Arda Güler, un but et mille promesses

Arda Güler, 19 ans, arrivé avec l’étiquette du prodige l’été dernier, vient d’inscrire sa première réalisation au bout de 7 mois sous le maillot blanc. La faute à un corps capricieux qui, paradoxalement, lui octroie une adresse hors du commun balle au pied. Idéal pour confirmer la multitude d’espoirs placés en lui.

Arda Güler, buteur face au Celta de Vigo (Icon Sport)

D’une esquive, il a diffusé un frisson. D’une frappe peu évidente, il a envoyé un message. Au cours de la réception du Celta Vigo (4-0), modeste 17ᵉ de Liga, Arda Güler a mis à profit les quatre minutes de temps additionnel pour inscrire son nom au tableau de marque. On aurait pourtant pu penser que Carlo Ancelotti allait faire rentrer plus tôt le benjamin de l’effectif professionnel. Las, le manager italien lui a généreusement accordé quelques miettes en le lançant à la 89ᵉ minute de jeu.

Pas un obstacle pour le jeune Turc, qui est ainsi devenu le 416ᵉ buteur de l’Histoire du Real Madrid. Bien aidé par une remarquable passe de Dani Ceballos, dont l’agilité technique dans les petits espaces rendrait bien des services à la Casa Blanca face aux blocs bas, il s’est permis de dribbler le gardien Guaita sans coup férir. Déporté sur le côté droit, Arda Güler est parvenu à ajuster son tir dans la cage de Vigo malgré l’utilisation de son mauvais pied. Une précision loin d’être anecdotique au regard de la pression qui l’entoure depuis son arrivée, et des blessures qui ont freiné son intégration dans l’équipe.

Arda Güler, buteur face au Celta de Vigo (Icon Sport)

Arda Güler, buteur face au Celta de Vigo (Icon Sport)

Deux blessures rédhibitoires jusqu’en janvier

En juillet dernier, Arda Güler débarque dans la capitale espagnole contre un chèque de vingt millions d’euros adressé au Fenerbahçe. Fortement courtisé par le FC Barcelone, le natif d’Altindag choisit la Maison Blanche au risque de minimiser son temps de jeu. Au vu de son très jeune âge, le Real le couve lors de la présaison mais sa mise en avant dans les médias suscite des attentes démesurées. Le corps d’Arda le lâche une première fois au mitan de l’été.

Le ménisque de son genou droit touché, le Turc doit observer une période hors des terrains de deux mois. Dès son retour, Güler impressionne ses coéquipiers à l’entraînement, laissant entrevoir les caractéristiques d’un joueur polyvalent au talent rare. Aussi à l’aise au milieu qu’en attaque, il détonne par sa vivacité gestuelle, déjà excellement maîtrisée.

Mais pour sortir du lot, reproduire en match officiel les promesses affichées à l’entraînement demeure un inévitable prérequis. Malheureusement, début novembre, le quadriceps droit d’Arda montre des signes de fragilité. Diagnostic : rupture partielle et indisponibilité de 40 jours.

Quatre mois après sa venue, les observateurs commencent à afficher leur scepticisme face à cette accumulation de pépins physiques. Arda Güler est-il trop frêle ? A-t-il l’endurance suffisante pour encaisser la rudesse du très haut niveau ? Doit-il aller grandir ailleurs ? De nombreuses critiques se font jour, à tel point qu’une relative impatience commence à émerger.

Arda Güler, buteur face au Celta de Vigo (Icon Sport)

Arda Güler, buteur face au Celta de Vigo (Icon Sport)

Des doutes au soulagement

En janvier, le Turc finit par disputer 77 minutes sous le maillot merengue. « Arda Güler progresse bien, il va mieux physiquement. Il s’habitue progressivement à l’intensité de ce football. Il faut être patient avec lui. Son heure viendra », confiait Carlo Ancelotti le 31 janvier dernier en conférence de presse.

Il ne croyait pas si bien dire : malgré l’absence apparente de nouvelles blessures, Arda Güler cire le banc de touche durant le mois de février, ne voyant le pré que 18 petites minutes. Face à cette mise à l’écart, nombreux sont ceux qui croient alors à l’hypothèse d’un prêt.

Compte tenu du recrutement de Kylian Mbappé cet été, l’horizon semble s’obscurcir pour celui dont on prédisait l’éclosion rapide. En dépit de ce contexte délicat, Güler ne montre aucun signe de découragement. Il redouble d’efforts en coulisses pour postuler à un rôle de super-sub. La besogne paie toujours. En s’offrant sa première réalisation devant son public le 10 mars, Arda a obtenu la libération qu’il cherchait.

D’une pierre trois coups, il a fait taire les critiques sur son état de forme, récompensé son entraîneur qui l’a attendu avec confiance, et s’est assuré un futur proche avec davantage de sérénité. Un avenir qui devrait, selon les dernières indiscrétions, s’écrire avec les Madridistas, dont les hautes sphères n’envisageraient plus de le prêter.

D’autant qu’il serait dommage de se passer des services d’un crack auteur du presque-but de la saison, ce samedi  à Osasuna, en trouvant la barre transversale depuis la ligne médiane. Avant que le Brésilien Endrick ne lui ravisse le statut de benjamin du vestiaire l’été prochain, Arda Güler a peut-être le temps de démontrer que sa vibrante jeunesse est un atout qui confère éblouissement et sagesse.

 

Tanguy Soyer