Clásico : le Real Madrid face au machiavélisme catalan

par | 26/10/2023 - 21:10 | 0 commentaires

Le FC Barcelone accueille le Real Madrid, ce samedi à 16h15, dans un contexte hautement électrique pour un Clásico. Animosité institutionnelle, rivalité au classement, affaire Negreira : les deux entités ont de multiples comptes à régler sur le terrain et en dehors. La recette du succès pour les Merengues tient sans doute dans ce que les Blaugranas ont tant de mal à approcher : l’exemplarité.

Le Clásico n’est plus ce qu’il était. Le Clásico a perdu sa saveur. Le Clásico ne vaut plus grand-chose. Ce refrain, entonné depuis le départ de Cristiano Ronaldo, et plus encore avec l’éloignement forcé de Leo Messi, serait-il en passe de devenir un disque rayé ? À en croire les affrontements récents, on reste pourtant bien loin de l’opposition de style spectaculaire des années 2010 et du monumental retentissement médiatique dans la sphère sportive.

Il n’empêche : l’ensemble des ingrédients sont aujourd’hui réunis pour assister au retour en fanfare des parties débridées, des empoignades brûlantes, des duels tactiques haut de gamme et, surtout, d’un vibrant hymne à la joie. Son compositeur original est mort avant que le ballon rond ne devienne jeu, mais il est grand temps aujourd’hui que les 22 acteurs de l’emblématique Clásico nous réoffrent une douce symphonie. Celle qui fait frissonner tout un chacun, où la magie d’un Modric se marie à la fougue d’un Vini. Assez de mélancolie, place aux génies !

Jeunesse et audace pour ce Clásico

Des diamants bruts, la Masia en a sorti quelques-uns. Mais celui pour lequel la presse s’enflamme ne semble pas fait du même bois que les autres. Précocité surréaliste (premier but à 16 ans avec l’équipe A), aisance technique, assurance comportementale : Lamine Yamal symbolise le talent d’une jeunesse biberonnée au cruyffisme, censé alimenter l’équipe première en qualité offensive et intellectuelle. Mais mieux que de rentrer dans un moule, Yamal entraîne les siens dans son sillage. Celui d’un gamin rêveur au QI foot déjà élevé, repoussant les limites de l’âge.

Son ascension coïncide étrangement avec la blessure d’un trentenaire, Robert Lewandowski, au rendement possiblement déclinant. Yamal, Gavi, Pedri, Fermin Lopez, Marc Guiu… Autant de noms déjà très prometteurs, et qui se conjuguent plus que jamais au futur.

De l’autre côté, le groupe madrilène brille par son entrejeu hyper complet et un savant mélange entre cadres historiques et pépites en devenir. Le début de saison positif du Real Madrid, a minima comptablement, doit sans doute quelque chose à la témérité de ses nouveaux venus. Oser entreprendre, se jeter dans le dernier geste, se proposer dans les circuits de passes et hisser ses coéquipiers vers le haut… Autant d’actions accomplies avec brio par Jude Bellingham, et dans une moindre mesure Joselu, deux recrues de l’intersaison.

Ce mercato agité n’a d’ailleurs pas fait perdre de vue l’objectif après lequel court tout dirigeant, conformément aux préceptes du football moderne : façonner des cracks le plus tôt possible. Pour le Clásico, face à ce FC Barcelone, dont le blason vicié tend à se noircir, le Real Madrid a tout intérêt à démontrer sur le terrain la supériorité de son projet sportif. Car au-delà du rectangle vert, la rencontre semble déjà pliée d’avance.

Eduardo Camavinga et Vinicius Junior (Icon Sport)

Eduardo Camavinga et Vinicius Junior (Icon Sport)

L’indécence du discours, reflet de la fourberie catalane

Au point de pousser l’état-major madrilène à ne pas respecter la coutume. Florentino Pérez ne se rendra pas au Stade de Montjuïc samedi pour le Clásico. La raison ? Un tweet du porte-parole du comité exécutif du club catalan, Mikel Camps, posté le soir de la victoire du Real sur la pelouse de Braga en Ligue des champions (1-2). « Ce n’est pas du racisme, il mérite une gifle pour être un clown. Ces enjambements sont inutiles et dénués de sens sur un terrain de football », a-t-il tweeté en référence aux dribbles de Vinicius. Sale temps pour les artistes.

Une passe décisive et un but refusé au millimètre méritent-ils pareil résumé injurieux ? On passera sur l’ineptie de la seconde phrase, de surcroît venant d’un homme dont le club qu’il représente milite pour la primauté du beau jeu sur le résultat. La première accusation relève en revanche de la diffamation pure et simple. Monsieur Camps ne minimise pas : il écarte d’un revers de la main.

Balayer les accusations (légitimes) de racisme formulées par Vinicius à l’encontre de certains supporters dans des stades de football, c’est moins la preuve d’une ignorance profonde que d’un redoutable déni de réalité. Le représentant catalan, non content d’égratigner l’image d’un organigramme dans l’œil du cyclone, marque un but contre son camp. Imparable. Les propos de cet homme résonneraient peut-être autrement si son propre président, Joan Laporta, n’avait pas officiellement été inculpé pour corruption dans la retentissante affaire Negreira.

Ce scandale arbitral, qui n’a pas fini de livrer tous ses secrets, en dit long sur les méthodes illicites d’un état-major hors-sol. Prochainement, l’heure viendra pour lui et ses complices de rendre des comptes aux plus hautes instances. A mesure que le temps s’égrène, on remarque le potentiel caractère historique d’une méthode, d’un style ou encore d’une équipe. La méthode Laporta ? Ce sera à la justice de trancher. Le style des deux entités ? Il demeure connu de tous les passionnés hispaniques, et bien au-delà. Quant à l’équipe ? L’intense opposition du 28 octobre à prévoir lors de ce Clásico devrait livrer les premières lignes d’un tout nouveau chapitre relationnel.

 

Tanguy Soyer

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