Benzema, Camavinga, Tchouameni & Co : la French Touch du Real Madrid

Après les hispanophones, les francophones sont la communauté linguistique la plus présente dans l’effectif du Real Madrid. La French Touch est-elle à la conquête de Madrid ?

Real Madrid

La communication est l’un, si ce n’est LE pilier de la cohésion dans un sport collectif. Au Real Madrid, la deuxième langue la plus parlée dans le vestiaire est le français, avec 6 francophones présents parmi les 23 joueurs de l’effectif (soit plus d’un quart des joueurs). À titre de comparaison, il y a 9 hispanophones, 3 germanophones et 3 lusophones dans la formation blanche de la capitale ibérique. Seuls Andriy Lunin (Ukrainien) et Luka Modrić (Croate) n’ont pas grandi dans une langue commune à un autre joueur du vestiaire.

Pour les francophones, il s’agit de : Karim Benzema, Thibaut Courtois, Ferland Mendy, Eden Hazard, Eduardo Camavinga et Aurélien Tchouameni. Parmi eux, 5 joueurs possèdent même la langue de Molière comme jargon maternel. En effet, Thibaut Courtois parle initialement le néerlandais, mais sait communiquer en français grâce à son père, francophone. Ainsi, le dialecte du pays bleu-blanc-rouge a pris une place importante dans le vestiaire ces dernières années. Une dynamique qui ne semble pas prête de s’arrêter, au vu de la volonté du Real Madrid d’attirer Kylian Mbappé ces dernières années ou bien des différentes rumeurs entourant Koundé (selon RMC Sport), Gouiri ou encore Gnabry (selon Foot Mercato) que l’on a pu entendre ces derniers mois. Si le Real Madrid intéresse les francophones, la réciproque s’observe également à en croire l’arrivée d’Hazard, Mendy, Camavinga et Tchouaméni ces dernières années.

Une langue importante dans le vestiaire

Dans un premier temps, voir autant de francophones au Real Madrid permet d’établir une meilleure communication sur le pré. Évidemment, l’espagnol restera toujours prioritaire et il ne sera pas rare que deux joueurs parlant la même langue discute avec l’idioma locale lors des confrontations officielles. Cependant, le français peut permettre par ailleurs de mieux combiner et de préciser certaines choses, que cela soit lors des temps morts en pleine rencontre ou sur la pelouse de Valdebebas à l’entraînement. Pour Ouest-France en 2021, Camavinga détaillait par ailleurs l’impact des francophones sur son intégration au vestiaire du Real Madrid. En évoquant Benzema et Hazard, il déclare : « Karim Benzema, je mange à côté de lui à table. Il y a aussi Eden Hazard qui parle français. Cela donne plus de motivation, ça donne envie d’avoir leur carrière. C’est plaisant d’être avec de tels coéquipiers au quotidien. » À son arrivée, ce dernier mettait en avant l’importance de parler « beaucoup avec les Français​ » pour mieux comprendre l’exigence madridista, toujours pour Ouest-France.

De la même manière, mais avec l’effet inverse, l’échec de Luka Jović, arrivé à Madrid pour 63 millions € en 2019, s’était notamment expliqué par son incapacité à s’intégrer au vestiaire. Serbophone et germanophone, il semble que la chandelle n’ait jamais vraiment pris feu entre lui et les autres membres du vestiaire. En mars 2022, MARCA avait mis la lumière sur cette situation : « Dans le vestiaire, ils disent qu’ils ne remarquent pas quand il arrive ou quand il part. Un fantôme. » Un isolement dû à l’écart linguistique et culturel ? Peut-être. Alors qu’en parallèle, la venue d’Eden Hazard en terre espagnole ne reflète pas les mêmes sentiments. Ce transfert peut être considéré, d’autant plus, comme un échec au vu du montant dépensé et a eu lieu durant le même mercato que Luka Jović. Pourtant, le joueur s’illustre par un soutien indéfectible du vestiaire envers le Belge. Dans une interview réalisée pour le journal L’Équipe en 2019, il avait souligné l’importance de la francophonie dans les moments compliqués qu’il connaissait à Madrid :

« L’intégration est facile, car il y a pas mal de francophones (Varane, Mendy, Benzema). Le staff est francophone. Pour moi, c’est parfait. »

Par ailleurs, cette particularité du vestiaire est l’une des meilleures armes de la figure d’autorité des rois d’Europe : Carlo Ancelotti. Habile de cinq langues différentes (italien, anglais, espagnol, allemand et français), le meneur d’hommes accorde une grande place à la pluralité linguistique dans son coaching, bien qu’il privilégie toujours la langue locale. Et alors que, lors de son premier passage à Madrid en 2013, il déclarait avoir perdu son français, le Mister s’est exprimé plusieurs fois dans cette langue face à la presse la saison dernière. La présence importante de cette dernière dans le vestiaire aurait-elle poussé Don Carlo à reprendre en main sa LV4 ?

L’axe de la communication

Ensuite, et plus directement lié au terrain, on observe la création d’un réel axe de jeu francophone au Bernabéu parmi les joueurs réguliers. Une défense occupée par Courtois et Mendy, une conservation assurée par Camavinga et une finition sous la baguette de Karim Benzema la représente au mieux. Récemment, le départ de Casemiro couplé à l’arrivée de Tchouaméni ainsi que le retour régulier d’Eden Hazard sur les pelouses marque d’autant plus la francophonie de cet espace « axe – couloir gauche ». Du goal jusqu’au but adverse, un couloir presque 100 % francophone pourrait voir le jour. Une simulation qui se rapproche beaucoup de la réalité, tant Tchouaméni semble avoir carte blanche au milieu (si les bonnes performances suivent) et au vu de la prise de pouvoir de Camavinga dans la zone d’un Toni Kroos, moins bon la saison passée. De la même manière, KB9 paraît avoir une affinité particulière avec le remplaçant de Vinícius Júnior. En lui laissant tirer le second penalty du Real Madrid face au Celta de Vigo, le Français a signifié sa volonté de pousser Eden Hazard à retrouver son niveau d’avant.

À l’image de ce que l’on avait pu observer lors des premiers matchs post-covid, sans ambiance sonore ajoutée artificiellement, les échanges dans des langues variées se font entendre régulièrement sur les pelouses du très haut niveau. Espérons donc que l’arrivée de cette nouvelle vague francophone pousse le Real Madrid vers de nouveaux titres.

 

Erwan Harzic