Toutefois, le Real Madrid étant de loin le club le plus exigeant au monde, les trophées remportés excluent rarement les critiques envers des aspects perfectibles de l’équipe d’Ancelotti.
La débâcle de l’Etihad restée sans conséquences
Déjà si loin, mais pourtant pas très éloignée en termes temporels, l’écrasante victoire de Manchester City en demi-finale retour de Ligue des champions face au Real Madrid a surpris les observateurs avertis.
Tout d’abord, d’aucuns n’auraient parié que “Carlo” poursuivrait l’aventure avec les Merengues puisqu’il avait été licencié en 2015 pour bien moins que cela. Le fait de terminer LaLiga à 14 points du Barça et d’avoir subi une large défaite de finale de Supercopa sont d’autres éléments qui, lors de son premier passage, auraient été rédhibitoires pour le coach aux quatre Coupe aux grandes oreilles.
La déculottée infligée au Camp Nou lors de la demi-finale retour de Copa del Rey a probablement été le salut du technicien italien. En effet, bien plus qu’une victoire lors d’un « Clasico copero » ou qu’une qualification en finale de Coupe du Roi, cette victoire au détriment du rival catalan a eu bien plus qu’un impact footballistique.
Avant la rencontre, Joan Laporta et sa Junta directiva ont refusé les traditionnels repas d’avant-matchs, étant froissés que le Real Madrid ait annoncé être partie prenante dans l’Affaire Negreira dès que la justice civile s’en est emparée. De plus, cette victoire est venue atténuer l’assertion de Laporta qui se victimisait en disant que cette fameuse affaire éclatait lors du meilleur moment du club catalan.
Le Real Madrid doit effectivement une fière chandelle à Ancelotti pour cette victoire historique et lourde de sens. Cependant, il est un point qui reste très préoccupant pour la saison prochaine : l’absence de méritocratie au sein de l’effectif.
La non-titularisation de Rüdiger à l’Etihad
Nombreux sont ceux à s’être offusqués de la titularisation de Militão à l’Etihad alors qu’il traversait (peut-être toujours ?) une phase apocalyptique. Selon nous, la présence du défenseur central brésilien peut s’expliquer par l’absence d’Antonio Rüdiger. Le défenseur de la Mannschaft a été affecté de ne pas être aligné d’entrée à Manchester en dépit d’avoir été l’auteur d’une performance de grande envergure, démontrant à Haaland qu’affronter le Real Madrid est différent que d’en découdre avec la majorité des défenses de Premier League.
En ne titularisant pas Rüdiger après sa performance du match aller, Ancelotti a envoyé un message extrêmement négatif à son effectif : « Si mon 11 de départ est dans de bonnes conditions sanitaires, vous n’avez aucune chance de l’intégrer et ceci, quelle que soit la qualité de vos performances ».
Cette méthodologie n’est viable que si l’équipe en récolte un résultat positif. Toute autre possibilité s’avère rédhibitoire pour l’entraîneur. À titre d’exemple, en 2018, Zinedine Zidane aurait subi les foudres du madridismo s’il n’avait pas remporté la 13e Ligue des champions de l’histoire du Real Madrid. En effet, son choix de maintenir Karim Benzema à la pointe de l’attaque alors que les performances du 9 français étaient clairement insuffisantes s’est avérée payant. Benzema avait été l’auteur de 3 réalisations lors des 2 matchs les plus importants de la saison.
En revanche, lors de l’Euro 2021, le choix surprenant de Luis Enrique de sélectionner Eric Garcia au détriment de Nacho a donné tort au nouveau coach du PSG. Lors de la demi-finale, Eric Garcia porte une lourde responsabilité dans l’ouverture du score de Federico Chiesa qui, même si elle ne s’est pas avérée définitive dans l’issue de la qualification italienne, a grandement contribué à celle-ci.
Quid de la saison 2023-2024 ?
Loin de remettre sa manière de faire en question après la débâcle de Manchester, « Carlo » a fait boire le calice jusqu’à la lie à ses joueurs. Lors d’une conférence de presse, le technicien italien s’est montré très emprunté à l’heure de répondre à une question sur les temps de jeu de Kroos et Modrić la saison prochaine.
Alors que Zidane avait démontré que ménager Cristiano Ronaldo lors des échéances de moindre importance s’avérait bénéfique tant pour le Portugais que pour le rendement de l’équipe, Ancelotti ne semble pas vouloir changer de fusil d’épaule. Cet état de fait n’est pas sans conséquence, loin s’en faut. Durant la saison écoulée, Tchouameni et Valverde n’ont pas démontré être à même d’être seuls à pouvoir apporter l’équilibre indispensable à l’équipe lorsque l’Allemand et le Croate sont alignés en tant que relayeurs.
La seule occurrence viable a été l’alignement conjoint de l’international français en pivot et celui de l’Halcon comme milieu droit. C’est la tactique qu’avait adoptée Ancelotti la saison précédente suite au presque naufrage de l’Etihad lors de la demi-finale aller de Champions League. Au retour, il avait préféré la titularisation de Valverde au détriment de Rodrygo.
Quand bien même elle n’avait pas permis aux Madrilènes s’ouvrir le score face aux Citizens, elle lui a permis d’arrêter l’hémorragie subie à l’aller qui l’avait vu encaisser pas moins de 4 buts dont 2 en moins de 20 minutes. Galvanisé par cette approche payante, Ancelotti l’a reconduit lors de la finale de Paris et outre le fait qu’elle ait été payante, elle s’est avérée bien plus déterminante qu’elle n’y paraît.
Hormis la passe décisive de Valverde pour Viní Jr., le soutien de l’Halcon pour Carvajal en phase défensive a totalement éteint le côté gauche des Reds alors que Klopp misait beaucoup sur son duo Robertson-Diaz. Même si Salah était le joueur de la ligne d’attaque le plus déterminant des Reds, le coach allemand était conscient que Carvajal était plus friable défensivement que Mendy. En conséquence, la titularisation de Rodrygo à l’Etihad reste une énigme.
Quelle gestion au milieu de terrain ?
Fede Valverde a explicitement exprimé son souhait d’évoluer à son poste de prédilection plutôt que sur le côté droit. Cela signifie que Tchouameni ne sera plus à même de tenir le milieu comme le faisait Casemiro.
Camavinga est l’unique joueur qui nous paraît capable d’assumer ce rôle. Ainsi, si un triplé pivot Camavinga-Kroos-Modrić est aligné, cela signifie que Valverde, Tchouameni, Bellingham et Ceballos ne partiront pas comme titulaires si Carlo accorde un statut d’immunité aux deux milieux légendaires du Real Madrid.
Est-ce que ceux-ci pourront s’accommoder de ce statut sachant que l’Allemand et le Croate feront leurs adieux à l’été 2024 ?