius/Rodrygo a tout le loisir de s’appuyer sur l’Anglais pour revenir vers l’axe.
Cette impression de fluidité, moins présente lors des saisons antérieures, doit beaucoup à cette formule qui densifie davantage le cœur du jeu. Un changement décidé par le coach et son staff en début d’exercice, alors que le club sortait d’une saison 2022/2023 auréolé d’un unique titre, en Coupe du Roi. La greffe a immédiatement pris, signe que malgré son âge avancé, Ancelotti ne verse pas dans le conservatisme. Il a su faire souffler un vent nouveau sur la capitale espagnole. Dans cette cité habitée par des supporters plus attachés à la froideur des 3 points qu’à la fièvre du style, ce n’était pas si évident.
Le temps, cette denrée rare du football contemporain
Grâce au temps octroyé par son président, « Carlo Magno » inscrit son mandat sous le signe de la recherche de la note la plus juste. Avec seulement 11 buts concédés en 19 journées de championnat, le Real Madrid parvient à s’offrir le statut de meilleure défense de Liga malgré les graves blessures d’Éder Militão et David Alaba, deux piliers de la charnière centrale. Rares sont les observateurs à s’attarder sur la remarquable muraille madridista. Ce progrès jette une lumière sur la capacité d’adaptation du Mister autant que sur sa faculté à motiver tout un chacun.
💬 Le bel échange entre Florentino Pérez et Ancelotti avant de disputer la finale de Ligue des champions à Saint-Denis.
✨ Carlo Ancelotti X Real Madrid.
L’union parfaite. ♾️
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La méthode Ancelotti, c’est aussi l’implication de l’intégralité du groupe, de sorte qu’il puisse pallier la plus mauvaise des surprises. Lorsque Jesús Vallejo entre en jeu en prolongation lors de la demi-finale retour de Ligue des Champions en 2022, à qui faut-il attribuer le mérite de son dévouement ? Au joueur, bien entendu. Mais sa patience est aussi récompensée par la loyauté d’un homme qui les perçoit comme ses « amis ».
« J’entends souvent dire que je suis fantastique dans ma gestion des hommes. Mais, il n’y a pas que cela… Cette équipe travaille bien. Si elle remporte la Copa del Rey, elle aura gagné tous les trophées possibles en deux saisons. Il y a des équipes qui ne remportent même pas cela dans une vie entière », constatait Carlo Ancelotti en amont du quart de finale de C1 entre le Real Madrid et Chelsea, l’an passé. Le mérite de la clarté. Un management atypique qui lui permet aujourd’hui d’envisager de devenir le seul entraîneur de l’ère Florentino Pérez à diriger l’équipe A plus de trois saisons consécutives.
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