Dans la nuit la plus tendue depuis des mois, l’équipe a choisi de se lever pour son entraîneur. Une union rare, puissante, exprimée autant dans les mots que dans les gestes. Au Bernabéu, le vestiaire madrilène a parlé d’une seule voix. Paradoxe absolu : le Real Madrid a perdu, et pourtant, un souffle d’optimisme circule à Valdebebas. C’est la première fois depuis des semaines que le vestiaire parle d’une seule voix, soudé autour d’un entraîneur qui semblait marcher au bord du précipice. La nouveauté ne tient pas au résultat, mais à l’attitude : tout le monde se range derrière Xabi Alonso.
La scène tranche radicalement avec le silence glacial de ces derniers jours. Mardi encore, lorsqu’un journaliste lui demandait s’il sentait le soutien total de son vestiaire, Alonso avait murmuré un « oui » presque imperceptible, glaçant l’atmosphère. Mercredi au Bernabéu, le décor était totalement différent : réponses fermes, ton apaisé, attitude conquérante. Le Real Madrid a décidé de sortir du bois. Le premier à envoyer un message clair s’appelle Rodrygo Goes. Son but sublime, le 1-0, a réveillé Chamartín. Mais ce n’est pas la frappe qui a marqué la nuit. C’est sa course vers la ligne de touche. Comme le rappelle AS, le Brésilien ne célèbre pas : il fonce vers Xabi Alonso et l’enlace avec force. Un geste lourd, pensé, presque politique.
- À lire aussi : Le plan de jeu du Real Madrid « était bon » selon Courtois
Les voix du vestiaire du Real Madrid s'élèvent
Ce moment a cristallisé l’atmosphère de la soirée. L’équipe voulait montrer qu’elle n'avait pas abandonné pas son entraîneur au milieu des critiques. Après lui, les déclarations se sont enchaînées. Rodrygo, Bellingham, Courtois, Asencio : tous alignés, tous affirmant la même chose. « Nous sommes avec le mister. »
Rodrygo, premier soldat de cette bataille médiatique, a ouvert le bal en zone mixte : « C’est un moment compliqué pour lui comme pour nous. J’ai voulu montrer que nous sommes ensemble. » . Jude Bellingham, souvent langue de bois, est devenu éloquent : « Le vestiaire a ce qu’il faut pour renverser la situation. Le coach est génial. » Une prise de position nette de la part de l’Anglais, habituellement plus mesuré.
Thibaut Courtois, patron moral du groupe, a insisté : « Aujourd’hui, nous avons montré que nous sommes avec le mister. » Le Belge, rarement bavard, a choisi ses mots avec soin. Raúl Asencio, souvent réservé, a frappé lui aussi : « Le vestiaire est avec Xabi Alonso à 100 %. Il y a eu un changement d’attitude. » Jamais cette saison le message n’avait été aussi clair.
Une question demeure : cette unité affichée est-elle durable ou simple réaction à la tempête ? Le Real Madrid souffre d’un mal chronique cette saison : son absence de constance. Dans le jeu, dans l’attitude, et parfois dans ses engagements internes. C’est là que se trouve le véritable défi. Soutenir l’entraîneur une nuit ne suffit pas. Il faut le faire pendant des semaines, des mois.
Xabi Alonso demeure sous pression
Xabi Alonso lui-même l’a dit, presque en filigrane lors de sa conférence de presse d’après-match : « Le temps nous dira si ce soir est un tournant. » Une phrase prudente, mais révélatrice. Il sait que cette démonstration d’unité est précieuse, mais fragile. Le Real Madrid n’a plus droit à l’erreur, ni en Liga ni en Ligue des champions.
Le calendrier est impitoyable, la pression permanente. Les semaines à venir diront si cette nuit de juin au Bernabéu était un simple feu de paille ou le début d’un véritable redressement collectif. Car au Real Madrid, les promesses se font souvent dans l’urgence. C’est la capacité à les tenir qui sépare les grandes équipes des autres.
Et pourtant, quelque chose a changé mercredi soir. Toujours selon AS, la direction a ressenti un soulagement palpable. Même dans la défaite, l’équipe a montré une cohésion qu’on croyait perdue depuis des mois. Mercredi, le Real Madrid n’a pas seulement évité un naufrage sportif : il a évité un éclatement interne. Et dans un club où les tensions peuvent exploser en quelques heures, c’est déjà une victoire en soi.
Xabi Alonso ne marche plus seul. Il a retrouvé un vestiaire. Reste maintenant à savoir s’il saura en faire une équipe. Les prochains matches donneront la réponse. Mais pour la première fois depuis longtemps, l’entraîneur basque peut compter sur autre chose que son seul génie tactique. Il peut compter sur ses joueurs.
Karim Lamhourek











