Pression désorganisée, mauvaise agressivité… Décryptage de l’animation défensive du Real Madrid face à l’Atlético

par | 14/03/2025 - 10:03 | 1 commentaire

La tâche s'annonçait particulièrement ardue face à son voisin de la capitale, pourtant, le Real Madrid a su se montrer davantage solide durant cette séance de penalty sous haute tension. Néanmoins, ce triomphe, fruit en grande partie d'un formidable match aller, ne peut camoufler l'effroyable contenu de ces cent-vingt minutes retour…

L’euphorie d’un épilogue haut en couleur désormais passé, il est temps de tirer le bilan. Une phase essentielle pour la Casa Blanca afin d’apprendre de ces erreurs tactiques commises hier soir au Metropolitano, et d’éviter de les reproduire dans le futur. Car oui, des errances, de mauvaises attitudes, de mauvais choix, il y en a eu au cours de cette défaite 1-0 des Merengues.

Car oui, ce match, le Real Madrid l’a bel et bien perdu. Surpris d’entrée par le but de Gallagher, synonyme d’ailleurs de dernier, les hommes d’Ancelotti n’ont jamais vraiment su se remettre sur le droit chemin, se retrouvant de fait à la merci du réalisme adverse. Frileux derrière, absent au milieu, inoffensif devant… Le système offensif est apparu similaire à celui décrit dans la previa tactique, alors, penchons-nous davantage spécifiquement sur cette pale copie défensive délivrée par les futures adversaires d’Arsenal.

Un pressing du Real Madrid totalement désorganisé…

Cela faisait longtemps que le Real Madrid n’avait paru si fragile défensivement parlant. Ce simple but, ne reflète les lacunes mises en exergue hier soir, les coéquipiers de Rüdiger ayant donné l’impression de retomber dans leurs démons de début de saison. Les phases de pressing comme symbole de cette observation, tant cette initiative s’est révélée inefficace. La raison ? Les Los Blancos ne défendaient en 4-4-2, mais en 4-4-0 ! Certes, des échantillons de retour défensif de la part de la doublette Mbappé – Vincius, ont tenté de camoufler cette attitude. Cependant, le constat s’avérait saisissant : cette première ligne, véritable point d’ancrage d’un pressing, mêlait désorganisation à nonchalance.

Résultat, ce bloc blanc totalement scindé en deux, s’est vu percé de fond en comble par les attaques Colchoneros. En effet, du fait que les défenseurs ne suivaient totalement cette pression, les relances des locaux ne se sont vues que rarement gênées. Une aubaine, une opportunité plus que saisie par les hommes du Cholo, cela se matérialisant de deux manières différentes.

D’un côté, la plaque tournante Barrios ne rencontrait de quelconques difficultés à effectuer des passes verticales qui venaient casser les lignes blanches. Et de l’autre, lorsque ce pressing s’avérait mieux organisé, ces derniers n’hésitaient pas à allonger le jeu soit directement en profondeur dans le dos de la défense, ou alors en direction d’un décrochage.

Car oui, l’Atlético savait très bien que les Álvarez ou encore Griezmann ne pouvaient venir contester dans les aires les centraux du Real Madrid. Néanmoins, de par cette équipe totalement coupée en deux, couplée à une présence axiale aux abois, les Rojiblancos cherchaient surtout à réceptionner les seconds ballons afin d’aller de l’avant. Un pari plus que gagnant, leur unique but se calquant à sa source sur ce schéma.

Finalement, si les joueurs endossent une responsabilité importante dans cette défaillance défensive, le staff visiteur ne se manifeste exempt de tout reproche. Effectivement, pourquoi s’obstiner durant tout le match à tant s’exposer derrière quand, après la première mi-temps, il s’avérait clair que cela ne fonctionnait pas ?

Au lieu de maintenir ce bloc ni trop haut ni trop bas non plus, le Real Madrid aurait peut-être dû prendre une véritable décision afin que chaque joueur sache son rôle, et ne navigue seul selon ses envies. D’ailleurs, cette contre-pression Los Blancos efficace l’a parfaitement montrée : le problème ne résidait uniquement dans la capacité des joueurs à presser, mais bel et bien dans l’organisation de ce pressing.

