À Anfield contre Liverpool, le Real Madrid a semblé terriblement coincé dans le passé. Le symbole de ce match est la séquence dans laquelle Arda Güler, plein axe, a la possibilité d’aller au but, mais préfère la donner à un Kylian Mbappé bien moins positionné, légèrement derrière lui et excentré sur la droite du milieu turc. Un gâchis qui en dit beaucoup plus qu’il n’y parait, puisqu’il traduit bien plus qu’une simple dépendance envers le natif de Bondy : le modèle du Real Madrid est complètement obsolète.
Le Real Madrid doit changer de modèle
Le modèle « joueur sauveur », selon lequel la star de l’équipe (ou celui qu’on décrète comme étant le numéro 1) doit être abreuvé systématiquement pour qu’il fasse la différence dans les grands rendez-vous, est une limite pour le Real Madrid. Ici, il n’est pas question de blâmer la hiérarchie instaurée, mais plutôt pointer du doigt les restrictions que cela engendre. La séquence entre le numéro 15 madrilène et son attaquant illustre parfaitement cette limite.
Construire un collectif autour d’une individualité automatise certaines prises de décisions en match, surtout pour les jeunes joueurs en quête de statut. Il ne faut pas dédouaner Arda Güler de son mauvais choix et ce n’est pas le l’objectif du propos, en revanche sa prise de décision s’explique au regard de la dynamique collective depuis le coup d’envoi de l’exercice 2025-26.

Le modèle « joueur sauveur » n’est viable que si le joueur au cœur des décisions de ses partenaires montre une constance face à tous types d’oppositions, et s’avère être la solution contre n’importe quelle adversité. Tout miser sur Kylian Mbappé peut s’avérer être restreignant, surtout lorsque ce dernier ne fait pas les appels dans le vide pour lui, mais nécessaires pour tous les autres autour.
La solution est aussi évidente que le constat que nous tirons depuis le début de cet édito : il est l’heure d’avoir un collectif cohérent et non pas une ou plusieurs individualités susceptibles de faire la différence chacune dans son coin.C’est pour cette raison que Xabi Alonso a succédé à Carlo Ancelotti, avec l’espoir et la promesse de faire entrer le Real Madrid dans le football moderne. Avoir 11 joueurs qui privilégient le sens du jeu à l’individualité à alimenter, avoir des milieux de terrain qui s’affirment et ont de la personnalité est essentiel pour moderniser la Maison Blanche.
Beaucoup de joueurs seront surveillés avec attention, mais pour que ce collectif existe, le milieu de terrain devra être remis en question a minima, avant d’envisager un éventuel lifting l’été prochain. À défaut d’avoir une identité de jeu marquée, la priorité absolue est de retrouver ce qui a fait la force du Real Madrid en 2023-24 : la cohérence. Depuis le début de la décennie au moins, ce n’est pas toujours le plus fort qui l'emporte en fin de saison. En revanche, quand l’approche est cohérente, comme en 2023-24, il est possible de renverser des montagnes.

On a aperçu des signes encourageants contre le FC Barcelone et le Valence CF – malgré des états de formes discutables – mais c’est la preuve qu’il est possible de faire mieux qu’à Anfield et Vallecas. La dynamique de résultats est très bonne dans son ensemble, mais il ne faut pas minimiser cette dernière semaine avant la trêve internationale. Être conscient de ses limites est le premier pas pour les repousser.
Il ne s’agit pas de s’alarmer, ni de jeter à la poubelle toutes les bonnes choses entrevues depuis le 19 août contre Osasuna, seulement de ne pas se croire arrivé ou condamné au mois de novembre 2025. La greffe de football moderne est une opération délicate pour une institution aussi ancrée dans son modèle que le Real Madrid, mais il y a une probabilité certaine de réussite !






