Carlo Ancelotti : stop ou encore ?

Que penser de Carlo Ancelotti ? Doit-on aborder l’avenir à court terme avec lui ? Est-il le premier coupable de la situation du club ?

Ancelotti

Les résultats en dents de scie ne plaident pas en faveur de Carlo Ancelotti. Un coup évoqué sur le banc de la sélection brésilienne, un autre où il est question qu’il aille au bout de son contrat, il est l’heure de faire une mise au point sur le technicien italien.

Le coupable idéal ?

Carlo Ancelotti est le bouc émissaire parfait. Blâmé au moindre faux pas, il est évident qu’il a sa part de responsabilité, bien que celle-ci reste minime par rapport aux problèmes de fond du Real Madrid. On peut entendre ici et là qu’il devrait proposer plus de choses dans le jeu, ce qui reste une demande utopique.

Comment voulez-vous pratiquer un jeu chatoyant, lorsque sur 4 ailes, seul ton ailier gauche est performant ? Comment régler le manque de variété dans les zones d’attaques lorsque tes latéraux ne t’apportent rien offensivement sans être des garanties défensives ? Comment développer du jeu en étant obligé de faire jouer un relayeur (formé milieu défensif) au poste d’ailier droit ? Comment faire tourner le secteur offensif lorsque la moitié de tes éléments sont performants et fiables ?

Les techniciens qui réussissent à donner une identité de jeu à leur équipe le font parce que leur effectif est complet, avec tous les postes doublés et pour certains triplés même. À part les choix loufoques de Pep Guardiola par moments, aucun autre coach ne pourrait justifier le fait d’avoir un profil comme celui de Federico Valverde qui se retrouve au poste d’ailier droit. Malgré cela, le Real Madrid est capable d’égaler ces formations sur ce plan et l’a prouvé. Ironie du sort, les meilleurs matchs des hommes d’Ancelotti dans le contenu sont synonymes de frustration, à l’exception de la courte victoire 1-0 contre Liverpool en 1/8e de finale de la Ligue des champions.

Toujours dans ce même volet, on lui reproche d’être frileux et d’installer un bloc médian ou bas. Pourtant, c’est la meilleure solution à l’heure actuelle avec nos carences. Évoluer dans un bloc médian ou bas permet d’exploiter la qualité de Vinícius Júnior pour attaquer les espaces et gérer les duels en un-contre-un contre son vis-à-vis. Il permet également de réduire les espaces derrière, donc les brèches laissées par nos latéraux dans leur dos. Enfin, on peut profiter de la qualité de Modrić et/ou Kroos dans la relance, tout en limitant leurs efforts et en restant le plus compact possible.

L’exercice en cours est dans la droite lignée de l’année dernière. Le FC Barcelone distance largement le Real Madrid en championnat. Sans être meilleurs que nous, ils arrivent cependant à avancer et à dominer leur sujet dans une faible Liga. La différence ? Un effectif bien construit, des joueurs à leurs postes, et en prime efficace dans ses deux surfaces comme nous l’année dernière. De ce fait, en plus d’être calibré pour tuer les faibles oppositions en championnat, les hommes d’Ancelotti passent totalement au travers de leur sujet dès qu’il affronte un bloc bas.

Peut-il faire mieux ?

Le technicien italien réalise des miracles. Avec un effectif mal construit depuis l’été 2017, le Real Madrid évolue depuis lors tel un funambule. Dans un tel contexte, comment en vouloir au transalpin ? Sans recrue offensive, et devant composer avec des indésirables, la saison 2021-2022 relève du surnaturel. Carlo Ancelotti n’est pas tout blanc (sans mauvais jeu de mots) dans la dynamique depuis le début de saison. Malgré des standards dans la continuité de l’exercice précédent, le manque de rotation dans son secteur le plus fourni pose problème. Le transalpin peine à se défaire des immenses Toni Kroos et Luka Modrić dans les grands rendez-vous, comme s’il était pieds et poings liés.

Bien que la décision finale lui revienne sur le 11 de départ, la transition attendue au milieu de terrain peine à se finaliser. Il est clair que les deux légendes ne sont pas évidentes à reléguer sur le banc, tant ils font la pluie et le beau temps dans le vestiaire. C’est certainement le point noir du passage de Carlo Ancelotti.

Pour autant, il réussit à bricoler dans les autres secteurs, tout en gérant parfaitement la gestion de nos plus gros talents. L’intégration de Rüdiger en charnière centrale, Rodrygo qui n’est pas encore indiscutable, sans oublier le dossier Camavinga qui reste un modèle d’intégration et de gestion. En définitive, la saison n’est pas encore terminée et le Real Madrid peut encore aller chercher des trophées.

Selon moi, il serait préférable pour Carlo Ancelotti de partir à la fin de cette saison. Ne pas faire la saison de trop, la possibilité de finir sur une excellente note au contraire de 2015, et rester dans le cadre dans lequel s’inscrit son arrivée en juillet 2021 : donner un coup de fouet au Real Madrid, et installer des jeunes à chaque ligne. Même si dans les détails il y a beaucoup à redire, dans le contexte qui est le sien, le bilan reste énorme quoi qu’il arrive.

 

Abdoulaye D.