Chapitre 10 : Claude Makélélé, la pierre angulaire du milieu de terrain

Dans le cadre de notre série consacrée aux « Français et le Real Madrid », Claude Makélélé est sans aucun doute l'un de ceux qui ont le plus marqué l'écusson madridista. S'il n'a pas passé que trois saisons à Madrid, son passage a marqué les esprits et son départ a laissé un vide compliqué à combler.

Claude Makélélé, ancien joueur du Real Madrid (Icon Sport)

Formé à Brest et révélé de 1992 à 1997 au FC Nantes, Claude Makélélé rejoint la Liga et le Celta Vigo en 1998 après une année contrastée à Marseille. Le milieu de terrain international français s’y impose rapidement et, au bout de deux ans, il est recruté par le Real Madrid.

L’arrivée de Makélélé au Real Madrid

Le Real Madrid lâche 14 millions d’euros pour recruter l’ancien Nantais, une coquette somme pour l’époque. Dans l’effectif du vainqueur de la Ligue des champions 2000, Claude Makélélé s’impose rapidement comme un titulaire indiscutable, malgré l’arrivée ultérieure des recrues galactiques voulues par Florentino Pérez. Cependant, son profil, celui d’un rugueux milieu défensif peu présent dans la surface adverse et donc rarement sous les feux des projecteurs, aboutira à un certain manque de considération.

Claude Makélélé arrive à vingt-sept ans pour prendre la relève de Redondo, dans un secteur de jeu où il y a peu de joueurs d’expérience. Guti n’a alors que vingt-trois ans, et les autres milieux de l’époque, Ivan Campo, Albert Celades ou Flavio Conceição, n’ont pas laissé un souvenir impérissable du côté du Real Madrid. Cette année-là, les hommes de Vicente Del Bosque remportent la Liga, 7 points devant le Deportivo La Corogne, mais ne conservent pas leur titre en Ligue des champions.

Claude Makélélé, ancien joueur du Real Madrid (Icon Sport)

Claude Makélélé, ancien joueur du Real Madrid (Icon Sport)

Claude Makélélé est titulaire indiscutable toute la saison et son statut n’est jamais remis en cause tant ses performances sont régulières.

À l’été 2001, des recrues galactiques comme Santiago Solari et surtout Zinedine Zidane viennent renforcer l’effectif, et reconfigurent ainsi les options offensives à la disposition de Vicente Del Bosque. Le jeu pratiqué peut ainsi se tourner encore plus vers l’offensive, sachant que Makélélé est présent aux arrières-postes pour prévenir de toute éventualité de contre.

C’est ainsi que le Real Madrid finit la saison en remportant la Ligue des champions face à Leverkusen, avant de soulever à nouveau la Liga la saison suivante. Ni les médias, ni les dirigeants du Real Madrid, ne semblent cependant prendre la pleine mesure de l’importance de Claude Makélélé sur l’entrejeu.

Manque de reconnaissance et vide difficile à combler ?

Alors que le Real Madrid continue d’empiler les recrues galactiques avec des salaires gigantesques, Claude Makélélé est resté sur les conditions salariales négociées à son arrivée et n’a pas été augmenté jusqu’à l’été 2003. L’arrivée de David Beckham cet été-là, moyennant des sommes astronomiques, pousse le milieu de terrain à demander à sa direction une revalorisation salariale, alors que son salaire est l’un des plus bas de l’effectif.

Soutenu par le vestiaire, qui est conscient de son apport sur le terrain, il est confronté à un refus sec de la part de Florentino Pérez. Makélélé prend très mal ce refus et demande son transfert vers Chelsea dans la foulée. Il jouera cinq ans en Angleterre, où il sera davantage considéré à sa juste valeur, avant de passer les trois dernières années de sa carrière au Paris-Saint-Germain, brassard de capitaine au bras.

Claude Makélélé, ancien joueur du Real Madrid (Icon Sport)

Claude Makélélé, ancien joueur du Real Madrid (Icon Sport)

Sans Makélélé, l’équilibre du Real Madrid est bouleversé, et malgré les divers recrutements au milieu au fil des années, aucun milieu de terrain n’a su reprendre ce rôle avant plusieurs années. Les Fernando Gago ou Mahamadou Diarra présentaient des profils aux qualités différentes, mais n’apportaient pas autant de sérénité pour que les joueurs offensifs puissent s’exprimer dans les meilleures conditions.

La série d’éliminations en huitièmes de finale de Ligue des champions, notamment contre l’Olympique Lyonnais, entre 2003 et 2010, est symptomatique du vide laissé par Makélélé. Le cas de l’international français est symbolique de ce genre de joueurs, dont l’importance est réellement constatée lorsqu’ils ne sont plus là. Probablement aveuglé par sa volonté de clinquant dans la première ère des Galactiques, Florentino Pérez a su en tirer les leçons dans son second mandat.

Des joueurs de devoir comme Casemiro ont ainsi pu s’installer sur la durée au Real Madrid, leur importance dans les succès de l’équipe est désormais davantage reconnue.

 

Adrien Cornillot-Appavou