La triple rupture ligamentaire de Dani Carvajal lors de la réception de Villarreal (5 octobre) va l’éloigner des terrains pendant au moins 10 mois, laissant un vide immense dans l’effectif madrilène. Sa doublure naturelle s’appelle Lucas Vázquez, même si le Galicien n’est pas un latéral droit dans l’âme. S’il peut compter sur des qualités offensives indéniables, son rendement défensif reste léger compte tenu du niveau attendu dans le plus grand club du monde. Expérimenté, polyvalent et personnage apprécié du vestiaire, Lucas Vázquez ne reste pas moins qu’une solution de secours. Cela suffit-il pour devenir le titulaire indiscutable sur le flanc droit de l’arrière-garde merengue ou faut-il que l’état-major se lance à la recherche d’un profil accompli lors du prochain mercato hivernal ? Quid des solutions internes ou du repositionnement de Militao ? Débat.
POUR – Un soldat madrilène au profil adapté aux crises (Walid)
Depuis 17 ans, Lucas Vázquez incarne le « madridismo » à travers son engagement, sa polyvalence et son sens du sacrifice. Bien qu’il soit formé en tant qu’ailier droit, il a souvent été appelé à dépanner comme latéral, notamment durant la saison 2020-2021. Cette saison-là, malgré son positionnement inhabituel, il s’était montré impérial, avant d’être freiné par une blessure contre le FC Barcelone. Loin de baisser les bras, Vázquez a démontré à de nombreuses reprises son aptitude à s’adapter et à se surpasser lorsque l’équipe traverse des périodes compliquées. Ce n’est pas seulement un joueur ; il est l’une des âmes du Real Madrid, toujours prêt à répondre présent. Peu importe la situation ou son statut, il n’a jamais rechigné et s’est toujours donné à fond pour la tunique blanche.
Si Lucas Vázquez est un candidat de choix, c’est aussi parce que le Real Madrid a une longue histoire de joueurs prêts à « dépanner » et à briller dans des moments critiques. La saison dernière, le club a remporté la Ligue des Champions et la Liga avec des absences majeures (Courtois blessé, Alaba et Militao absents, aucun véritable numéro 9 affirmé) en comptant sur des joueurs comme Lunin et Joselu. Ces éléments ont montré que la solidarité collective peut souvent pallier les manques individuels. Dans ce contexte, Vázquez a prouvé qu’il pouvait faire partie de cette génération de « dépanneurs » qui donnent tout sur le terrain, malgré leurs défauts.
Bien que son profil défensif puisse sembler limité comparé à celui de Dani Carvajal, Vázquez compense par son expérience, sa connaissance du poste et sa capacité à se surpasser dans les grands moments. Sa qualité offensive, couplée à sa vision de jeu, permet également de maintenir la profondeur sur le côté droit, notamment dans les transitions rapides, un élément crucial du style de jeu madrilène. On se souvient de ses buts cruciaux face au Barça (saisons 2021/22 et 2023/24) et de son calme olympien lors des grandes échances, comme lors des tirs au but en finale de la Ligue des Champions contre l’Atlético en 2016. Faire tourner le ballon sur son doigt à San Siro ou jongler à l’Etihad : Lucas Vázquez ne semble pas connaître la pression. Sa longévité au club lui a permis de comprendre parfaitement les rouages du Real Madrid, faisant de lui un atout non négligeable dans ce genre de situations.
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CONTRE – Supersub, un rôle qui lui va si bien… (Mickaël)
Même si Lucas Vázquez a rendu de loyaux services au poste de latéral droit, cela doit rester ponctuel et non pas perdurer au cours de la quasi-totalité d’une saison. Tout d’abord, Lucas Vázquez a un profil offensif, dû à son poste initial d’ailier droit. Dans les phases de possession, cela est une aubaine pour le Real Madrid, car il permet d’apporter une supériorité numérique et le danger dans le camp adverse. Mais c’est au niveau défensif que le bât blesse. Si le joueur formé à la Fábrica progresse dans ce secteur, il a quand même des lacunes, qui peuvent parfois coûter chères. En effet, Lucas Vázquez est parfois trop lâche au niveau des marquages, permettant à ses vis-à-vis de centrer ou de déborder trop facilement. De plus, l’international espagnol ne se montre pas toujours à son aise dans les duels aériens dans sa surface de réparation, pouvant créer des occasions de but pour l’adversaire.
Cette saison, les difficultés défensives de Lucas Vázquez ont été mises en lumière lors de la 1ère journée de Ligue des champions face au VfB Stuttgart. Débordé à chaque offensive sur son côté droit, Carlo Ancelotti a été contraint de le remplacer dès la mi-temps. Mais l’exemple le plus flagrant s’est déroulé lors de la 7e journée de LaLiga de la saison dernière lors du derbi face à l’Atlético de Madrid, où le Real Madrid a concédé sa dernière défaite en championnat. Le canterano avait complètement pris l’eau, les trois buts venant tous de centre distribués depuis son couloir droit, en raison de ses placements approximatifs.
Carlo Ancelotti a la possibilité de faire un choix provisoire plus équilibré : il se nomme Éder Militão ! En effet, le défenseur central brésilien a joué plusieurs fois latéral droit avec la Seleção et le Real Madrid. Beaucoup plus à l’aise dans les un contre un, rugueux dans les duels et doté d’une vitesse de pointe impressionnante, Éder Militão est plus rassurant défensivement. De plus, l’ancien joueur du FC Porto est également précieux en phase offensive. Il aime se projeter vers l’avant et casser les lignes avec sa conduite de balle et sa qualité de passe longue précise. Eduardo Camavinga étant de retour au milieu de terrain, Carlo Ancelotti peut sereinement installer Aurélien Tchouaméni en défense centrale, permettant à Éder Militão d’occuper le couloir droit de la défense.
Enfin, le Real Madrid doit dès maintenant s’activer pour recruter un arrière droit lors du mercato d’hiver, car hormis la possible intégration dans le groupe du jeune canterano Loren Aguado encore inexpérimenté, il n’y a plus d’arrière droit de formation disponible dans l’effectif, ce qui peut poser problème lors des matchs couperets en deuxième partie de saison. Et cette potentielle recrue hivernale permettrait à Lucas Vázquez de garder ce statut de super-sub au poste de latéral droit, dès que Don Carlo fait appel à lui.
Walid Soltani (POUR) et Mickaël Mavoungou (contre).
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