Camavinga au Real Madrid, récit des premiers mois d’amour

Depuis son arrivée au Santiago Bernabéu, Camavinga connaît un développement aussi constant que remarquable. Une chose rare au Real Madrid.

Camavinga

Il faut l’avouer, le Real Madrid n’est pas le club idéal en ce qui concerne la post-formation. Cette partie de carrière qui consiste à accueillir les jeunes joueurs en devenir pour les aider à s’adapter au haut niveau n’est pas vraiment inscrite dans l’ADN de la tunique blanche. La génétique du club le pousse souvent à choisir les meilleurs. Faire venir ceux qui illuminent le monde dans la capitale espagnole, tel est le devoir du Real Madrid. C’est pourquoi toute arrivée d’un jeune joueur nécessite patience et persévérance. Les cas de Vinícius Júnior et Martin Ødegaard, sont assez éloignés pour montrer un panel du chemin standard de réussite ou d’échec sous le maillot blanc. Mais à travers cette norme, il y a un joueur qui semble passer au milieu des mailles du filet, il s’agit d’Eduardo Camavinga.

Une adaptation difficile puis express

Certains dénoncent le manque de rotation au Real Madrid. C’est le cas de l’ancienne légende madridista Guti qui indiquait fin mars : « Une grande équipe qui veut se battre sur tous les tableaux ne peut pas composer avec 14 joueurs. » Dans sa déclaration, l’ancien milieu de terrain met le doigt sur un problème concret du club. En effet, il semble y avoir un écart abyssal entre les 15 joueurs les plus utilisés à Madrid et les autres en termes de temps de jeu. Dernier de cette rotation, Marco Asensio culmine à plus de 1 700 minutes de présence sur le rectangle vert. Derrière lui, presque personne n’arrive à au moins 700 minutes. Seuls deux joueurs y parviennent : Eduardo Camavinga et Eden Hazard. L’ancien Rennais culmine à 1162 minutes toutes compétitions confondues avec Madrid cette saison.

Logiquement, dans une équipe de 11 joueurs et avec 5 remplaçants autorisés par matchs, il faut un 16e homme. Dans la stratégie d’Ancelotti, le Français semble donc avoir pris la place du belge sur le banc des Rois d’Europe. Pour cause, la plupart de ses entrées sont aussi remarquées que remarquables. De la même manière, les quelques fois où Don Carlo lui donne les rênes de l’espace gauche du milieu comme titulaire, il répond présent.

Ce cas de figure s’est proposé 11 fois depuis le début de la saison. Il a fait partie du XI de départ dans un quart des affiches où il était disponible (41 présences dans le groupe cette saison). Un chiffre qui montre une adaptation, certes patiente, mais de qualité dans la capitale espagnole. À titre d’exemple, Fede Valverde n’avait eu que 6 titularisations à sa première saison en équipe première au 10 avril 2019. L’Uruguayen n’avait également connu que 820 minutes de jeu à la même période de l’année, soit 350 minutes de moins qu’Eduardo Camavinga.

Un joueur patient et attentif

Selon nos informations, rapportées par Pablo Gallego, le joueur serait heureux avec le statut qu’il occupe aujourd’hui à Madrid. À seulement 19 ans, il aime apprendre des légendes du jeu qu’il côtoie. Un sentiment exprimé dans une interview accordée à One Football il y a un mois. Dans cet entretien, il dit : « Il y a Casemiro qui joue ici, et j’essaie d’apprendre beaucoup de choses de lui sur le plan tactique. Avant les matchs, quand je commence, il me dit de jouer simplement et d’être efficace. Ensuite, il y a aussi Luka et Toni. J’apprends du trio, parce que je pourrais jouer à toutes les positions au milieu. Je dois apprendre de tout le monde pour être prêt quand l’entraîneur me solicite. » Une solution qui marche, puisque quand l’ancien Rennais est aligné, il montre de très bonnes choses sur le terrain.

L’envie, c’est sûrement ce qui caractérise le mieux chaque entrée du joueur. Une énergie débordante qui fait énormément de bien dans un Real Madrid où le pressing fait (trop) souvent défaut. Sur le terrain, Camavinga étouffe l’adversaire sans ballon. Avec le cuir dans les pieds, il leur fait tourner la tête. Pour ceux qui considèrent que le football se définit par des lignes, le Français est une anomalie. Pour les autres qui ne jurent que par les zones du terrain exploitées par les artistes du ballon rond, c’est une bénédiction. Comme le jeune milieu le dit lui-même, il peut jouer « à toutes les positions. » Une habileté qui se remarque sur le terrain. Camavinga distribue aussi bien à la relance que dans les petits espaces. Il ne doute jamais, que cela soit dans son camp ou dans les 30 derniers mètres adverses. Le madridista porte le ballon quand le jeu le demande, il le passe quand il l’exige.

Son jeu sonne extraordinairement juste pour son âge. Mais alors, que lui manque-t-il pour prendre la place qu’il mérite dans le XI initial ? Et bien, ça ne se joue à pas grand-chose. Son profil est suffisamment différent de celui de Toni Kroos ou Casemiro pour être une alternative de jeu plus qu’un héritier du poste. Pour jouer régulièrement 90 minutes, il lui reste peut-être à maîtriser ses courses sans ballon : courir au bon moment, au bon tempo et dans le bon espace. Dans ce registre, il reste encore perfectible. Cependant, il n’y a 10 000 solutions pour améliorer cet aspect du jeu. Il n’y en a même qu’une, il faut jouer. Comprendre le football, c’est aussi le pratiquer quand on est joueur. En clair, pour voir Camavinga dans un jour encore meilleur, il faut, justement, le voir plus souvent. Une évolution qui semble en bonne voie au vu de ses apparitions qui se font de plus en plus fréquentes.

Erwan