Camavinga latéral gauche, la fausse bonne idée de Deschamps ?

Convoqué comme défenseur en équipe de France, le Madridista ne semble toujours pas avoir les qualités pour réellement s’imposer à ce poste. Vendredi soir, face aux Pays-Bas, l'ancien Rennais est d'ailleurs entré en jeu à la 76e à la place de son coéquipier en club Aurélien Tchouaméni. Eduardo Camavinga latéral gauche : une peine perdue pour le joueur du Real Madrid ?

Camavinga en équipe de France

Après la Coupe du monde, Didier Deschamps ne semble pas en démordre. Pour cette première trêve internationale de l’année 2023, Eduardo Camavinga est de nouveau appelé dans le rôle d’un défenseur. Cette semaine en conférence de presse, le sélectionneur des Bleus a justifié sa décision ainsi :

« Comme d’autres joueurs, il a une polyvalence intéressante. Néanmoins, sur ce rassemblement, par rapport aux exigences et à ce qu’il a pu faire auparavant, il m’offre plus de garanties sur ce poste. » Par la suite, il avoue avoir eu « des discussions » sur ce sujet auprès du Madridista. Le joueur ne serait « pas surpris » quant à cette utilisation dans le 11 tricolore. Fulgurant au milieu de terrain, le joueur a-t-il vraiment un avenir dans l’alignement défensif ?

Une habitude à prendre ?

À travers sa déclaration, l’homme à la tête des Bleus semble savoir où il va. De la même manière, Eduardo Camavinga a été latéral gauche à 5 reprises dans LaLiga cette saison. Face à la Real Sociedad, le joueur avait connu sa première vraie titularisation en club à ce poste et a proposé une solution plus ou moins convaincante à Ancelotti. Fortement pénalisé par les blessures dans ce secteur, l’Italien a pris le pari de compter sur le Français pour être un renfort non-négligeable face à cette pénurie. Entre autres, le manager du Real Madrid avait souligné les qualités défensives de son joueur comme argument.

Sur ce point, il est difficile de donner tort à Carlo Ancelotti. Utilisable en tant que sentinelle, Eduardo Camavinga a montré qu’il pouvait assumer le rôle de milieu à vocation défensive. Cependant, ses qualités se prêtent-elles vraiment à un celle d’un latéral ? Défensivement, un défenseur côtoyant la ligne de touche n’est pas qu’attendu sur sa qualité à défendre sur l’homme et à ralentir le jeu. Une bonne lecture de l’espace dans son dos, un volume de course important et une capacité à se libérer de la pression sont nécessaires.

Un joueur inadapté au cahier des charges…

Les deux derniers critères correspondent à ce que montre le jeune international en match au milieu de terrain. Néanmoins, la capacité à ne pas se faire avoir derrière soi par un joueur de couloir adverse plus rapide ou par un ballon en profondeur sont des attitudes innées liées au poste. Sans grand suspens, Camavinga ne brille pas dans ce secteur de jeu. Il paraît compliqué de voir le joueur s’améliorer spécifiquement sur ces points s’il joue aussi peu de matchs en tant que latéral. Ces difficultés peuvent l’empêcher de se porter vers l’avant, au risque de mettre sa défense en danger sur les contre-attaques ou des phases de jeu rapides.

D’autant plus, le Français a touché deux fois plus de ballons lorsqu’il postulait dans l’alignement défensif en Espagne. Cette sollicitation plus fréquente du joueur à un poste qu’il ne connaît pas l’amène à faire des erreurs. Ainsi, le joueur a perdu 13 ballons et n’a remporté que 40 % de ses duels sur les deux rencontres jouées en tant que latéral gauche en mars avec le Real Madrid.

Ce faible rendement est bien éloigné des standards du joueur quand il évolue plus haut. En cause, les solutions semblent moins fournies pour lui sur le flanc gauche. Au milieu de terrain, ce dernier avait recours à un large panel de joueurs disponibles pour recevoir une passe afin de se libérer du pressing adverse. Encore une fois, la réponse à ce problème dépend de qualités innées au poste.

Ainsi, il paraît peu probable de voir Eduardo Camavinga s’imposer en Bleu ou ailleurs en tant que latéral. Une conclusion qui ne devrait pas freiner son évolution dans la capitale espagnole. Du côté des Bleus, la question peut cependant faire grincer des dents si Didier Deschamps s’obstine dans son choix. Au moins, cette convocation a le mérite de ne pas faire oublier le joueur au bon souvenir du sélectionneur. Tout du moins, espérons que cette entente dure jusqu’à ce qu’une place se libère dans la liste des milieux appelés à Clairefontaine.

 

Erwan Harzic