De fantassin à capitaine exemplaire : Nacho Fernandez, la défense dans le sang

L'Espagnol de 34 ans devrait quitter le Real Madrid à l'issue de la saison, annoncent Marca et Relevo. Le crépuscule d'une carrière madridista fidèle à son image, celle d'un joueur qui a toujours mis les intérêts du club avant les siens, à rebours de la starification du football moderne.

Nacho est devenu le soldat et l'une des figures du Real Madrid au fil des années.

par | 23/04/2024 | 0 commentaires

Le soldat devenu capitaine s’apprête à rejoindre un autre camp. Nacho Fernandez, formé au club et présent depuis 13 ans dans l’effectif professionnel du Real Madrid, aurait pris la décision de ne pas renouveler son contrat au terme de la saison. L’information, qui émane de plusieurs médias fiables, tend à faire penser que le défenseur ne veut pas risquer le coup de la panne. À 34 ans, l’homme d’un seul écusson ressent une inexorable baisse de condition physique et, malgré les nombreux matches disputés cette saison compte tenu des blessés, semble conscient que le temps est venu, pour lui, de tourner la page. Cette lucidité l’honore.

Avec son statut, il aurait pu quémander une année de contrat supplémentaire auprès de Florentino Pérez, qu’il aurait obtenue assez aisément. Mais Nacho ne souhaite pas encombrer le vestiaire, lui l’individu de l’ombre qui n’a jamais fait les choux gras de la presse pour quelconque état d’âme. Pas un joueur de son rang hiérarchique n’a su autant marier discrétion et performance. Son sens de l’abnégation sera regretté à Madrid. Un dévouement d’autant plus remarquable qu’il n’a pas toujours eu la place qu’il méritait.

Un dépanneur au comportement irréprochable

Nacho Fernandez n’a jamais été titulaire indiscutable au Real Madrid. Lors des saisons 2016/2017 et 2021/2022, le défenseur central a disputé 28 rencontres en Liga. Son record. Ce plafond ne l’a pas empêché de dégager une certaine maîtrise et de diffuser le plus souvent la sérénité dans l’arrière-garde merengue. Il y a deux ans, lorsque le club remporte le championnat avec une impressionnante avance sur le Barça, le club de la capitale clôt l’exercice avec la deuxième meilleure défense. Le Madrilène de naissance n’y est pas étranger.

Au-delà des comptes statistiques, Nacho s’inscrit parfaitement dans le moule canterano : patient lorsqu’il a fallu fourbir ses armes entre 2011 et 2016, il a ensuite parfaitement intégré le logiciel de la maison. Discipline, assimilation technique et détermination mentale : ce tiercé raconte la progression d’un pur produit de l’école Madridista, qui a fait de la défense des siens sa vertu cardinale. « Le Real Madrid m’a tout donné : l’éducation, les valeurs, savoir gagner et savoir perdre… C’est une vraie famille. Je ne conçois pas ma vie sans le Real Madrid », confiait Nacho dans une rare intervention médiatique en avril 2021, auprès du média officiel du club.

Nacho est l'un des joueurs les plus titrés du Real Madrid.

Si l’amoureux du Real Madrid a appris la vie grâce au centre de formation, il devra vraisemblablement faire le grand saut dans quelques semaines, en tentant d’exister avec un autre maillot. Pourtant, son récent match face à Manchester City a rassuré sur sa capacité à contenir les assauts d’une nuée d’attaquants explosifs. Loin du baroud d’honneur, Nacho a livré un combat acharné.

Un doublé avant l’adieu aux larmes ?

Au marquage d’Erling Haaland pendant une bonne partie de la rencontre, Nacho a su gérer la menace norvégienne avec sang-froid et expérience. Malgré quelques frayeurs : à la 52ᵉ minute de ce quart de finale retour de Ligue des champions, le défenseur castillan a frôlé la correctionnelle. Sur un ballon assez peu dangereux, le capitaine merengue s’emmêle les pinceaux, induit Lunin en erreur et effectue une passe dans le but vide.

Il se rattrape quelques dixièmes de seconde plus tard en dégageant énergiquement la balle avant qu’elle ne franchisse la ligne, malgré la pression constante d’Haaland. Ce but contre son camp non concédé, c’est paradoxalement ce dont il avait besoin pour se remettre d’équerre. Libéré par la suite, Nacho a fait oublier l’absence d’Aurélien Tchouaméni et a remporté la plupart de ses duels. Il a même disputé l’intégralité des 120 minutes de jeu.

Cet exemple reflète l’engagement d’un joueur à la simplicité absolue : toujours prêt à remplacer un titulaire au pied levé, le capitaine du Real Madrid a rarement déçu au cours de ses 23 années de services, convaincu que l’univers dont il est issu l’a conduit sur le bon chemin. Ce chemin pavé d’or qui fera de lui, si Los Blancos sont sacrés en Liga et en Ligue des champions cette année, le joueur le plus titré de tous les temps à Madrid. Quant au trophée de légende, inutile d’aller chercher bien loin. Il trône dans le cœur de tous les supporters madridistas, persuadés d’avoir profité d’un guerrier à nul autre pareil.

Tanguy Soyer