Retour en Espagne. Et sur Terre. 96h après une victoire éclatante face au FC Barcelone, synonyme de succès en Supercoupe d’Espagne, les hommes d’Ancelotti ont remis le couvert face à leur pire ennemi du moment, le voisin madrilène. Ce même derby avait aussi eu lieu en Arabie saoudite, une semaine plus tôt, donnant à voir le spectacle de deux équipes débridées (5-3 Real Madrid après prolongation). On pouvait s’attendre à un match de nouveau enlevé et agréable à l’œil pour cette Copa del Rey.
Hélas, Diego Simeone et ses onze bonshommes ont décidé de renouer avec la philosophie première d’El Cholo : multiplier les fautes et hacher le rythme de la rencontre. Cette volonté de faire déjouer l’adversaire est d’autant plus étonnante qu’elle ne correspond pas à ce que propose l’Atletico Madrid depuis le début de saison. D’un football minimaliste basé sur l’impact physique à un jeu épuré et enthousiasmant, les Colchoneros ont opéré leur mue.
Mais l’odeur d’une revanche vaut sans nul doute une approche rugueuse, dans la lignée du tempérament volcanique de leur coach argentin. Malgré un scénario encore renversant, Rodrygo et consorts ont échoué à rejoindre les quarts de finale de la Copa del Rey. Si la nervosité sur le terrain explique en partie ce revers, les deux premiers buts encaissés demeurent largement évitables. Deux erreurs qui ne pardonnent pas à un tel niveau.
Trous d’air et largesse défensive en Copa del Rey
Dix minutes à l’avantage de l’Atletico, puis un bon quart d’heure de domination des hommes en blanc. Jude Bellingham, dont les mots manquent pour qualifier le brio technique et l’audace ballon au pied, manque d’inscrire un remarquable but à la 11ᵉ minute, la faute à une barre transversale que les Madrilènes heurteront deux fois dans la soirée. La suite, autrement plus inattendue, tend à faire passer Antonio Rüdiger pour un cadet, lui le colosse qui ne déçoit jamais depuis de nombreuses semaines.
A la suite d’une tête malheureuse en direction de son gardien, Andriy Lunin, l’ouverture du score du Brésilien Lino ne peut être évitée. Immédiatement, le Real réagit – c’est ancré dans son ADN – et parvient là aussi à profiter d’une bévue adverse pour revenir au score juste avant la pause.
Au retour des vestiaires, la Maison Blanche monopolise le ballon, se crée diverses occasions et semble avoir pris le dessus au milieu de terrain. Ce match de Copa del Rey Las, cette sensation de supériorité est ternie par une nouvelle tergiversation dans la défense. Une passe a priori anodine de Camavinga met Rüdiger et Lunin dans le désarroi : Álvaro Morata n’a plus qu’à pousser le ballon dans les cages vides. Nous sommes à la 57e minute et l’Atletico, menant au score, se met alors à pourrir le jeu. Vinicius, très enclin à houspiller le corps arbitral, perd ses nerfs. Ses coéquipiers tentent de le raisonner, mais essuient, eux aussi, une ribambelle de tacles rageurs.
La tension monte et le match perd en qualité. La Casa Blanca se réorganise, fait entrer le virevoltant Brahim et le régulateur Tchouaméni. Eduardo Camavinga coulisse dans le couloir gauche de la défense à la place de Ferland Mendy, timide. Le persévérant Jude Bellingham (encore lui !), à l’aide de ses dernières forces, finit par arracher l’égalisation en offrant un but à son camarade Joselu, entré en jeu à la place de Rodrygo. 2-2 dans le temps réglementaire, et comme la semaine passée : place à la prolongation.

Le Real Madrid et l’Atlético de Madrid se sont affrontés en Copa del Rey (Icon Sport)
Epuisé, le Real laisse briller Griezmann
La 100e minute est à l’image de la rencontre livrée par les Madrilènes : regrettable. Déconcentré, Vinicius réceptionne mal une passe et sert malencontreusement Antoine Griezmann dans la profondeur. Le Brésilien tente de rattraper son erreur, mais le mal est fait. L’attaquant français progresse sur son côté et n’a aucun mal à se frayer un chemin dans une défense anormalement apathique. Dans un angle fermé, il ouvre son pied gauche et gratifie le Civitas Metropolitano d’un remarquable enroulé dans la lucarne. 3-2 Atletico, et on se dit que les dés sont jetés. Asphyxié, en panne d’idées, le Real ne trouve pas les ressources pour recoller une troisième fois au score.
Un but justement refusé à Dani Ceballos dix minutes plus tard retarde l’échéance et redonne de l’espoir aux supporters. Mais c’est bien le jeune Rodrigo Riquelme, juste avant le coup de sifflet final, qui scelle le sort du Real Madrid en Copa del Rey.
« Nous avons très bien joué, nous nous sommes battus, nous sommes revenus deux fois au score. Nous avons aussi touché la barre transversale à deux reprises. Nous avons perdu alors que nous avions le contrôle du match, à cause d’une perte de balle », a analysé Carlo Ancelotti après la rencontre. Lucide, le manager italien a bien conscience que son groupe s’est pris les pieds dans le tapis. Perdre une bataille du fait de ses maladresses n’est pas bien grave si les impairs sont corrigés lors de la bataille suivante.
Dimanche, au Santiago Bernabéu face à la lanterne rouge de Liga, les Madrilènes tiennent déjà une occasion de repartir sur de bonnes bases. Calendrier moins rempli, batteries mieux rechargées… avec ces conditions, tâche à l’architecte de la Maison Blanche de faire retrouver à ses fondations la solidité perdue en chemin après cette déroute en Copa del Rey.