À seulement 18 ans, Raphaël Varane a rejoint le Real Madrid. Sous l’impulsion de Zinedine Zidane, le club madrilène décide alors de signer le jeune espoir lensois pour 11 millions d’euros. À son arrivée, il doit faire face à une période de profonde détresse psychologique, comme il le rapporte dans un entretien pour Le Monde mardi. L’ancien international raconte qu’il ne profitait plus de rien, isolé, sans adolescence normale et accablé par la pression du monde du football. Il explique avoir traversé cette dépression en silence, convaincu que cela faisait "partie du prix à payer pour réussir" dans ce milieu si exigeant.
Le champion du monde révèle également avoir subi un nouvel épisode similaire après le Mondial 2018 en Russie, avant que la pandémie de 2020 ne l’aide à retrouver un équilibre émotionnel en se rapprochant de sa famille durant le confinement. Varane décrit un système où les joueurs taisent leurs difficultés et où la santé mentale reste un sujet tabou, encore aujourd’hui.
"Après mon arrivée au Real Madrid. J’avais 18 ans, je n’avais pas eu une adolescence comme les autres. J’étais seul, je m’entraînais tout le temps et je jouais peu. J’avais la sensation que mon rêve s’envolait. Sur le terrain, j’étais à fond. Mais, après, je n’avais pas envie de rentrer chez moi. C’était une dépression. Je n’avais plus goût à quoi que ce soit."
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Un calendrier inhumain selon Varane
Varane dénonce également la surcharge des compétitions. Il explique au journal Le Monde que cette accumulation de matchs fait partie des raisons qui l’ont poussé à mettre un terme prématuré à sa carrière en 2024, à seulement 31 ans. Il rappelle notamment qu’il a rejoué neuf jours seulement après la finale du Mondial 2022, sans aucun temps pour récupérer. Selon lui, cette cadence abaisse le niveau, multiplie les blessures et affecte sérieusement l’équilibre mental des joueurs.
"La santé mentale y est encore particulièrement taboue. Dans le football, on pousse tous les curseurs vers le haut, aux niveaux tactique, physique et technique. Mais, aux niveaux mental et psychologique, chacun gère ses problèmes dans son coin. Moi, je l’ai compris trop tard dans ma carrière. Je l’ai terminée en allant très bien, en étant accompagné par un préparateur mental et deux psychologues dans des spécialités différentes. Mais, si c’était à refaire, j’aurais, dès le départ, commencé avec ce staff-là."
Le quadruple champion d’Europe avec la Casa Blanca appelle à revoir complètement l’organisation du football moderne, qu’il compare à "une course effrénée". Il insiste sur la nécessité de pauses plus longues pour préserver la santé des joueurs. Pour Varane, montrer sa vulnérabilité ne doit plus être perçu comme une faiblesse dans le milieu du football.
Ilyes Belala