Pour une défense placée remplie de failles

Toutefois, le Real Madrid n’a failli uniquement dans cet aspect du jeu, non. De la gestion des transitions rapides aux phases placées, en passant par l’agressivité, minimes se sont avérés les rayons blancs ayant transpercé ce ciel rouge et blanc de Madrid. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir prévenu. Les Rojiblancos n’ont cessé de le démontrer ces derniers temps : face aux grosses écuries, les coéquipiers de Simeone cherchent à intercepter les passes adverses afin d’exploser en contre.

Pendant que le bloc Los Blancos ronronnait balle au pied, les locaux attendaient la moindre passe négative pour sortir promptement sur le porteur de balle adverse. Des récupérations qui laissent alors place à une aptitude en transition de très haut niveau, marquée par un jeu direct vertical omniprésent que le bloc visiteurs ne parvenait généralement à contenir.

Une véritable agressivité chez l’Atlético, venant s’opposer à celle des Merengues. Certains pourtant rétorqueront que la flopée de cartons jaunes illustre le contraire, et ils auront raison. Oui, ces derniers ont été agressifs, mais dans le mauvais sens du terme. En effet, l’on ne parle ici d’une pression accrue sur le porteur de balle, d’un marquage à la culotte… Mais de déplacement fondé sur la réaction, et non sur l’anticipation. Une différence en apparence anodine, apparaissant en réalité comme le chéneau principal de cet état d’esprit.

Les Colchoneros ont usé de leur lecture de jeu dans l’optique d’optimiser leur déplacement sur le porteur de balle, tout en ne se livrant pas totalement. À contrario, les coéquipiers de Bellingham avaient tendance à se jeter, offrant, au mieux, une possibilité de décalage pour les attaquants adverses et, au pire, une faute grossière plus ou moins proche de leur cage.

Enfin, si les Rojiblancos ne parvenaient à se créer une occasion dangereuse après tous ces cadeaux, ce grand prince vêtu de blanc offrait un dernier présent à son voisin de la capitale. Son nom ? Espace. Car oui, ces carences défensives sont venues s’implanter même jusqu’au stade des défenses placées, ce bloc dense détenant deux brèches principales.


D’une part, la couverture des ailes couplée à celle du demi-espace, le tout saupoudré d’une absence cruelle d’automatisme entre centraux et latéraux, s’avérant rédhibitoire. Il ne restait plus qu’aux ailiers à la tunique rayée de déborder, avant d’ajuster tranquillement un centre premier poteau au cœur de ce no man’s land de la dernière ligne blanche. D’ailleurs, il ne s’agit pas ici uniquement de la description de l’unique but Colchoneros, mais bien de leur schéma offensif préférentiel qui n’a cessé de fonctionner au fil des minutes.

Et enfin, comme pour s’exposer une bonne fois pour toutes, le Real a totalement délaissé l’axe. Durant ces phases de jeu placées, la ligne du milieu a décidé de fusionner avec son homologue de la défense pour ne faire plus qu’un, permettant au passage à l’Atlético de construire ses offensives sans être véritablement gêné. Décalages, intervalles, frappes de loin…

Les possibilités se recelaient dès lors multipliées pour les hommes de Simeone qui concluaient presque chacune de leurs incursions par une franche occasion de golazo. Finalement, un manque de réalisme, mélangé à un Courtois des grands soirs, aura permis à la Casa Blanca de tenir jusqu’aux pénaltys. Mais attention ! Cette qualification ne doit pas se transformer en un immense arbre camouflant cette forêt d’erreurs tactiques.

Cet article est sponsorisé par @geosporitique, un podcast qui mélange grande histoire du sport et géopolitique. Retrouvez le premier épisode de sa nouvelle série sur la Coupe du monde 1974 dès samedi.

 

Alexis Gallot

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