Le Real Madrid et son 4-4-2 : le piège du jeu madridista

Depuis de nombreuses années, le Real Madrid se mue en un 4-4-2 non assumé qui n'est pas toujours tendre avec les nerfs des fans.

Real Madrid

À quoi tient le jeu du Real Madrid ? Pour beaucoup, l’écurie madridista est un aficionado du 4-3-3. Néanmoins, la réalité est beaucoup plus nuancée. Avec ce club, les feuilles de match mentent souvent et laissent finalement place à un 4-4-2. Carlo Ancelotti avait déjà commencé à mettre en place cette identité lors de son arrivée à Madrid au début de la dernière décennie. Aujourd’hui, elle est encore visible.

D’Isco, le rôle de milieu mouvant du Real Madrid est incombé à Federico Valverde, en passant par Marco Asensio durant un temps. Ce dernier ne ferme pas la pointe haute d’un losange, mais sert généralement de rustine aux défauts du XI de la capitale espagnole. Aujourd’hui, quels sont les problèmes que cette formule règle et, surtout, parvient-elle à le faire régulièrement ?

Une absence flagrante de joueurs de côté…

Si le 4-4-2 est privilégié, c’est en grande partie à cause du profil des joueurs présents au Real Madrid. Depuis près d’une décennie, le club peine à trouver de bons ailiers. De Gareth Bale à Vinícius Júnior, quelques beaux noms ont collé la ligne de touche, mais ils ont tous fini par émigrer du côté de l’axe. Plus particulièrement, les bons attaquants, qui brillaient par leurs vitesses, sont devenus des moteurs des phases de contres. Lors des attaques placées, ces derniers ont été placés différemment en fonction de leurs qualités.

Le Gallois était présent aux abords de la surface. Disposant d’une frappe aussi puissante que rapide à armer, il était un véritable canonnier. Pour le Brésilien, ses bons appels dans la profondeur du terrain et sa vista lui demandent de constamment jouer avec le hors-jeu pour être servi derrière la défense. Si le groupe madridista squatte déjà les 30 derniers mètres adverses, ce dernier n’hésitera pas à venir demander le ballon. Une fois dans ses pieds, il tente des duels dont seuls lui et ses compatriotes ont le secret. Dans le Real Madrid actuel, Viní Jr. a mis de côté tout ce qu’il faisait de lui un joueur de côté.

Dans cette affaire, les latéraux ont aussi leur mot à dire. Car si les ailiers se positionnent pour des raisons stratégiques, quid des défenseurs excentrés ? Force est de constater que le niveau des défenseurs latéraux des joueurs habitués du stade Santiago Bernabéu est relativement faible. Depuis son arrivée au club, Ferland Mendy a toujours montré de plus grandes qualités défensives qu’offensives. À Lyon, ses qualités offensives étaient observables dans le jeu en profondeur, une qualité qui fait doublon avec celle de Vinícius Júnior.

En ce qui concerne Dani Carvajal, l’Espagnol ne semble plus être au niveau. Plombé par les blessures il y a deux ans, cette période a mis un sérieux coup de frein aux performances du numéro 2. Sa vitesse en a pâti et s’il ne peut plus revenir en défense efficacement, le risque de se projeter souvent vers l’avant devient trop grand. Ainsi, ce dernier ne prend plus de risque. Dernièrement, David Alaba est indispensable dans la stabilité défensive du onze. Tant qu’un autre cador n’accompagnera pas régulièrement Militão, il sera difficile de lui demander de reproduire ce qu’il faisait au Bayern.

Un système qui a tout de même quelques qualités

Face à cette absence de mouvement sur les flancs, le Real Madrid observe deux phases de jeu où elle est particulièrement à l’aise : les contres et les phases de possessions hautes. Grâce au profil de Luka Modrić et Federico Valverde, les milieux de terrain sont capables d’avancer (très) haut en gardant le ballon dans les pieds. Si le pressing adverse est trop intense, la solution Vinícius Júnior dans la profondeur est idéale. Elle permet de se créer des occasions en passant par-dessus la défense et inversant la pression.

Sur le haut du terrain, c’est la qualité technique qui parle. Cette capacité à enchaîner les passes adverses dans le dernier tiers adverse est l’un des principaux atouts du Real Madrid. Encore une fois, ces échanges lui permettent de gérer l’intensité et la pression du match à leur bon vouloir. En Ligue des champions, ces séquences d’une grande élégance sont régulièrement visibles en fin de match.

Face à Liverpool, lors du huitième aller de la saison 2022-2023, on a pu observer une partition pleine de sérénité et d’expérience durant les 10 dernières minutes. Si cette qualité est à imputer au joueur directement, elle est aussi fortement impactée par la densité amenée dans l’entre jeu grâce au 4-4-2. Gérer sans enflammer, voici les mots qui définissent le mieux le schéma tactique de l’actuel champion d’Europe.

 

Erwan Harzic